Le calvaire d’une Romande est au cœur de la prise d’otages du 8 février dans un train vers Yverdon-les-Bains (VD). L’assaillant abattu par la police, un Kurde iranien de 32 ans armé d’une hache, d’un couteau et d’un marteau, exigeait de voir cette employée d’un centre fédéral d’asile. L’acte final d’un harcèlement qui durait depuis un an et demi, révèle ce mardi 20 février le pôle enquête de la RTS.
Parmi les 13 otages retenus contre leur gré des heures durant, plusieurs ont raconté aux médias la même chose: Qader B. était visiblement obsédé par Carine*. Une thèse que nos confrères sont désormais en mesure de confirmer.
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Leur rencontre date plus ou moins de l’arrivée du requérant d’asile en Suisse, en août 2022. Le Kurde iranien est alors placé dans la structure d’hébergement temporaire située dans la caserne des Rochat, sur la commune de Provence (VD), au-dessus du lac de Neuchâtel, là où travaille celle qui deviendra sa cible.
Un crush qui vire à l'obsession
Le pôle enquête de la RTS relate que «Qader B. la drague un peu, mais elle n’entre pas en matière». Le trentenaire reste quelques semaines dans la caserne du Nord vaudois avant d’être attribué au canton de Genève par le Secrétariat d’État aux migrations.
Nous sommes en novembre 2022. D’après différents récits recueillis par nos confrères, c’est là que les choses commencent à déraper. Le requérant d’asile, qui se montre envahissant, réussit à trouver le nom de famille de Carine et la contacte sur les réseaux sociaux. «Il lui déclare sa flamme, elle décline ses avances, mais il n’entend pas raison», détaille le service public. En réaction, elle le bloque sur les réseaux sociaux.
Le harcèlement s’intensifie
Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Début 2023, Qader B., qui est pourtant hébergé au bout du Léman, commence à faire le pied de grue devant la caserne des Rochat. Selon la RTS, il n’est jamais menaçant, mais sa présence inquiète: «Des employés du centre fédéral lui demandent de ne plus venir, mais il n’obéit pas.»
Il continue de venir au travail de Carine. «L’employée est alors déplacée à Boudry pendant quelques semaines pour que le requérant se décourage», détaillent nos confrères. La femme vit mal la situation et décide d’informer la police neuchâteloise. Elle tient à ce qu’il y ait une trace écrite de ce qu’elle subit depuis plusieurs mois.
Pas de plainte pénale possible?
Rien n’y fait. Carine contacte la police d’Yverdon-les-Bains pour déposer une plainte pénale à l’encontre du demandeur d’asile. Elle a rendez-vous, mais le jour J, elle reçoit un appel d’un agent. «Il lui aurait dit que cela ne servait à rien de se déplacer, que sa plainte ne pouvait pas être prise étant donné que Qader B. ne s’était pas montré menaçant à son égard», avance la RTS.
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Les forces de l’ordre appuient qu’aucun article du Code pénal ne dénonce le harcèlement dont Carine a été victime, mais aussi «qu’au vu des faits exposés, aucune plainte pénale n’a pu être enregistrée». Elles affirment avoir cependant «écouté la victime» et l’avoir «renseignée sur les démarches à entreprendre, notamment sur le plan civil auprès d’un tribunal», qui peut prononcer des mesures d'éloignement.
Malgré une rencontre — notamment encadrée par des agents de sécurité — entre Carine et Qader B. pour tenter de mettre fin à ce harcèlement, l’homme, qui aurait manifesté son envie d’aller mourir sur le front en Ukraine, n’est jamais revenu à la raison. Comme le démontre son ultime geste désespéré qui lui a coûté la vie. Carine, elle, depuis les faits, est en arrêt maladie.
*Prénom d’emprunt