Manque de volonté
Des familles d'accueil suisses en ont assez des réfugiés ukrainiens

La volonté des particuliers d'accueillir des réfugiés ukrainiens commence à s'effriter. Certains cantons misent plutôt sur des solutions étatiques à moyen terme. La Confédération et les cantons insistent sur la nécessité d'une discussion sur l'avenir du statut S.
Publié: 14.07.2022 à 14:19 heures
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Dernière mise à jour: 14.07.2022 à 14:50 heures
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Plus de la moitié des quelque 60'000 réfugiés ukrainiens en Suisse sont actuellement hébergés chez des particuliers. (Image d'illustration)
Photo: Keystone
Blick /ATS

Plus de la moitié des quelque 60’000 réfugiés ukrainiens présents en Suisse sont actuellement hébergés chez des particuliers. De nombreuses familles d’accueil les logent depuis plus longtemps que prévu. Selon les prévisions du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), il faut s’attendre à ce que le nombre de réfugiés ukrainiens en Suisse augmente jusqu’à 80’000 voire 120’000 d’ici fin octobre.

Certains cantons ne sont pas très sûrs que l’hébergement chez des privés soit une solution durable au-delà de quelques mois, rapporte la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’action sociale (CDAS) à Keystone-ATS.

Toujours plus de réfugiés replacés

Afin d’éviter que des familles ne soient relocalisées et que des enfants doivent changer d’école, certains cantons se tournent vers leurs propres structures, à savoir des appartements ou des structures collectives comme des EMS et des auberges de jeunesse. «Les expériences faites jusqu’à présent ont montré dans certains cantons que l’hébergement privé est plutôt bien adapté dans le sens d’une solution transitoire, mais qu’à moyen terme, d’autres solutions, étatiques, doivent être trouvées.»

Une enquête a montré que jusqu’à présent, entre 5 et 10% des personnes en fuite hébergées dans le privé ont été replacées dans des structures cantonales et communales, a déclaré la secrétaire générale de la CDAS Gaby Szöllösy à la «Neue Zürcher Zeitung». L’on s’attend à ce que ces chiffres augmentent encore davantage dans un avenir proche.

On sent «une certaine inquiétude»

À Zurich, 90% des quelque 2000 personnes bénéficiant actuellement du statut de protection S sont hébergées dans le secteur privé, comme l’ont également indiqué les autorités locales mardi. Des planifications pour un hébergement à plus long terme sont en cours, des villages de conteneurs sont également envisagés.

Dans plusieurs familles d’accueil, on ressent «une certaine agitation», rapporte Jörg Kündig, président de l’association des présidents de communes zurichoises, devant les médias. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) observe également des «signes de fatigue».

Interrogé à ce sujet, le Département fédéral de justice et police (DFJP) souligne que l’hébergement des personnes en quête de protection relève de la responsabilité des cantons, et ce, même lorsqu’un hébergement privé n’est plus possible. Selon lui, la grande solidarité de la population suisse est impressionnante. «La Confédération remercie les hôtes privés pour leur engagement.»

En ce qui concerne la demande du canton de Zurich que la Confédération élabore un plan d’hébergement d’urgence avant l’hiver, la CDAS précise qu’elle souhaite discuter plus en détail de cette question avec la Confédération. Le Secrétariat d’État aux migrations se coordonne étroitement avec les autres services fédéraux concernés ainsi qu’avec les cantons, les villes et les communes afin d’élaborer des solutions communes et acceptables à cet égard, explique le DFJP.

Dans ce contexte, il rappelle que la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a chargé l’ancien commandant de la police cantonale zurichoise, Thomas Würgler, d’élaborer des scénarios concernant les mouvements de fuite vers la Suisse. Ceci dans le but d’augmenter la prévisibilité pour la Confédération, les cantons, les villes et les communes.

Les cantons veulent plus de visibilité

Le DFJP rappelle en outre que les cantons peuvent faire part de leurs exigences dans le cadre de l’organe d’échange SONAS, l'État-major spécial Asile (l’organe de conduite politico-stratégique de la Confédération chargé de gérer les situations particulières et extraordinaires dans le domaine de l’asile et de l’immigration) qui se réunit régulièrement. Des solutions communes y seront élaborées.

Comme le statut de protection S expire en mars 2023, les autorités zurichoises estiment qu’il est nécessaire de savoir clairement d’ici la fin de l’année comment les choses vont évoluer. «La CDAS souhaite approfondir le plus rapidement possible avec la Confédération la question du maintien ou de la suppression du statut S», indique-t-on à ce sujet du côté des directeurs des affaires sociales.

Le DFJP précise qu’à l’heure actuelle, la poursuite des hostilités en Ukraine ne permet pas de prévoir de manière fiable quand le statut de protection pourrait être levé et quand un retour des réfugiés en Ukraine pourrait être encouragé. Le SEM suit toutefois de près l’évolution du conflit. «Si la situation en Ukraine devait se modifier fondamentalement, des adaptations du statut de protection en Suisse seraient possibles – en tenant compte également des développements au niveau de l’Union européenne.»

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