Ce mercredi 14 juin, la grève féministe a résonné partout dans le pays, avec de nombreux défilés. C'était notamment le cas sur la Place fédérale à Berne, alors qu'une session parlementaire était en cours.
Les grandes manifestations devant le Palais fédéral ont pourtant été longtemps interdites les jours de session, par souci d'assurer le bon déroulement des débats et de ne pas les perturber. On se souvient par exemple que des présidents de parti avaient été dénoncés par la Ville de Berne pour une action pro-avion de combat non autorisée.
Mais en 2021, la Ville, propriétaire de la Place fédérale, a changé les règles du jeu. Désormais, les manifestations sont aussi possibles pendant les sessions, si les autorités locales les jugent appropriées. L'origine de ce changement remonte à l'automne 2020, lorsque des jeunes activistes du climat ont occupé la place sans autorisation. Le Parlement s'était alors retrouvé bien emprunté. Les présidents du Conseil national et du Conseil des États ont exigé que la Ville fasse évacuer les manifestants, mais celle-ci a fait la sourde oreille et a laissé agir les jeunes activistes du climat.
La Confédération doit «faire régner l'ordre et la loi»
Après la grève des femmes, la coupe est pleine pour Christian Imark. Par le biais d'une initiative parlementaire, l'UDC soleurois demande au Conseil fédéral d'entamer des négociations avec la ville de Berne. Il estime que la Confédération doit lui acheter la Place fédérale. Elle pourrait alors y faire régner l'ordre et la loi, dit-il.
Si un tel achat n'est pas possible, le gouvernement fédéral doit au moins trouver une réglementation avec la Ville pour une utilisation de la Place fédérale qui «tienne compte de manière appropriée du bon fonctionnement des conseils et de la sécurité des parlementaires».
Christian Imark craint également que la municipalité bernoise, à majorité gauche-verte, n'influence l'agenda politique national en laissant libre cours aux protestations pendant les sessions. Selon lui, la Place fédérale est particulièrement convoitée par des organisations de toutes sortes pour des actions visant à attirer l'attention nationale, voire internationale, lorsque les débats ont lieu.
Un «risque latent d'abus politique»
Christian Imark estime que l'utilisation de la place doit tenir compte des rapports de force politiques du pays, «et non de la composition d'un gouvernement local». Le chef du groupe parlementaire de l'UDC, Thomas Aeschi, a lui aussi accusé la Ville de Berne de biais idéologique lors des actions pour le climat: «La Ville ferme les yeux sur les revendications de gauche, mais elle examine de près et inflige des amendes à celles de droite.» Il fait ainsi référence au fait que son propre parti s'est vu refuser sa demande de manifestation sur l'initiative de limitation de circulation des personnes.
Christian Imark met quant à lui en garde: aujourd'hui, il existe un risque latent d'abus politique et de décisions arbitraires. Il estime que la sécurité des parlementaires est de plus en plus laissée au hasard en raison d'un activisme croissant sur la Place fédérale. «Il est donc du devoir de la Confédération de veiller à ce que l'utilisation de la place fasse l'objet d'une réglementation équitable et politiquement équilibrée pour toutes les parties», juge-t-il.
L'UDC n'en est pas à sa première tentative. Lors de précédentes manifestations sur la place, Christian Imark avait même déposé une motion visant à faire exproprier la Ville de Berne, de sorte que la Confédération reprenne le site. Mais celle-ci n'a jamais été soumise au vote. Après deux ans, elle a été classée sans suite.
Le Soleurois souhaite désormais passer à la vitesse supérieure en utilisant l'instrument de l'initiative parlementaire. Cela lui permet de contourner le Conseil fédéral. Reste à savoir s'il aura pour autant plus de succès.