Tourner autour du pot, c'est terminé. Pour Louis Dana, conseiller communal (législatif) socialiste lausannois, et son homologue des Vert-e-s Ilias Panchard, le match de ce samedi 13 avril qui opposait le Lausanne-Sport à Zurich est l’occasion de faire un bilan de l’année écoulée et d'agir en conséquence. Aux yeux de ces élus qui ont leurs habitudes au stade de la Tuilière, il n’est pas reluisant, assènent-ils à Blick. C’est le moins que l’on puisse dire.
Cette fois, ce qui intéresse les deux figures de la gauche de la capitale cantonale n’est pas tant ce qu’il s’est passé sur la pelouse, mais en dehors. «Avec trois clubs vaudois en Super League, dont deux à Lausanne, je m’attendais à un impact sur les infrastructures et la population, amorce Ilias Panchard. Je n’ai pas été déçu…»
Selon l’écolo, avec désormais un match au plus haut niveau chaque week-end dans les murs de la ville, c’est toute une chaîne de désagréments qu’il faut supporter. «Le problème fondamental? Les cortèges d’ultras à travers le centre-ville, entre la gare et les stades, développe Ilias Panchard. Cela signifie très concrètement que, pendant que quelques dizaines d’individus se donnent le droit de marcher sur la route, des dizaines de milliers de personnes se trouvent privées de transports publics et de leur véhicule, et se retrouvent ainsi coupées du reste de la ville pendant des heures.»
Les cortèges dans le viseur
Une situation que pointe également Louis Dana, dont la première intervention en plénum sur la question remonte à… sept ans. «C’est intolérable, tonne-t-il. Cela fâche tout le monde, à commencer par les habitants qui vivent sur le tracé concerné. Mais aussi les commerçants, les forces de l’ordre et même l’énorme majorité des supporters — qui se comporte bien — qui n’a par conséquent pas de bus pour se déplacer.»
Toujours à propos des cortèges, l’élu du parti à la rose avoue ne jamais avoir compris pourquoi ils étaient tolérés par les pouvoirs publics: «Il n’y a aucune demande d’autorisation, on fonctionne complètement hors des clous.» Il peste: «Cela relève de la police municipale et de la police cantonale.» Que faire, alors? «La Ville aurait un levier radical, une vraie punition collective que je ne souhaite cependant pas, souligne Louis Dana. Je parle d’une interdiction pure et dure du match. Mais, avant d’en arriver là, il y a d’autres solutions.»
À l’instar de son collègue, Ilias Panchard évoque la piste des billets nominatifs. Une mesure souhaitée par la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) contrairement à la Swiss Football League (SFL) qui juge cet outil inutile, voire contreproductif. «Oui, mettre en place des billets nominatifs pose des questions en termes de protection des données et de bureaucratie, mais je suis convaincu que cela va dans le bon sens, appuie le Vert. Toutefois, le souhait des autorités marque le début d’un long parcours: on n’en verra pas la couleur avant 18 mois. La Ville doit donc à tout prix agir dans l’intervalle.»
Louis Dana revient avec l’idée qu’il défendait déjà dans son postulat de 2017: contraindre les ultras à se déplacer en car. «Les essais n’avaient pas été concluants parce que les véhicules avaient été dégradés par les ultras, se souvient-il. On pourrait néanmoins revoir cette offre, avec un modèle sur la base d’un 'qui casse paie'.»
Les ultras, importants malgré tout?
Le président du groupe socialiste à l’organe délibérant lausannois estime que «la balle est principalement dans le camp de la SFL et des clubs». «Ils doivent prendre conscience de toutes les nuisances et fortement les faire diminuer», glisse-t-il.
Il prend un peu de hauteur: «Quand on aime le foot, bien sûr que les ultras amènent quelque chose à l’ambiance et au spectacle. Un travail de longue haleine nous attend pour que cela se fasse conformément au cadre. Il faut, maintenant, vraiment se saisir de la problématique. Sinon, nous arriverons au point de non-retour où la population espérera que nos clubs soient relégués pour avoir la paix.»
Le coprésident des Vert-e-s du chef-lieu vaudois va dans ce sens: «J’appelle à ce que tous les responsables politiques, au Conseil communal et à la Municipalité, se réunissent lors d’une table ronde durant l’été. Nous devons impérativement trouver des solutions concrètes d’ici à la rentrée. Impossible d’imaginer repartir sur une saison comme celle-ci.» À voir si cette bouteille à la mer restera un vœu pieux.