Le président de l’Union démocratique du centre (UDC) Marco Chiesa joue la carte du risque. Lors des élections fédérales de cet automne, le sénateur sortant se présente uniquement pour le Conseil des États et renonce à une candidature supplémentaire au Conseil national pour couvrir ses arrières.
Sauf tremblement de terre, il devrait certes se faire réélire. Mais les turbulentes élections au Conseil des États d’il y a quatre ans, qui ont abouti à la destitution de la figure du Parti démocrate-chrétien (PDC) — auujourd'hui le Centre — Filippo Lombardi, le montrent bien: un risque résiduel subsiste, et le président du plus grand parti du pays se retrouverait soudain sans mandat fédéral. Dans ce cas, ce ne serait qu’une question de temps avant qu’il ne doive, lui aussi, quitter son poste de chef.
Chiesa mise sur la confiance
Pourquoi Marco Chiesa ose-t-il jouer à ce jeu dangereux? Simplement parce qu’il croit en lui. «Si je n’avais pas confiance en moi-même pour me faire réélire, comment pourrais-je demander à la population de me faire confiance?», déclare Marco Chiesa à Blick. Une candidature simultanée au Conseil national signifierait envisager une défaite. Pas question pour celui qui est le premier représentant tessinois de l’UDC à siéger à la Chambre haute. Ce n’était peut-être «qu’au» deuxième tour. Mais avec une nette avance.
Attention cependant à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. En effet, les sièges tessinois au Conseil des États sont traditionnellement occupés par un représentant du Parti libéral-radical (PLR) et du Centre. Ce n’est qu’à trois reprises qu’un autre parti a réussi à se faire une place.
L’élection de 2019 avait fait sensation: outre Marco Chiesa, c’est la candidate du Parti socialiste (PS) Marina Carobbio qui avait remporté la course. Seulement 45 voix avaient fait la différence entre la native de Bellinzone et Filippo Lombardi. Cette pointure du parti à la rose a depuis été élue au gouvernement cantonal tessinois, son siège au Conseil des États est donc vacant. La gauche ne pourra a priori que difficilement le défendre.
Le PLR et le centre veulent leur revanche
Le PLR et le Centre veulent prendre leur revanche et sentent qu’ils ont une chance d’y parvenir. Ce dernier présente l’actuel conseiller national et président de l’Union suisse des arts et métiers (USAM) Fabio Regazzi. Le PLR, quant à lui, part avec le conseiller national Alex Farinelli. Fabio Regazzi fait partie de l’aile droite de son parti, tandis que son homologue est plutôt à gauche du PLR.
Une constellation qui pourrait tout à coup devenir dangereuse pour Marco Chiesa dans le cas où un second tour serait organisé. S’il devait effectivement manquer sa réélection, sa carrière politique ne serait pas pour autant terminée. Il pourrait se présenter à la présidence de la ville de Lugano en 2024, murmure-t-on au Tessin.
Qui remportera le siège de Romano?
La lutte pour les huit sièges tessinois au Conseil national promet également d’être passionnante. Le PLR et le Centre détiennent actuellement deux sièges. L’UDC, la Lega, le PS et les Vert-e-s en ont chacun un. Le bloc de droite UDC/Lega souhaite reconquérir le troisième siège que la Lega a perdu il y a quatre ans au profit des Vert-e-s.
Lors des élections cantonales d’avril, l’UDC a certes progressé, mais son alliée, la Lega, a perdu des plumes. Dans l’ensemble, les rapports de force entre les blocs sont restés assez stables. C’est pourquoi la répartition des sièges devrait rester la même lors des élections au Conseil national.
S’il devait y avoir un changement, c’est le Centre qui devrait le plus trembler. En effet, son actuel conseiller national Marco Romano, qui occupait un siège véritablement vacillant, se retire. De plus, alors qu’il y a quatre ans, le parti était encore en liste commune avec le PLR et les Vert’libéraux, il doit cette fois-ci se débrouiller seul. La lutte sera âpre.