«Tout le monde déteste les fascistes! Tout le monde déteste les fascistes!» Le collectif féministe d’extrême droite Némésis n’est pas passé inaperçu ce jeudi soir, à Lausanne, lors d’un cortège contre les violences sexistes et sexuelles. Et la confrontation avec des manifestantes et manifestants a tourné à l’échauffourée.
Retour en arrière. Vers 18h, une foule compacte – environ 600 personnes selon la police — est réunie à la place de la Riponne. Ce rassemblement, qui s’apprête à écumer le centre-ville, fait partie des plus de 130 événements organisés en Suisse, dont à Genève, et au Liechtenstein. Objectif: sensibiliser le public au fait qu’au moins une femme sur deux est concernée par la violence sexualisée.
«Violeurs étrangers: expulsion»
À l’heure prévue, le cortège lausannois s’élance dans une ambiance survoltée et bon enfant. Tout se déroule normalement jusqu’à ce que le défilé arrive à la place Saint-François. Le groupuscule Némésis essaie alors de remonter la tête du cortège. Quatre de leurs membres tiennent une banderole où il est inscrit: «Violeurs suisses: prison. Violeurs étrangers: expulsion».
Les réactions ne se sont pas fait attendre: chants antifascistes et sifflets s’abattent sur la petite équipe sulfureuse. Soudain, des individus non identifiés tentent de leur arracher leur slogan des mains. Les féministes identitaires ne se laissent pas faire et luttent. Dans une vidéo qu’elles ont mise en ligne sur Instagram, on voit des agents de police accourir. Le groupuscule s’extrait de la manifestation. Ambiance.
Unx militantx (iel se genre ainsi) queer qui a assisté à la scène livre sa version des faits à Blick: «J’ai vu Némésis débarquer en tête de cortège et nous étions deux ou trois à leur dire calmement de ne pas avancer davantage, assure-t-iel. Des gens, que je ne connais pas, sont arrivés par-derrière et ont retiré leur pancarte. Tout s’est terminé très rapidement.»
Evénements similaires en France
Selon iel, le collectif était précisément là pour susciter ce genre de réactions. «Soit elles arrivaient à se mettre tout devant le cortège et donc à décrédibiliser le mouvement, soit elles tournaient une vidéo choc et réussissaient leur coup de com. Dans tous les cas, elles obtenaient ce qu’elles voulaient.»
Cet épisode fait écho à des manifestations similaires survenues la semaine dernière en France. Des heurts y ont aussi éclaté entre Némésis et des manifestants. «C’était très clairement une action préméditée, affirme encore lea témoin. Elles savaient qu’elles allaient se faire sortir du cortège. Et elles ont réussi leur action: toute la fachosphère est solidaire.»
Une militante frappée?
Mais iel le jure: il n’y a pas eu de violence. Ce n’est pas la thèse de Némésis. «Nous étions quatre militantes, non accompagnées, et nous avons témoigné d’aucune once de violence, écrit le collectif sur les réseaux sociaux. Pourtant, nous avons été rejetées avec violence. Une de nos militantes s’est pris un coup de pied dans le ventre.»
Présidente de la section suisse de Némésis, la Valaisanne Sarah Prina (pseudonyme) était l’une des jeunes femmes qui tenait la banderole. Elle maintient la version des faits distillée en ligne. «Ce n’est pas moi qui ai pris le coup, précise-t-elle. Pour l’instant, nous n’avons pas déposé de plainte. Nous réfléchissons aux suites à donner.»
Confrontée aux différentes allégations, elle nie toute opération de communication: «Lutter contre les violences faites aux femmes, c’est également notre combat, insiste-t-elle. Nous avions tout à fait notre place dans cette manifestation». Elle rebondit et ironise: «Nous pensions être en sécurité puisque nous étions entourées de féministes, il est étonnant d’être agressé dans ce contexte. En tout cas, nous reviendrons. Ce genre de réactions nous encourage.»
De son côté, la police municipale de Lausanne confirme qu’elle est intervenue pour ramener le calme, «ce qui s’est rapidement produit». «Il n’y a eu ni blessé ou blessée ni interpellation», écrit dans un courriel Sébastien Jost, porte-parole. Pour l’instant?