Dans une interview accordée à Blick, l'ambassadeur ukrainien en Suisse, Artem Rybchenko, le déplorait: «Beaucoup d'argent est actuellement collecté par différentes organisations pour l'Ukraine. Mais nous ne savons pas ce qu'il en advient.» Selon lui, il faut définir précisément où va l'argent de l'aide collectée. «Pour cela, il faut de la transparence, également de la part des organisations d'aide», assurait-il.
Ce constat n'est pas infondé. Car malgré des dons records pour l'Ukraine, les œuvres d'entraide suisses n'ont pu investir qu'une fraction des fonds collectés dans le pays en guerre. C'est du moins ce que révèle une enquête menée par la «Sonntagszeitung» auprès de plusieurs œuvres de bienfaisance.
Seulement 30 des 185 millions dépensés
Au total, un peu plus de 285 millions de francs ont déjà été donnés pour l'Ukraine en Suisse. La Chaîne du Bonheur, la Croix-Rouge suisse, Caritas et Helvetas ont déjà récolté 185 millions de francs, mais seuls 23 millions ont été directement dépensés en Ukraine. A cela s'ajoutent 7 millions de francs qui ont été utilisés pour l'aide aux pays voisins et aux réfugiés en Suisse. Au total, seuls 30 millions de francs ont donc été utilisés. Soit environ un sixième des dons.
A la Chaîne du Bonheur, outre les risques sécuritaires, on assure que les capacités des organisations partenaires en Ukraine représentent également un défi. Il est difficile de recruter suffisamment de personnel qualifié sur place, «car de nombreuses personnes ont fui». Toutefois, des projets existent bel et bien, comme a pu le constater Blick en Ukraine.
Selon ses propres indications, la Croix-Rouge, elle, prévoit de s'engager dans le pays en guerre au moins jusqu'en 2025.
Le gouvernement a sa propre plateforme de dons
L'ambassadeur ukrainien formule quant à lui un souhait particulier pour les donateurs: «Si vous voulez aider l'Ukraine, donnez l'argent directement aux projets de reconstruction! Nous en avons besoin maintenant, car c'est aujourd'hui qu'il faut reconstruire notre pays.»
Le gouvernement ukrainien a même mis en place sa propre plateforme de dons, nommée United24. L'ambassadeur le promet: «Il y aura une traçabilité précise de ce qui est fait avec l'argent.»
(Adaptation par Thibault Gilgen)