Heinz Locher, vous prévoyez de gros problèmes pour le secteur de l'accueil lorsque la génération des baby-boomers arrivera à l'âge de la retraite. Pourquoi donc?
La politique a raté l'évolution démographique et tente maintenant de résoudre avant tout les problèmes actuels avec une politique de pansement au lieu de planifier l'avenir. Le marché des soins aux personnes âgées devrait être réglementé et contrôlé de manière plus professionnelle.
Concrètement, qu'est-ce qui ne va pas?
Aujourd'hui, la plupart des entreprises n'engagent leurs employés qu'à l'heure et sur appel. Cela signifie que le système est basé sur l'exploitation. Juridiquement, ces entreprises sont considérées comme des entreprises de location de services, comme les services d'escortes par exemple. Il s'agit là d'un abus grossier qui conduit à des rapports de travail précaires.
Dans quelle mesure?
Il y a actuellement des dizaines de milliers de personnes formées, que j'appelle par hérésie une armée de réserve, qui restent à la maison ou font d'autres boulots en se disant: «Je ne travaillerai certainement pas pour cet argent dans le secteur de l'accompagnement ou des soins.» Le secteur devrait remédier à cette situation au plus vite.
Quelles solutions proposez-vous?
Premièrement, nous devons mieux former le personnel d'assistance afin d'exploiter pleinement son potentiel. Deuxièmement, nous devons mieux traiter les assistants, en leur versant un salaire mensuel fixe et alimentant leurs caisses de retraite.
Selon vous, il faudrait davantage d'encadrement à l'avenir, mais pas davantage de foyers. Pourquoi?
Il faut absolument que les baby-boomers qui arrivent maintenant à l'âge de la retraite n'inondent pas le système de santé, mais qu'ils n'en aient besoin que ponctuellement, là où c'est nécessaire.
Qui doit payer pour ces mesures? Les frais de prise en charge sont aujourd'hui à la charge de ceux qui y ont recours.
Je pense que la prise en charge au niveau cantonal doit être rendue abordable pour tous via les prestations complémentaires, les réductions de primes et les déductions fiscales. Les seniors conservent leur pouvoir d'achat pour financer la prise en charge, par exemple. Et pour le système, c'est globalement plus avantageux.