Un cortège d’ultras qui fait des dégâts, des habitants excédés… et des élus qui poussent un coup de gueule. En marge du derby lémanique de ce dimanche 3 novembre entre le Lausanne-Sport et le Servette FC, l’histoire s’est répétée.
Lundi, le témoignage dans Blick d’une Lausannoise – terrifiée par «l’ambiance de guerre» dans sa rue – a fait réagir le conseiller communal des Vert-e-s Ilias Panchard. Quitte à se «faire insulter», l’écolo engagé contre le hooliganisme appelle ce lundi sur X à une réelle répression policière pour l’exemple, histoire de calmer «tous les ultras du pays».
La Muni aurait «lâché l’affaire»
Contacté, Ilias Panchard annonce avoir déposé – en compagnie de son camarade de parti Valéry Beaud – une interpellation urgente en ce sens pour la séance du Conseil communal (législatif) de Lausanne de ce mardi 5 novembre. «La Municipalité a lâché l’affaire et abandonne la population lausannoise, assène l’élu de la capitale olympique avant de pointer du doigt les responsables. Pierre-Antoine Hildbrand à la sécurité, Emilie Moeschler au sport et le syndic Grégoire Junod, personne ne semble vraiment vouloir agir.»
Pour lui, les cortèges d’ultras qui débarquent à Lausanne lors des gros matchs inquiètent la population, en particulier sur le trajet entre la gare et le stade de la Tuilière. «Beaucoup de gens ont été insultés, voire menacés par les ultras, affirme l’écologiste. Et si quelqu’un a le malheur de prendre une photo, il peut se faire détruire son appareil.» Sa plus grande peur? «C’est qu’un jour, quelqu’un se fasse vraiment péter la gueule.»
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La population des quartiers du nord de la ville (Pontaise, Plaines-du-Loup) a déjà fait part de son irritation dans une pétition signée par près de 1000 personnes. Les interruptions des transports publics lors des matchs les pousseraient à s’adapter, déplore Ilias Panchard: «Les gens partent de Lausanne ou restent cloîtrés chez eux, et s’ils doivent prendre le bus, ils descendent à pied.»
Un Vert pour plus de répression policière
Même s’il ne se décrit pas comme un partisan de la répression «à la Gérald Darmanin», Ilias Panchard dénonce clairement la mollesse des autorités lausannoises face aux ultras. «Le camion à eau qui accompagne les ultras n’a jamais servi à rien. Les motards et les gros bras de la police sont là pour la déco», commence à lister le Vert.
Il préconise une réaction plus ferme: «Au moindre dégât, il faudrait une bonne fois pour toutes asperger ce petit monde, effectuer des fouilles, confisquer les engins pyrotechniques et dénoncer pénalement les fauteurs de troubles.» En ce sens, c’est tout particulièrement au municipal libéral-radical (PLR) chargé de la sécurité qu’Ilias Panchard a des reproches de lenteur à faire.
«Pour Pierre-Antoine Hildbrand, il faut des réglementations claires au niveau national, cible le jeune élu lausannois. J’entends, mais s’il n’y a jamais aucune intervention policière, c’est comme s’il n’y a pas de problème.» Et d’ajouter, toujours à l’adresse du PLR: «Un chef, c’est fait pour cheffer.»
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Au-delà de la répression, il se verrait bien proposer une tout autre tactique: «Si j’avais été à la Municipalité, je serais venu au stade pour observer le dispositif, analyser la situation et discuter avec le club. J’aurais même accompagné le cortège et la police à l’aller et au retour pour donner des consignes claires.»
Prochain match à huis clos?
Ilias Panchard entend bien poser à la Municipalité la question du coût et des consignes données aux forces de l’ordre les jours de match. Il ne décolère pas: «Un ex-gendarme m’avait expliqué qu’en dessous de 100’000 francs de dégâts, il y avait la consigne de ne pas intervenir. Peut-être que la police attend que ce soit un magasin, une banque ou carrément les barrières du pont Chauderon qui soient détruites, je ne sais pas.»
Le prochain match à domicile du Lausanne-Sport, c’est le samedi 23 novembre face à Sion. Un nouveau derby qui pourrait s’avérer tendu. Pour le conseiller communal écolo, «en cas de risque avéré de trouble à l’ordre public, la Municipalité doit annoncer que le prochain match se déroulera à huis clos». Un match sans fans, c’est une mesure forte et collective qui l’attristerait «en tant que supporter de foot».
D’ordinaire critique des forces de police, il assure prendre leur parti dans cette affaire. «J’ai la sensation que la police est laissée à elle-même et manque de consignes claires, suppose Ilias Panchard. Leur seul but semble être de limiter les dégâts trop importants et d’accompagner le cortège sans rien oser dire ou faire.»
Toutes ces critiques, il compte en faire part lors de la séance du Conseil communal ce mardi. Son interpellation urgente pourrait bien n’avoir qu’un impact minime, sans mobilisation générale sur la question. C’est pourquoi l’élu vert en appelle depuis des mois à des «assises du hooliganisme à Lausanne», réunissant les autorités communales tous partis confondus, les clubs et le Canton.