Des restaurateurs satisfaits
La règle des 2G existe déjà en Suisse, et ça fonctionne

De plus en plus de bistrots et de restaurants n'accueillent plus que des personnes vaccinées et guéries. Ils ne regrettent pas leur décision, bien au contraire. Blick dresse un premier bilan intermédiaire de la règle des 2G, volontairement appliquée dans le secteur.
Publié: 11.12.2021 à 10:36 heures
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Dernière mise à jour: 11.12.2021 à 10:37 heures
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Le Kulm est l'un des meilleurs établissements de Saint-Moritz.
Photo: Zvg
Patrik Berger et Sarah Frattaroli

Les bistrotiers, les hôteliers et les gérants de bar ont fait quelques nuits blanches dernièrement. La faute à la règle des 2G. Comment les clients non vaccinés réagissent-ils lorsqu’ils se retrouvent soudainement devant des portes closes? Les affaires peuvent-elles encore tourner si l’on ne sert que des personnes vaccinées et/ou guéries?

Heinz Hunkeler, directeur du Kulm Hotel à Saint-Moritz (GR), a été l’un des premiers à faire le pas dans son hôtel de luxe. Les voyageurs, mais aussi le personnel, doivent être soit guéris, soit vaccinés – et pouvoir le prouver avec le certificat Covid. «Nous avons reçu des réactions tout à fait positives», confie-t-il à Blick. Beaucoup sont soulagés par la règle des 2G. «Notre clientèle, en particulier celle d’outre-mer et de l’étranger, est vaccinée ou guérie», poursuit Heinz Hunkeler.

L’hôtelier déplore à peine une poignée d’annulations. En revanche, «il est frappant de constater le nombre de demandes de réservation supplémentaires que nous avons reçues», se réjouit-il.

Tous les employés ne sont pas vaccinés

«Le problème, c’est qu’il n’y a toujours pas assez d’employés vaccinés, regrette-t-il. Cette situation renforce la pénurie de personnel qualifié préexistante». De nombreuses petites entreprises ne pourraient de fait pas passer aux 2G sans autre forme de procès. «Je pars du principe que d’autres hôtels, surtout dans le segment du luxe, vont s’y mettre», déclare quant à lui Andreas Züllig, président d’HotellerieSuisse.

Heinz Hunkeler a de la chance. Son équipe est coopérative. Sur les 340 collaborateurs, 330 sont vaccinés ou guéris. Pour les quelques exceptions, des solutions ont été trouvées, comme le travail à domicile, afin qu’ils n’entrent pas en contact avec les clients ou les autres collaborateurs. «Nous n’avons pas exercé de pression sur notre personnel», précise-t-il.

Pas de tests à répétition

Le son de cloche est tout aussi positif à l’hôtel quatre étoiles Ambassador de Zermatt (VS). L’infrastructure de l’établissement et les directives actuelles de la Confédération les ont poussés à adopter les 2G. «La gestion avec les tests PCR et les tests rapides n’était pas optimale», explique Nathalie Grisoni, à la tête de l’établissement. «Nos hôtes restent chez nous sept à dix jours pendant les vacances de sport et les fêtes». Avec les 2G, les clients et les employés n’ont pas besoin de se faire tester à chaque fois.

Presque tous auraient réagi positivement à l’introduction des 2G. «Il y a eu quelques annulations à cause de cela, confesse-t-elle, mais, aussitôt remplacées par de nouvelles réservations». Ces annulations seraient toutefois également dues à l’augmentation des cas de Covid en Suisse.

Et il n’y a pas eu de problèmes avec les employés: «Nos collaborateurs de longue date ont déjà décidé de se faire vacciner après l’hiver dernier». Ils l’étaient donc tous pour la nouvelle saison. «Les nouveaux venus suivent le mouvement et respectent cette décision», ajoute la gérante.

«Enfin, les sportifs se parlent à nouveau!»

Si l’on redescend en plaine, on y trouve par exemple Ayhan Türküm, gérant de Phoenix Fitness (AG), tout à fait rayonnant. Les 2G lui ont réussi, à lui aussi. «Personne n’a fait de réclamations. Au contraire, les clients sont heureux de pouvoir à nouveau s’entraîner sans masque, déclare-t-il. Ils apprécient que les règles soient claires, et profitent de l’entraînement sans restrictions. Les sportifs peuvent enfin à nouveau se parler!»

Il n’a pas peur d’exclure les personnes qui refusent le sérum. «Dans le centre de fitness d’à côté, les personnes non vaccinées peuvent continuer à s’entraîner». L’équipe d’Ayhan Türküm est vaccinée. «Les affaires reprennent», s’enthousiasme le sportif.

Différences entre cantons

Les 2G en l’état actuel – non-obligatoire mais applicable volontairement par les établissements – amène aussi son lot de confusion et de situations cocasses. Au club bâlois Das Viertel, par exemple, les boules de discothèque s’arrêtent de tourner le week-end. Alors qu’à côté, au club Elysia, on peut danser sans masque, un verre à la main. Entre les deux clubs, il n’y a pourtant qu’un kilomètre. Et une frontière cantonale.

Explication: Bâle-Ville est plus strict que la Confédération et maintient l’obligation de s’asseoir pour consommer et de porter un masque, même lors d’événements en 2G. Ce n’est pas le cas de Bâle-Campagne, où se trouve le club Elysia. «C’est tout de même éloigné de la réalité…, s’énerve Jean-Marc Lüthy, de l’association Kultur & Gastronomie, qui représente la vie nocturne bâloise. Ce patchwork entraîne une plus grande mobilité, car les gens se rendent dans les cantons voisins.»

Salles de spectacle

Il semble avoir raison. Le directeur et copropriétaire Valentin Aschwanden a loué une salle de spectacle de l’autre côté de la frontière cantonale. Une combine questionable? «Pas du tout! C’est un moindre mal. J’ai la responsabilité de plus de 40 collaborateurs, et si la Confédération et 25 autres cantons arrivent à la conclusion qu’une manifestation en 2G est actuellement possible, alors nous devons saisir cette opportunité», se défend-il.

Les événements à venir sont en partie complets. «Financièrement, nous ne pourrions tout simplement pas supporter une annulation – sans l’assurance d’un soutien financier de la part du canton», explique-t-il.

«Tout se passe en douceur»

Finalement, les affaires vont bien dans le bar zurichois Campo de Milan Marquard. «Pour nous, c’est aussi une question d’attitude. Nous pensons que la règle des 2G est une bonne chose. Souhaitons que cela incite les gens à se faire vacciner, espère-t-il. Tout se passe en douceur pour nous. Bien sûr, il y a des individus qui n’obtempèrent pas, mais c’est plutôt de l’ordre de l’exception». Seul un point l’agace: «Le fait que nous devions contrôler manuellement la différence entre la 2G et la 3G dans l’application est un peu pénible».

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

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