À quelques jours des élections cantonales vaudoises, c’est une information qui tombe mal pour la conseillère d’État socialiste Cesla Amarelle. Probablement pour couper court aux rumeurs qui commençaient à circuler, le bureau d’information de l’État de Vaud a annoncé ce mercredi matin qu’une plainte pénale avait été déposée à l’encontre de la magistrate sortante.
La raison? La ministre de la Formation et de la Culture glisse quelques informations à Blick. «Des personnes se sont confiées à moi lors d’une séance de travail», amorce l'Yverdonnoise, qui a demandé aujourd’hui en séance du Conseil d’État la levée de son secret professionnel afin de pouvoir donner «des éléments de contexte».
«Brutalité», «dénigrement» et «comportements déplacés»
«Ces témoignages faisaient état de brutalité, de dénigrement et comportements inappropriés, reprend-elle. J’ai été ébranlée par ce qui m’a été dit, la souffrance exprimée ne m’a pas laissée indifférente.» La conseillère d’État n’en dira pas davantage sur les faits en question. «J’ai été déliée de mon secret de fonction mais la partie plaignante doit aussi être respectée, justifie-t-elle. Je peux toutefois exprimer que j’ai une tolérance zéro pour ce type de problème, tout comme le Conseil d’État.»
Dans ce contexte émotionnel, Cesla Amarelle raconte avoir répété ces allégations durant une autre séance de travail, qui avait justement pour but «d’aplanir les tensions et de retrouver un climat de travail serein». Elle dit ne pas pouvoir révéler qui était présent à cette réunion, ni quand elle s’est déroulée. «Sans reprendre les différents propos à mon compte, je les ai rapportés afin d’illustrer la situation dégradée dans laquelle nous nous trouvions, assure-t-elle. Or, une personne présente s’est sentie atteinte dans son honneur et a donc déposé une plainte.»
Regrets mais devoir accompli
Parce que les accusations de brutalité, de dénigrement et de comportements inappropriés la visaient personnellement? «Je ne peux pas répondre à cette question», rétorque-t-elle. Plus globalement, a-t-elle le sentiment d’avoir agi correctement? «J’ai des regrets, car mes propos ont visiblement blessé une personne alors que mon intention était de régler les problèmes. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait mon travail, au regard de la responsabilité qui est la mienne.»
N’a-t-elle cependant pas l’impression d’avoir été trop interventionniste, puisque les personnes impliquées ne dépendent pas hiérarchiquement de son département? Non, absolument pas, appuie-t-elle en substance: «Après avoir été sollicitée, je ne pouvais pas ignorer les plaintes ni la souffrance qui m’avaient été rapportées.»
Que fera le Bureau du Grand Conseil?
Récapitulons. Nul ne sait quels sont les propos exacts incriminés ni quand ils ont été proférés. Pour l’heure, impossible non plus de savoir qui les a entendus. Sollicitée par Blick, l’avocate de la partie plaignante ne livre aucun commentaire.
Un silence intriguant, qui s’explique peut-être par le fait que la plainte est maintenant dans les mains du Bureau du Grand Conseil. «Conformément à l’article 18 de la loi d’introduction du Code de procédure pénale suisse, c’est en effet au Bureau du Grand Conseil de décider souverainement s’il y a lieu d’autoriser l’ouverture d’une poursuite pénale contre une ou un membre du Conseil d’État, après avoir demandé aux parties de se déterminer», rappelle le bureau d’information de l’État de Vaud.
Cesla Amarelle est-elle sereine? «Sans me positionner sur le bien-fondé ou non de la plainte, je ne m’opposerai pas à une éventuelle autorisation du Bureau du Grand Conseil, insiste-t-elle. Il est important que la justice puisse œuvrer en totale indépendance et que tout le monde puisse faire valoir ses droits.»