La règle des 2G dans le viseur
Les antivax pourrissent des restaurateurs sur les réseaux

La règle des 2G n'est pas (encore?) imposée à tous les établissements publics de Suisse. Mais des restaurateurs ont choisi de n'accepter que les vaccinés ou les guéris. Sur les réseaux sociaux, les antivax appellent à les boycotter et à pourrir leur réputation en ligne.
Publié: 13.12.2021 à 15:54 heures
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Dernière mise à jour: 13.12.2021 à 19:11 heures
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La famille Tettoni-Chappuis devant son domaine à Puidoux. De gauche à droite: Raymond, Bryan et Sébastien.
Photo: Arc en Vins
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

«Veuillez signaler tous ces établissements qui osent appliquer la [règle des] 2G»; «QUELLE HONTE 😡😡😡»; «Collabo de NAZI […]»; «à dégommer». Autant de commentaires que l’on peut lire sur un groupe Facebook privé — destiné aux opposants aux mesures sanitaires — et sobrement intitulé «Assemblée des Citoyens Romands pour la Liberté».

Après leur défaite – mal digérée – lors de la votation sur la loi Covid fin novembre, les antivax et anti-pass sanitaire semblent s’être trouvé un nouveau cheval de bataille. Place au sabotage organisé. Ils se sont donné pour mission de clouer au pilori les restaurateurs qui, de leur propre chef, n’acceptent dans leurs établissements plus que les personnes vaccinées ou guéries face à la hausse exponentielle du nombre de cas Covid en Suisse.

Alors que la possibilité d’imposer la règle des 2G à l’échelle nationale est encore en consultation au niveau fédéral — jusqu’au mardi 14 décembre — certains restaurants et cafés ont d’ores et déjà choisi de l’appliquer. À l’image du patron du bar sportif La Mort Subite à La Chaux-de-Fonds… que l’on se presse donc de menacer sur la toile.

2G, 2G+, 3G: de quoi parle-t-on?

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

«On s'en souviendra», martèle cet internaute.
Photo: DR

L’étau autour des coronasceptiques se resserre de toutes parts. C’est donc sur le web et les réseaux sociaux que s’organise la riposte. Les appels à boycotter les établissements qui n’ouvrent leurs portes qu’aux possesseurs d’un certificat Covid «2G» s’y multiplient plus vite qu’un variant du Covid.

Un appel à la délation?
Photo: DR

«Une tempête d’avis négatifs sur TripAdvisor»

Pire encore: toujours sur le même groupe Facebook, certains utilisateurs appellent carrément à pourrir la réputation en ligne de ces restaurants. «Il faut mettre une tempête d’avis négatifs sur TripAdvisor et les autres plateformes», recommande vivement un internaute. Quitte à inventer des critiques de toutes pièces.

Voici la marche à suivre recommandée: «Ex: 1 étoile et dans les commentaires des trucs comme nourriture juste passable, […] hygiène médiocre. Retrouve des cheveux dans l’assiette. Etc.» Un autre coronasecptique est plus explicite encore sur la même page: «Notez tous les restos qui acceptent [la règle des 2G] afin qu’on puisse les ruiner.»

Autre suggestion: pourrir la réputation des tenanciers sur Trip Advisor.
Photo: DR

Outre les bars et les restaurants, des salles de sport ou le secteur culturel se trouvent également épinglés. Comme la salle de grimpe Le Cube, au Mont-sur-Lausanne. Après l’instauration de la règle des 2G, les avis péjoratifs n’ont pas tardé à affluer sur la page Google du lieu. Mais ceux-ci ont au moins le mérite d’être honnêtes (voir image ci-dessous).

Les commentaires négatifs et les mauvaises notent commencent à pleuvoir sur Google.
Photo: DR

«Nous n’avons pas l’infrastructure pour faire autrement»

Le domaine familial Arc-en-Vins, à Puidoux, en Lavaux, avait quant à lui opté pour l’instauration de la règle des 2G à l’occasion de ses Caves ouvertes ce samedi. Il s’agissait d’une mesure exceptionnelle: «Nous n’avions tout simplement ni l’infrastructure ni le personnel nécessaire pour faire autrement», explique le patron Bryan Tettoni dans un courriel adressé spontanément à Blick. Le magasin de la cave est toutefois resté accessible à tout un chacun, moyennant le port du masque.

Cela n’a pas empêché la déferlante d’insultes et de menaces, par mail ou téléphone cette fois, raconte-t-il au bout du fil: «Vous êtes la honte de la Suisse!»; «COLLABO!»; «vous allez le payer très cher!» S’il tente, malgré tout, de garder le sourire, il ne cache pas son épuisement face à la situation: «Avec l’arrivée du Covid, notre chiffre d’affaires a pris un gros coup. Ce genre de messages nous attriste car nous ne souhaitons pas créer de clivages. Nous nous battons simplement depuis deux ans pour la pérennité et la survie de l’entreprise», regrette le patron, amer.

Plainte pénale bientôt déposée?

Joint par Blick, Yannick Zaugg, à la tête du bar chaux-de-fonnier La Mort Subite s’indigne mais ne craint pas de perdre sa clientèle à cause de la règle des 2G – qu’il a annoncé vouloir mettre en place sur les réseaux (voir image ci-dessus): «J’assume mon choix et je ne me cache pas. J’ai fait mes recherches sur ce groupe Facebook antivax. Et l’énorme majorité des personnes qui ont appelé à boycotter mon établissement ou m’ont insulté n’habitent même pas dans ma ville! Pour l’instant, cela n’a donc pas vraiment d’impact sur la fréquentation.»

Pas de panique dans la pratique, donc. Mais ce sont les intentions qui blessent: «Au niveau personnel, je ne pense pas que je vais laisser passer toutes les insultes haineuses que j’ai reçues, confie Yannick Zaugg. Je me suis tout de même fait traiter de nazi! Je vais peut-être de faire appel à un service juridique et poursuivre les personnes concernées pour insultes et diffamation. Car tout cela prend des proportions folles!»

Le patron est fâché, certes. Mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’un recul bienvenu dans l’actuel brouhaha des débats sur les mesures Covid: «Psychologiquement, nous sommes tous affectés par deux ans de pandémie. Je comprends la frustration de ces gens, mais il y a des limites. Ce genre de discours est dangereux».

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