De nombreux Suisses ont la chance de pouvoir être les propriétaires d’un appartement de vacances ou d’un chalet. Les citadins, en particulier, profitent des week-ends pour se réfugier dans leur coin de paradis dans les Préalpes ou les Alpes. Or ces petits coins de vacances sont souvent d’énormes gouffres énergétiques.
Une grande partie des résidences secondaires sont vieillissantes, mal isolées et équipées de chauffages électriques. Ces derniers sont extrêmement gourmands en électricité. Peu coûteux, et difficiles à remplacer, ils se sont répandus à la vitesse grand V dans les logements de vacances.
L’adaptation à des systèmes de chauffage plus durables ne se fait que lentement: «Lorsque l’on passe à un autre système, il faut généralement aussi installer une distribution de chaleur. Les coûts sont donc relativement élevés. Trop élevés pour beaucoup de gens, car ils n’utilisent leurs appartements de vacances que de manière irrégulière», explique Patrizia Imhof, consultante senior, chez Swiss Climate.
L’équivalent de deux lacs du Grimsel
Les chiffres de consommation des chauffages électriques dans les appartements de vacances sont impressionnants: selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), les 43’000 appartements de vacances équipés de chauffages électriques consomment chaque année 625 gigawattheures d’électricité. A cela s’ajoute la consommation d’électricité de tous les appartements de vacances sans chauffage électrique, pour l’eau chaude, la cuisine ou les appareils électroniques. A titre de comparaison: un lac de retenue comme celui du Grimsel rempli à ras bord peut produire 263 gigawattheures.
Compte tenu de la menace d’une pénurie d’électricité l’hiver prochain, les appartements de vacances offriraient un énorme potentiel d’économie. Mais ils ne font actuellement pas partie des discussions actuelles les économies d’énergie. Dans son appel de mercredi, le Conseil fédéral n’a mentionné que marginalement les appartements de vacances. Les propriétaires ne devraient chauffer les appartements que lorsqu’ils sont sur place. Le gouvernement n’a en revanche pas demandé de réduire ou de ne pas utiliser les résidences secondaires l’hiver prochain.
Factures salées pour les propriétaires de chalets
Pour de nombreux logements anciens, l’arrêt total du chauffage peut même poser problème. Le froid peut par exemple endommager les conduites. Les spécialistes recommandent donc de ne pas baisser la température en dessous de 6 degrés, même en cas d’absence.
Le problème, c’est que certains propriétaires laissent tourner leur bien immobilier à des températures nettement plus élevées en hiver, afin de ne pas avoir froid lorsqu’ils se rendent ponctuellement dans leur petite maison de vacances. Patrizia Imhof recommande donc d’installer une commande à distance. «Celle-ci permet de régler le chauffage depuis chez soi et de l’augmenter juste avant d’arriver.»
Les augmentations massives du prix de l’électricité en de nombreux endroits pourraient toutefois conduire d’elles-mêmes à une diminution de l’utilisation des appartements de vacances l’hiver prochain. Selon les chiffres de l’OFEN, la consommation moyenne d’électricité d’un appartement de vacances est de 14’500 kilowattheures. En supposant un prix de 30 centimes par kilowattheure, cela représente déjà plus de 4000 francs par an. Renoncer à ses escapades au chalet pourrait à l’avenir, représenter d’importantes économies.