Le mardi 21 septembre à Berne, il est 9 heures du matin lorsque les neuf membres du comité de Gastrosuisse se réunissent dans la salle de réunion de l’Atrium 6, au Parc des Expositions à Berne, pour discuter de la suite à donner aux politiques de restrictions liées au Covid-19. Un jour qui a dû être difficile sur le mandat de sept ans du président de l’organisation, Casimir Platzer.
En décembre dernier encore, la «NZZ» louait les qualités de lobbyiste de Casimir Platzer, en mentionnant notamment son vaste réseau de contacts et sa capacité à faire campagne pour l’industrie hôtelière et gastronomique comme aucun autre avant lui. Dans les heures les plus graves de la crise sanitaire, le président de Gastrosuisse a réussi à se faire connaître et à devenir une figure de proue de la défense des intérêts des perdants de la crise.
Lorsque le Conseil fédéral a introduit l’obligation du certificat Covid dans les établissements de restauration, Casimir Platzer n’a pas hésité à tout de suite «gronder» le gouvernement et de qualifier cette décision de totalement «disproportionnée». Elle conduisait pour lui à une inégalité de traitement flagrante de la population qui était incompréhensible et injustifiable. Le problème c’est que le président de Gastrosuisse ne s’était pas rendu compte que tout le monde ne pensait pas comme lui au sein de l’organisation patronale.
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Une prise de position qui ne fait pas l’unanimité
Lorsque Casimir Platzer déclare le 8 septembre à «24 heures» qu’il ne s’est pas fait vacciner pour des raisons personnelles, les critiques fusent. La compagnie d’assurances maladie SWICA, partenaire de Gastrosuisse, prend même publiquement ses distances avec le président de l’organisation: «Casimir Platzer représente la position de son association dans ses apparitions en tant que président de Gastrosuisse. Sa position sur cette question n’est pas conforme à celle de SWICA».
Les envolées de Casimir Platzer ne sont plus vraiment aussi bien accueillies qu’avant. Début septembre, Blick se demandait même si le président de Gastrosuisse continuait vraiment de représenter les intérêts de l’organisation ou si au contraire il ne parlait plus qu’en son nom propre.
Retour au Kursaal de Berne mardi 21 septembre. À 13 h 30, les représentants cantonaux de Gastrosuisse arrivent (ils sont facilement reconnaissables à leurs épingles à cravate faites de couteaux et de fourchettes dorés). Tous ne sont pas satisfaits des prises de position du président de l’organisation. Le puissant président du département zurichois de Gastrosuisse, Ernst Bachmann, met des mots sur ce que de nombreux autres pensent tout bas: la ligne actuelle du président «nuit à notre réputation. Nous devons arrêter de nous plaindre maintenant, travailler dur à nouveau et réhabiliter l’industrie».
Il n’est pas le seul à émettre des critiques. «La majorité des associations cantonales sont favorables à l’obligation du certificat Covid», déclare le président des Grisons Franz Sepp Caluori. «Après les déclarations de Casimir Platzer, de nombreux membres m’ont appelé pour me dire qu’ils préféraient quitter l’association». Ceci est confirmé par d’autres responsables de l’association en Suisse orientale. La plupart des propriétaires et des hôteliers considéraient l’obligation du certificat comme un mal nécessaire pour éviter le pire et pouvoir enfin recommencer à travailler normalement.
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Gastrosuisse rétropédale
À la suite de ces critiques, une volte-face a été rapidement opérée. Dans le communiqué de l’organisation, la critique de l’obligation de présenter le certificat Covid n’y figure plus. Gastrosuisse affirme maintenant soutenir ses membres dans l’application de cette mesure. Elle souligne également que la campagne de vaccination et de dépistage du gouvernement fédéral est un élément important de la lutte contre la pandémie. Une claque pour Casimir Platzer.
Après cette réunion les représentants cantonaux se sont montrés très réservés à l’égard du président de Gastrosuisse. Renato Pedroncelli, de Schaffhouse, admet: «Ça bouillonne dans l’association. Platzer est abattu». Il rapporte que les gens étaient gênés par le fait qu’il ne faisait que défendre sa propre opinion dans de nombreux cas.
Depuis, les choses se sont calmées autour de Casimir Platzer. Il a refusé à plusieurs reprises les demandes d’interview de «Beobachter». «Je ne suis pas le centre de l’attention, car je ne représente pas ma propre position, mais celle de l’organisation», répond-il à l’écrit.
Le président de Gastrosuisse sait qu’il se trouve maintenant dans une situation délicate. Son mandat avait été prolongé de trois ans en mai et il ne peut être démis de ses fonctions qu’en cas d’assemblée extraordinaire des délégués. Pour qu’elle soit organisée, beaucoup d’éléments doivent être réunis. D’après les experts du milieu le président actuel devrait traverser la crise, même si les élections de certaines délégations cantonales à partir du 11 octobre peuvent provoquer de nouveaux troubles.
Une crédibilité qui en a pris un coup
Ce qui est sûr, c’est que la crédibilité de Casimir Platzer a pris un coup. La plupart des scénarios catastrophe qu’il avait prédits ne se sont jamais réalisés. Il avait par exemple mis en garde à plusieurs reprises que les pubs risquaient de disparaître à cause des mesures du Confédéral et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Or, il y a eu moins de faillites dans le secteur qu’avant la pandémie.
Les données de l’Université de Saint-Gall montrent également qu’avec l’obligation du certificat Covid, le chiffre d’affaires des restaurateurs n’a pas autant diminué par rapport à ce que le président de Gastrosuisse laissait entendre.