L’explosion des prix de l’électricité donne des insomnies à de nombreuses entreprises du pays. Si elles ont osé se lancer dans le marché libéralisé de l’électricité il y a des années, elles doivent désormais faire face à des coûts parfois 16 fois plus élevés. Conséquence: sans soutien, beaucoup pourraient ne pas survivre à cette crise.
Les politiques cherchent des solutions. Une table ronde dirigée par le conseiller fédéral vaudois chargé de l’Economie, Guy Parmelin, y travaille actuellement. Les résultats devraient être présentés courant octobre.
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Les partis ne restent pas inactifs non plus. Les Verts demandent ainsi que les entreprises en difficulté obtiennent des prêts, sur le modèle des crédits Covid-19 qui ont permis à de nombreuses sociétés de garder la tête hors de l’eau durant la pandémie.
Retour aux services de base
Dans une deuxième intervention, les écologistes demandent que les entreprises parties dans le marché libéralisé puissent revenir dans le marché contrôlé par l’État. Ce qui n’est légalement pas possible aujourd’hui.
«Avant, on parlait toujours de clients captifs pour la desserte de base, maintenant on parle de clients protégés, déclare Balthasar Glättli, président des Verts suisses. Cela montre à quel point les temps ont changé.» Il enchaîne rapidement: «Les entreprises ont certes profité pendant des années des prix bas de l’électricité, mais une entreprise n’est pas seulement le jouet de ses propriétaires. Ce sont aussi des emplois.» C’est pourquoi il faudrait impérativement leur venir en aide.
Pour les Verts, il est toutefois clair qu’une éventuelle volte-face doit être conditionnée à des règles strictes. Les entreprises concernées devraient «contribuer au tournant énergétique si elles reviennent à l’approvisionnement de base». Comment? En achetant de l’électricité renouvelable ou en en produisant une partie elles-mêmes. Et, après avoir pu revenir sur le marché régulé, elles devront y rester au moins dix ans.
Des crédits pour faire la transition
En outre, tout changement devrait être annoncé deux ans à l’avance. Cela permettrait d’éviter que ce soient les petits clients qui finissent par payer l’addition, puisque les fournisseurs d’énergie devraient acheter à prix fort l’électricité supplémentaire dont auraient soudainement besoin les entreprises sur le retour. Le risque d’une telle mesure? Pendant ce laps de temps, les entreprises pourraient manquer de liquidités.
C’est là qu’interviennent les «crédits d’électricité». «Jusqu’à ce que les entreprises puissent revenir à l’approvisionnement de base, les crédits doivent garantir les liquidités et leur permettre de répartir les coûts élevés sur les prochaines années», explique le conseiller national écologiste thurgovien Kurt Egger. Les crédits ne doivent toutefois pas être conditionnés au retour en tant que tel. Même si une entreprise reste sur le marché libre, elle devrait pouvoir prétendre à un crédit pour l’électricité.
L’espoir repose sur la table ronde
L’Union suisse des arts et métiers réclame elle aussi la possibilité d’un retour dans le marché contrôlé. Mais elle le lie à de tout autres conditions: une pénalité sur le prix de l’électricité pouvant aller jusqu’à 10%, l’obligation de rester dans l’approvisionnement de base pendant au moins trois ans et un délai d’annonce qui ne devrait cependant être que d’un an.
Or, de telles avancées proposées à Berne nécessitent normalement au moins deux ans avant d’entrer en vigueur. «Nous n’avons pas autant d’air, s’inquiète le président de l’Union suisse des arts et métiers et conseiller national du Centre, Fabio Regazzi. Si nous devons attendre l'application des interventions, les entreprises seront en faillite entre-temps.» Tout comme les Verts, il espère donc que ces propositions politiques deviendront des pistes de réflexion pour la table ronde de Guy Parmelin afin d’accélérer le processus. Affaire à suivre.