Les élections sont une course de fond. Une fois qu'un scrutin a eu lieu, on passe déjà au suivant. Et comme dans le sport, la question se pose de savoir qui envoyer dans la course, comment répartir ses forces, quand attaquer la concurrence et quand lancer le sprint final. Une chose est sûre: le 22 octobre, les électeurs décideront qui sera le premier ou le dernier à franchir la ligne d'arrivée des élections fédérales.
Il reste encore deux mois aux partis pour dépasser ses concurrents ou se faire distancer. Blick explique qui a une longueur d'avance dans le sprint final et qui pourrait trébucher dans les derniers mètres.
L'UDC part seule
Aucun autre grand parti ne s'oppose avec autant de véhémence à l'Union européenne (UE) et à l'immigration. Aucun autre n'insiste aussi impitoyablement sur le respect strict de la neutralité. Aucun autre ne se montre aussi favorable à la Russie. Même si la question des réfugiés ne domine pas la campagne électorale comme en 2015, il est tout à fait possible de mobiliser sa propre base avec les chiffres élevés actuels de l'asile et l'initiative contre une Suisse à 10 millions d'habitants. L'UDC a une fois de plus chaussé la bonne chaussure de course et devance tous les autres.
Les apparentements de listes avec le PLR aideront également l'UDC. Les alliances avec les coronasceptiques constituent toutefois un facteur de risque: elles devraient coûter à l'UDC un ou deux pour cent de voix, de sorte que la victoire électorale ne sera pas aussi nette qu'espérée. Le 26 août, le parti tentera de galvaniser sa base lors d'une grande fête électorale à la Swiss Life Arena de Zurich.
Une chose est sûre: l'UDC continue de défendre la première place qu'elle a conquise pour la première fois en 1999 et arrive cette fois encore largement en tête.
Le PS augmente sa vitesse de course
Il y a quatre ans, une vague verte avait emporté les «camarades» dans la vallée des larmes. Avec 16,8%, le PS a enregistré son plus mauvais résultat historique. Entre-temps, les socialistes se sont ressaisis et ont «changé de braquet». Ils devraient ainsi défendre leur deuxième place.
Le fait que la question sociale ait nettement gagné en importance leur donne le vent en poupe. L'augmentation des loyers, les primes d'assurance maladie élevées, la stagnation, voire la baisse des salaires réels et des rentes, voilà ce qui préoccupe la base rouge. De plus, la démission d'Alain Berset lui assure une importante visibilité.
Le PS devrait regagner au Conseil national l'un ou l'autre siège qu'il avait perdu il y a quatre ans au profit des Vert-e-s. Dans les cantons de Berne et de Zurich par exemple, mais aussi à Soleure, des reconquêtes sont envisageables. Le gros souci du Parti socialiste reste la chambre haute: le PS n'occupe plus que six sièges au Conseil des États, soit la moitié de ce qu'il avait conquis à son apogée. Aujourd'hui, le simple fait de les conserver serait déjà un succès.
Le PLR trébuche sur la débâcle de Credit Suisse
Le chef du parti, Thierry Burkart, a fait une annonce fracassante: le PLR doit devenir la deuxième force politique en 2023 et voler au PS sa médaille d'argent. Une ambition légitime, car le PLR s'est rapproché du PS dans les sondages précédents. Mais un peu d'eau a déjà coulé sous les ponts...
Le naufrage de Credit Suisse freine les libéraux-radicaux et déséquilibre le parti. Jusqu'à présent, le PLR n'a retrouvé qu'à moitié sa voie. En tant que parti économique, il lui manque un thème fort dans ce domaine pour marquer des points.
Mais même si le PLR devait stagner ou perdre des parts de marché, cela ne signifierait pas nécessairement une perte de sièges. Les apparentements de listes avec l'UDC devraient contribuer à leur défense. Et sinon, le National devrait être un lot de consolation: plusieurs sièges pourraient y être gagnés, par exemple à Soleure ou au Tessin. Mais aussi à Schwyz, où l'ex-cheffe du parti, Petra Gössi, se présente.
Le Centre est à la remorque du PLR
On peut espérer pour Thierry Burkart que son concurrent Gerhard Pfister aura un coup de mou! Car selon le baromètre électoral de la SSR, le chef du Centre est sur les talons du président du PLR. Et il va tout faire pour déloger le PLR de la troisième place.
Le Centre s'est profilé avec une ligne plus sociale, par exemple sur la compensation du renchérissement de l'AVS. Et il récolte actuellement des signatures pour deux initiatives populaires contre la pénalisation du mariage en matière de rente AVS et d'impôts.
Si le parti n'arrive pas à se hisser sur le podium cet automne, il devrait au moins récupérer l'ancienne quatrième place du parti précédent, le PDC. Le calcul de Gerhard Pfister semble fonctionner: la fusion du PDC et du PBD sous l'étiquette du Centre est bien accueillie par la base. Le nouveau label attire dans le parti de nouvelles personnes qui n'avaient auparavant que peu d'affinités avec le «parti chrétien».
Les Vert-e-s trébuchent derrière
Les préoccupations autour du climat a permis aux Vert-e-s de faire un véritable raz de marée en 2019. Au Conseil national, ils sont passés de 11 à 28 sièges. Avec 13,2%, ils ont presque doublé leur part électorale. Ce bond de géant a permis au parti de passer devant le PDC de l'époque. Mais les Verts n'ont pas réussi à imposer leur nouvelle puissance et devront probablement céder leur quatrième place.
Le changement climatique continue certes de préoccuper de nombreuses personnes, mais les militants du climat, notamment celles et ceux qui se collent aux routes dans des actions de plus en plus spectaculaires, deviennent un caillou dans la chaussure des Vert-e-s. De plus, les Vert-e-s et l'Opération Libero travaillent ensemble sur une initiative populaire européenne, ce qui est un choix malheureux. Avec une nouvelle initiative solaire, ils reviennent à l'essentiel. Mais ce coup de pouce arrive trop tard.
Les Vert-e-s doivent s'attendre à perdre des sièges, en particulier dans les grands cantons. Il en va de même là où ils ont obtenu des sièges de justesse. Dans le camp gauche-vert, la question se pose de savoir dans quelle mesure les pertes des Vert-e-s peuvent être compensées par les gains du PS.
Les Vert'libéraux à la traîne
Les Vert'libéraux ont le vent en poupe. Dans le sillage des Vert-e-s, le parti a déjà fortement progressé en 2019. Son nombre de sièges a augmenté de 9 à 16 et sa part électorale est passée de 4,6 à 7,8%. De plus, contrairement aux Vert-e-s, le deuxième parti écologiste a pu conserver son état de forme.
Sous la direction de son président Jürg Grossen, les Vert'libéraux se sont certes lancés dans une course de rattrapage, mais ils restent à la traîne par rapport à l'objectif de 10% qu'ils s'étaient fixés. Le parti espère obtenir des sièges supplémentaires au Conseil national, notamment à Neuchâtel, dans les Grisons, en Thurgovie et en Argovie. Des pertes menacent dans les cantons de Vaud et de Bâle-Ville.
Les courses au Conseil des États à Zurich et à Berne risquent également d'être difficiles. Mais même une improbable remontée au National n'apporterait pas grand-chose aux Vert'libéraux. Le parti devra toujours se contenter de la dernière place.