Rencard par Zoom, test rapide avant les retrouvailles, discussion sur le statut vaccinal… Depuis l’arrivée du coronavirus, les célibataires ont dû faire face à de nombreuses embûches dans leur quête de l’âme sœur. La fermeture temporaire des cafés, des bars et des boîtes de nuit n’a pas simplifié les choses. Comme alternative, de nombreuses personnes se sont tournées vers les sites et les applications de rencontre. Déjà populaires avant la pandémie, ces plateformes ont connu un véritable essor depuis le printemps 2020.
Certains portails se spécialisent pour répondre à la demande d’un groupe d’intérêt spécifique: fans de la culture geek, végétariens, amateurs de littérature ou globe-trotteurs… Maintenant, il existe aussi un canal de la messagerie Telegram dédié aux rencontres pour les… non-vaccinés. «Ungeimpfte Singles Schweiz» (en français: «Célibataires non vaccinés Suisse») compte plus de 1200 abonnés et presque autant d’annonces. Le canal est majoritairement fréquenté par des Alémaniques. L’équivalent romand ne semble pas avoir (encore) rencontré autant de succès, avec moins de 10 abonnés.
«Bonjour cher résistant»
La procédure est simple: les personnes intéressées créent une annonce avec un petit descriptif et, si possible, une photo. L’administrateur met en ligne ces annonces, en y ajoutant un numéro. Lorsqu’un non-vacciné découvre un profil qui lui plaît, il lui suffit d’envoyer le numéro de l’annonce et son message à l’administrateur qui servira de messager: «Avec un peu de chance et dépendant de l’originalité de ton message, la personne avec le code correspondant te contactera alors sur Telegram et le flirt pourra commencer.»
Les premières annonces donnent le ton: «Hallo lieber Widerstandskämpfer» («Bonjour cher résistant»), salue une utilisatrice. «Mis Motto bi dere Plandemia: Ich mach da nöd mit!» («Ma devise avec cette pandémie: je ne participe pas à ça!»), renchérit un autre.
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Un politicien UDC argovien
Parmi les cœurs esseulés du canal «Ungeimpfte Singles Schweiz», on trouve même quelques figures connues, comme par exemple le politicien Naveen Hofstetter, 39 ans. Il fait partie de la direction de l’UDC argovienne. Il confirme à Blick que son annonce est bien authentique: «Oui, c’est bien moi. J’assume le fait que mon profil y figure.»
Le profil montre une photo de l’Argovien. En dessous, on peut lire: «Naveen de Rothrist, 39 ans». Le politicien raconte avoir créé son profil il y a quelques jours: «Je l’ai fait sur la base de la recommandation d’une collègue. Après notre discussion, je voulais voir comment cela se présentait.» Il n’a pas d’autres «arrière-pensées». Il explique ne pas avoir le temps d’être actif sur le canal.
Robin Spiri, nemesis d’Alain Berset
Le coronasceptique Robin Spiri, 30 ans, est lui aussi présent sur la plateforme de rencontre sur Telelgram. L’activiste thurgovien avait récemment fait la une des journaux pour avoir appelé et menacé le conseiller fédéral Alain Berset sur son numéro privé au début du mois de novembre.
Il déclare à Blick que son profil sur «Ungeimpfte Singles Schweiz» n’est pas un faux. «J’ai créé mon annonce parce que je voulais soutenir publiquement l’administrateur, à visage découvert. Je trouve que ce canal est une bonne chose. Grâce à lui, même les personnes non vaccinées peuvent se rencontrer.»
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Robin Spiri explique qu’il fait même de la publicité pour le groupe sur son propre canal Telegram. Il ne souhaite toutefois pas révéler s’il cherche vraiment à faire des rencontres sentimentales.
Chrigi Rüegg, dresseur de chiens zurichois
Sur le canal, on retrouve également une photo du dresseur de chiens zurichois Chrigi Rüegg, 55 ans. Sur la photo, on y voit le coronasceptique vêtu d’un pull des Freiheitstrychler, un groupe qui s’oppose aux mesures sanitaires. Il dément avoir créé l’annonce: «C’est un faux. Je n’ai jamais entendu parler de ce canal ni de ce profil qui utilise mon identité», déclare-t-il à Blick.
Il explique ne pas avoir besoin de se rendre sur de telles plateformes. «Quelqu’un s’est manifestement permis une mauvaise plaisanterie», se fâche-t-il. Chrigi Rüegg corrige les intérêts listés dans la description: «Je suis journaliste – et non pas journaliste amateur.» «Chiens» est également trop peu précis pour décrire son occupation: «Mon métier est conseiller en comportement canin», souligne le Zurichois.
(Adaptation par Jessica Chautems)