«Hôpital Riviera-Chablais (HRC), cela fait froid dans le dos. J’apprends que les soins intensifs sont proches de la saturation, essentiellement en raison de patients Covid-19 non vaccinés.» Philippe Nantermod, vice-président du Parti libéral-radical suisse (PLR) et conseiller national valaisan, a lancé un pavé dans la mare sur sa page Facebook ce mercredi.
Toujours selon l’élu, «quelques interventions non urgentes ont été repoussées, heureusement encore rares. Il faut slalomer pour organiser certaines interventions urgentes». Et cela malgré «des mesures pour augmenter les capacités autant que possible». Il rebondit: «Bref, la situation est dramatique. Et s’explique pour l’essentiel par le taux de vaccination encore trop faible. La solution est dans nos mains.»
Les hôpitaux saturent en Suisse alémanique
A priori, les allégations du Valaisan ne paraissent pas surprenantes. Avec l’explosion de cas Covid dans le pays, les hôpitaux arrivent à saturation les uns après les autres outre-Sarine. Pourtant l’institution ciblée par Philippe Nantermod ne semble pas faire la même radiographie de la situation. Et paraît même classer la description du parlementaire dans la catégorie des fake news.
«Cette information est erronée», assure Christophe Schüll, responsable de la communication au sein du HRC, dans les colonnes du «Nouvelliste». «A ce jour, il y a sept patients Covid dans le service des soins critiques, avec un taux d’occupation qui varie entre 90% et 100%. Sur ces sept patients Covid, deux sont vaccinés depuis plus de six mois.»
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L’HRC précise encore à nos confrères qu’aucune salle d’opération n’a été fermée à ce jour. «Compte tenu de l’activité importante de notre service des urgences durant les week-ends, il a été décidé de déprogrammer et reporter uniquement quelques opérations électives des patients non oncologiques et nécessitant une prise en charge post-opératoire en stationnaire de cette semaine, de mercredi, jeudi et vendredi», complète Christophe Schüll.
Pour l'HRC, ces 16 reports sur les 119 interventions prévues (13%) restent marginaux par rapport à l’ensemble de l’activité chirurgicale. «Cette mesure temporaire et limitée dans le temps n’a pour unique finalité que de nous permettre d’accueillir tous les patients qui arrivent par nos urgences dans une situation d’engorgement aigu.»
Un désaccord sémantique?
Confronté à ces propos, Philippe Nantermod bondit. «On peut débattre du terme («dramatique», ndlr.) que j’ai employé pour qualifier la situation, glisse-t-il à Blick, peut-être que j’aurais dû écrire 'inquiétant' ou 'préoccupant', que sais-je, je n’ai jamais géré d’hôpital. Mais l’établissement constate lui-même que l’occupation des soins intensifs oscille entre 90% et 100% et il indique par ailleurs que des reports d’interventions ont eu lieu pour faire face à 'une situation d’engorgement aigu'.»
Il soupire. «Au vu de ces informations, comment appeler cela autrement? Je suis outré, le discours de l’hôpital peut se résumer à: 'Tout va bien Madame la Marquise', alors qu’il devrait rappeler l’importance de la vaccination. Sur les sept personnes en soins intensifs Covid, cinq sont non vaccinées et deux ont un vaccin injecté il y a plus de 6 mois. Ce n’est pas le moment de temporiser, surtout quand les autres hôpitaux tirent la sonnette d’alarme.»
D'autres fact-checking
Une publication discrètement modifiée
Nous avons contacté l'HRC pour lui demander d'expliciter si «l’information erronée» pointée du doigt concernait exclusivement le terme «dramatique» ou si d’autres affirmations dans la publication du conseiller national ne correspondent pas à la réalité. «Nous faisions référence à l’imprécision des informations transmises dans la publication de Monsieur Nantermod», indique son service de communication, tout en maintenant les explications données au «Nouvelliste» et donc ses accusations de fake news.
«Aucune salle d’opération n’a été fermée à ce jour», insiste l'HRC. Et puis, cette indication aussi importante qu'éclairante: «A noter que Monsieur Nantermod a adapté le passage de sa publication en corrigeant les informations imprécises, ce pour quoi nous le remercions.» Vérification faite dans l’historique des modifications Facebook, le vice-président du PLR suisse a bel et bien tempéré ses premières lignes.
Nous avons confronté une nouvelle fois Philippe Nantermod. «L’hôpital m’a écrit pour que je modifie quelques points, ce que j’ai effectivement fait, confirme-t-il. Mais cela ne change rien au fond: je n’ai jamais affirmé que des salles d’opération avaient été fermées.»
Tout au plus, le libéral-radical concède des «imprécisions». «J’ai d’abord écrit que les soins intensifs étaient pleins et c’est ce que signifie un taux d’occupation qui oscille entre 90 et 100%, lance-t-il. Par contre, à la place d’écrire que 'les interventions non urgentes ont été annulées', j’aurais dû préférer 'des interventions non urgentes ont été annulées'.» Il omet encore la modification d'une autre phrase, dans laquelle des «interventions vitales» deviennent des «interventions urgentes».
Reste que le politicien n’en démord pas: «C’était un tout petit peu imprécis, certes, mais de là à dire que c’était complètement à côté de la plaque, il y a un monde. J'ai publié cela à la suite d'une information transmise de l'interne, d'une personne qui s'inquiétait de la situation. J'ai peut-être retransmis certains propos comme un laïc, mais je maintiens que l'essentiel est le même.» Il conclut: «L'HRC ferait mieux de mettre son énergie pour rappeler l’importance de la vaccination.»