Une «injustice» pour ses proches
La famille du preneur d'otages tué par la police vers Yverdon porte plainte

Le 8 février dernier, un requérant d'asile prenait en otage 13 personnes dans un train régional, près d'Yverdon. Les otages ont été libérés sains et saufs, mais l'homme de 32 ans a été tué par un tir de la police. Sa famille porte plainte.
Publié: 18.02.2024 à 18:49 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2024 à 21:05 heures
L'instruction pénale devra notamment déterminer si le tir du membre du groupe d'intervention de la police vaudoise était justifié.
Photo: Keystone/DR
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

La famille du requérant d'asile iranien, tué par la police après avoir séquestré 13 personnes dans un train près d'Yverdon le 8 février dernier, porte plainte. Pour elle, la mort de Qader B. est «une injustice». Le procureur général vaudois à confirmé à la RTS, qui révèle l'information, le dépôt d'une plainte pénale.

L'homme de 32 ans, kurde iranien, avait retenu en otage douze passagers et le mécanicien du train régional de la compagnie Travys, reliant Sainte-Croix (VD) à Yverdon. Le convoi était immobilisé au niveau de l'arrêt d'Essert-sous-Champvent (VD) quand le groupe d'intervention de la police vaudoise a pu faire sortir les otages, qui ont passé quatre heures séquestrés. Qader B., lui, est mort suite au tir d'un membre des forces de l'ordre.

«Il ne méritait pas d'être tué»

Son frère, qui réside dans le nord-ouest de l'Iran, affirme à la RTS que sa famille ne soutient pas l'acte de Qader B., mais «il ne méritait pas d'être tué». Les parents ont porté plainte le 15 février contre «toute personne ayant illicitement contribué au décés de (leur) fils», indique la RTS. L'avocat de la famille B. ne s'exprime pas pour le moment.

L’instruction visera notamment à déterminer si le tir du policier était justifié. Selon les communiqués de la police, le preneur d'otage aurait couru en direction des agents. Il avait avec lui une hache, un marteau et un couteau.

L'usage d'un taser n'aurait pas suffi à le neutraliser, toujours selon la police. Qader B. aurait «continué sa course en direction des policiers et des otages». C'est à ce moment là qu'un membre du groupe d'intervention aurait «fait usage de son arme à feu afin de le neutraliser». Il est mort sur le coup.

Un «appel au secours»

La légitime défense du policier qui a tiré sera au cœur de l’enquête du Ministère public vaudois. Le procureur Eric Kaltenrieder ne fait pas de commentaire à ce stade. Pour le frère cadet du requérant d'asile, l'action de son frère était «un appel au secours», écrit la RTS.

La famille du défunt confirme son état psychique dégradé. Qader B. est arrivé en Suisse en août 2022, où il a demandé l'asile en raison de son engagement militaire et politique pour l'indépendance kurde en Iran. D'abord résidant du centre de Boudry, il a été transféré à Genève, où il a été interné de force en asile psychiatrique.

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Attirance obsessionnelle

Avant que Genève ne lui soit attribué par le Secrétariat d'Etat aux migrations, l'homme de 32 ans a vécu, trois mois durant, dans différents centres d'asile. Dans l'un de ces lieux, il a rencontré une employée, pour laquelle il a développé une attirance obsessionnelle. C'est notamment pour revoir cette femme que le Kurde a pris les passagers du train en otage.

Deux jours avant le passage à l'acte, Qader B. avait commencé à montrer des signes d'un comportement dégradé, faisant une crise de nerf dans le foyer de Palexpo où il était hébergé, ou publiant des photos de son fils de 12 ans, résidant en Iran, sur les réseaux sociaux.

Ses parents cherchent par ailleurs à déterminer, dans le cadre de leur plainte, si leur fils à «pu bénéficier d'une prise en charge médicale conforme aux règles de l'art ou si, à défaut, des manquements dans ce contexte ont pu contribuer à son décès».

Témoignage d'une victime

Une victime, Brad Smith, a confié à Blick les derniers instants de la vie du preneur d'otage. «Il sort quelque chose, qu'il prend dans sa main. Je ne peux pas confirmer ce que c'était, mais la presse m'a appris plus tard qu'il s'agissait d'un couteau. Il l'a clairement levé au-dessus de sa tête et il a couru trois-quatre pas en hurlant des mots en farsi. C'est vraiment évident: il a voulu attaquer un officier du DARD (ndlr: groupe d'intervention).»

La victime, qui a salué le courage de ses «camarades otages», poursuit. «Il était à deux mètres à peine de l'officier, qui a riposté en ouvrant le feu. Sa vie était en danger, c'est normal. Au début, ils ont essayé de l'appréhender. Il s'est échappé des deux officiers qui essayaient de le maîtriser pour aller attaquer le troisième. Malheureusement pour l'officier, il n'a pas eu d'autre choix que de l'abattre.»

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