Qui a peur de la vague violette du 14 juin? Les hommes romands, apparemment. 62% d'entre eux pensent que les féministes les détestent, d'après les résultats de notre sondage.
À l'heure de la cinquième édition consécutive de la grève féministe, Blick a sollicité votre avis. On entend parfois dire, aujourd'hui, que les militantes pour les droits des femmes détestent les hommes. Partagez-vous cette opinion?
La plupart des Romands ont en effet répondu par l'affirmative. Et cette donnée sonne presque comme une déclaration de guerre des genres, dans ce contexte. Puisque, dans le même sondage, la majorité des Romandes (58%) ont, quant à elles, affirmé être féministes.
Pour faire la lumière sur ces chiffres, nous avons sollicité un expert, le chargé de cours en études genre à l'UNIL Sébastien Chauvin, ainsi que des politiques. Et donné la parole à trois membres du collectif lausannois de la grève. Alors, pourquoi les hommes craignent-ils celles qui luttent pour leurs droits?
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Ce sondage a été réalisé via des questionnaires en ligne, auprès du panel de l'institut de sondage MIS Trend ainsi que par l'intermédiaire des plateformes de Blick. 1'979 Romandes et Romands de plus de 18 ans y ont répondu du 24 au 31 mai 2023 (voir l'encadré méthodologique en fin d'article).
Les hommes détestent les critiques?
Ici, l'écart entre les genres est bien réel. Là où 63% des femmes disent «pas vraiment» ou «pas du tout» penser que les féministes détestent les hommes, ces derniers sont de fait 62% à penser que les féministes les détestent.
Face à ces chiffres, notre expert Sébastien Chauvin ironise: «Ce n’est pas que les femmes détestent les hommes, mais que les hommes détestent les critiques! Et les interprètent comme des signes de détestation.»
Le chercheur d'ajouter que, si les féministes ont bien l'air en colère, parfois, les hommes auraient tort de prendre leur ras-le-bol personnellement. Pour lui, le problème, c'est le système: «Si un groupe jouit de privilèges, accapare les postes de pouvoir et infériorise systématiquement un autre groupe, on peut comprendre que le constat de ces injustices se traduise dans des sentiments négatifs comme la colère, la révolte ou la lassitude. Faire de ces sentiments de simples symptômes d’une animosité individuelle, ce serait manquer leur caractère politique...»
Le collectif de la grève n'y croit pas
Invitées à réagir, les trois membres du collectif de la grève féministe lausannois Vanessa Monney, Lucile Quéré et Michela Bovolenta pensent que les hommes ne détestent pas vraiment les féministes.... mais que la question aurait été mal posée.
Elles se montrent plutôt sceptiques: «Nous sommes très étonnées que la question ait été posée de cette manière… Comme si le fait que les féministes puissent détester les hommes est un fait social avéré, alors que ce n’est pas le cas. C’est juste un lieu commun du discours antiféministe.»
Et elles refusent de généraliser, sachant que «des hommes ont, depuis toujours et à travers le monde, défendu et soutenu les revendications féministes.» À commencer par ceux qui, chaque année, soutiennent l’organisation de la Grève du 14 juin.
Les politique de droite n'y croient pas non plus...
Peu commun, mais vrai: le collectif de la grève est, sur ce point, (un peu) rejoint par un jeune homme de la droite agrarienne. Plus précisément Jonathan Magnin, président des jeunes UDC Genève, que nous avons également contacté.
Lui aussi a de la peine à le croire, lorsqu'il lit nos résultats: «Si 62% des hommes considèrent que les féministes les détestent, cela ne signifie pas pour autant que c’est forcément vrai. Bien au contraire, je pense que les hommes et les femmes s'aiment, se désirent et se complètent mutuellement.»
Pour lui, ce genre de données sont à imputer à la polarisation de nos sociétés: «Mais les réseaux sociaux, notamment, amplifient énormément les messages clivants, porteurs de frustration et de ressentiment. Comme les hommes voient ces contenus (ndlr: liés au féminisme militant) en ligne, il est facile pour eux de croire que les féministes les détestent. Et le phénomène inverse, avec les masculinistes, est aussi vrai. Si cela continue comme ça, peut-être que les hommes et les femmes finiront vraiment par se détester… Alors que, au fond, on souhaite simplement toutes et tous être aimés.»
Sa consœur de parti, la présidente des jeunes UDC Vaud Emmylou Maillard-Ziehli, est plus catégorique. Le sentiment des romands d'être méprisé par les féministe de l'étonne pas. Elle étaie: «Ces mouvements caricaturent beaucoup les hommes aujourd’hui. Et, de manière générale, je pense qu’il est devenu difficile pour un homme de naviguer dans la société aujourd’hui. Tout devient du sexisme, ils n’ont plus aucune marge de manœuvre.»
Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.
L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.
Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.
L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.