Commençons par la bonne nouvelle: la vague estivale de Covid s’est brisée en Suisse. Pour la majorité de la population, le virus ne fait plus parler de lui. La fête et les rassemblements ont d’ailleurs été nombreux cet été entre les camps fédéraux scouts, la Street Parade, le retour du Paléo ou encore la Fête fédérale de lutte. Le tout sans réelles restrictions liées au Covid. Même les distributeurs de désinfectants dans les gares ont été démontés. Était-ce trop tôt pour toutes ces réjouissances?
Depuis le début de la pandémie, les laboratoires suisses ont confirmé 4’029’651 infections liées au Covid-19. Jusqu’à présent, 13’589 personnes en sont mortes. Des vagues de contagion nous attendent à nouveau à l’automne et cet hiver, assurent les scientifiques. Mais contrairement aux années précédentes, cette perspective n’est plus source de panique ou de (trop) forte appréhension.
«La situation s’améliore indéniablement»
Petit rappel de la situation estivale: 17’015 nouvelles contaminations ont été signalées la semaine dernière, soit bien 1200 de moins que la semaine précédente. Le taux de positivité des tests PCR a certes légèrement baissé, mais il reste très élevé. Plus d’un test sur trois est positif.
La courbe du nombre de cas évolue vers une stagnation. «La baisse se ralentit nettement», explique à Blick la biostatisticienne Tanja Stadler. Omicron (le sous-type BA.5) reste le variant dominant les infections. Compte tenu des facteurs saisonniers, l’ancienne chef de la Task force Covid s’attend à une nouvelle augmentation du nombre de cas. La fin des vacances pourrait également favoriser la circulation du virus.
«Il est inévitable que la situation s’améliore, constate la scientifique. Quelque part entre maintenant et octobre, je m’attends à un renversement de tendance, et il y aura une vague déclenchée par le BA.5.»
Lors de la vague estivale, «environ deux millions de personnes ont été infectées, estime Tanja Stadler. En automne, la charge infectieuse devrait être similaire. Sur l’ensemble de l’hiver, la majorité des personnes en Suisse pourrait à nouveau être infectée. Pour l’instant, nous n’avons pas identifié de nouveau variant qui pourrait supplanter Omicron et modifier durablement la situation actuelle.»
La situation reste exigeante dans les hôpitaux
Actuellement, un lit sur vingt dans les unités de soins intensifs est occupé par un patient atteint du Covid. Le nombre de lits de soins intensifs a diminué depuis l’été dernier passant de 850 il y a un an à 800 actuellement. La raison: un manque de personnel pour cause de maladie et de licenciement. «La situation du personnel dans les unités de soins intensifs était déjà tendue avant la pandémie de Covid-19 et reste très exigeante, en particulier dans le domaine des soins», fait savoir la Société suisse de médecine intensive sur demande.
Même une arrivée massive de patients atteints du Covid n’est pas à craindre aux services de soins intensifs, la charge de travail devrait à nouveau augmenter dans les services hospitaliers généraux. «Avec l’augmentation du nombre d’infections, les admissions à l’hôpital vont également augmenter, développe Tanja Stadler. Grâce aux vaccins et aux convalescences, les maladies très graves, qui nécessitent des soins intensifs ou entraînent la mort, sont devenues beaucoup plus rares.»
Cette raréfaction pourrait toutefois s’expliquer par les absences au travail, avance la biostatisticienne. «Avant la pandémie, nous n’avions en Suisse aucun virus ayant entraîné autant d’arrêts maladie en été que le Covid.»
Les cantons ont un rôle à jouer
Depuis la levée de la situation particulière fin mars, ce sont désormais les cantons qui sont en premier lieu responsables de la gestion du Covid. Malgré leurs protestations, le Conseil fédéral a maintenu son plan qui consiste à n’intervenir que si la sécurité publique est menacée et que les cantons ne peuvent plus le faire seuls. «Nous allons davantage nous coordonner pour qu’il n’y ait plus de patchwork» assure la médecin cantonal bernoise Barbara Grützmacher, vice-présidente de l’Association des médecins cantonaux. La Conférence des directeurs de la santé a défini la marche à suivre et a déjà discuté des mesures possibles.
Il est par exemple prévu de réintroduire des tests systématiques dans les hôpitaux et les EMS si de nombreuses personnes tombent gravement malades. L’obligation de porter un masque dans les établissements de santé et éventuellement dans les transports publics est également une option.
Les centres de vaccination pourraient être rapidement remis en service, indiquent les cantons. En revanche, une partie veut renoncer à l’avenir au traçage des contacts sur la base des expériences faites. C’est le cas de Saint-Gall ou de l’Argovie, par exemple. Le certificat Covid ne doit être réutilisé que si sa seule alternative s’avère être un confinement. S’il est nécessaire, ce dernier devra être imposé par la Confédération, estiment les cantons.
«L’objectif est d’éviter des mesures radicales», explique Simon Ming, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Son office part du principe que la protection immunitaire individuelle, et donc celle de la population, va diminuer. En ce qui concerne la prescription d’éventuelles mesures, la Confédération fait preuve de retenue.
Dans la situation normale actuelle, ce sont les cantons qui sont compétents, souligne Simon Ming. Si nécessaire, l’OFSP émettra toutefois des recommandations à leur attention. «Mais la mise en œuvre et la responsabilité incombent dans tous les cas aux cantons, précise le porte-parole. L’OFSP prévoit tout de même de donner à la population des conseils de comportement sur la manière de se protéger efficacement et de protéger les autres en automne et en hiver.»
Immunité de 97% de la population
Depuis l’apparition du virus, 69,3% de la population suisse a été entièrement vaccinée. Si l’on y ajoute les personnes n’ayant reçu qu’un seul vaccin, le taux d’immunisation est légèrement supérieur à 70%. En comparaison avec l’étranger, la Suisse se situe donc dans la moyenne. L’OFSP parle néanmoins d’une «immunité élevée» au sein de la population.
Si l’on prend également en compte les infections, plus de 97% de la population suisse a été en contact avec le virus. Le président de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV), Christoph Berger, confirme: «Nous avons ainsi une certaine protection contre les maladies graves.» Près de la moitié des personnes entièrement vaccinées ont jusqu’à présent également reçu un rappel.
Nouvelle recommandation de vaccination
La recommandation de la CFV et de l’OFSP pour une nouvelle mise à jour de la protection vaccinale est jusqu’à présent axée sur les personnes particulièrement vulnérables et les personnes âgées de 80 ans et plus, mais elle s’applique également au personnel des soins et de l’assistance. Cette mesure vise à protéger le système de santé d’une surcharge de travail.
Selon l’OFSP, 125’341 personnes ont jusqu’à présent reçu un deuxième rappel. Parmi elles, 77’000 personnes ont 80 ans ou plus, ce qui correspond à 16,9% de ce groupe d’âge. «Pour les autres vaccins, il s’agit soit de vaccins réalisés pour voyager, soit de vaccins de rappel pour les personnes immunodéficientes.»
À ce sujet, Christoph Berger estime qu'«un deuxième rappel pour la population générale n’est pas nécessaire, en l’état actuel des choses». L’OFSP et la CFV conseillent d’attendre le début de la vague hivernale pour procéder à un deuxième rappel, soit une quatrième injection à cause de la circulation plus lente du virus et des variants.
En septembre, la Confédération transmettra les nouvelles recommandations de vaccination. Il sera alors recommandé à toutes les personnes de plus de 16 ans d’effectuer un nouveau rappel, mais surtout aux seniors de 65 ans et plus. Si cette recommandation devient définitive, le rappel sera gratuit. La Confédération part du principe que le début de la vaccination «tombera probablement en octobre».
Des vaccins adaptés déjà pré-commandés
Selon l’OFSP, un nombre suffisant de doses de vaccin (Moderna, Biontech/Pfizer, Janssen) est disponible. En outre, le vaccin à base de protéines de Novavax est utilisé chez les personnes qui, pour des raisons médicales, ne peuvent pas recevoir un vaccin à ARNm. Ce dernier est également à la disposition de toutes les autres personnes souhaitant se faire vacciner.
Comme les vaccins actuellement disponibles ne protègent pas contre les infections par Omicron et les sous-variants à fort potentiel de contagion, mais dont l’évolution est majoritairement bénigne, il peut valoir la peine d’attendre les vaccins adaptés. «L’idéal serait d’avoir à l’avenir un vaccin qui soit moins dépendant des variants», espère Christoph Berger.
Toujours est-il qu’en octobre, avant la vague hivernale, des vaccins adaptés à Omicron devraient être disponibles. Pfizer et Moderna ont une procédure d’autorisation en cours auprès de Swissmedic pour leurs vaccins de rappel adaptés et bivalents. Moderna s’attend à recevoir le feu vert d’ici fin août, Pfizer au plus tard en septembre. Selon les fabricants, les vaccins adaptés devraient alors être prêts à être livrés. Ils ont déjà été précommandés par la Confédération – en quantité suffisante, comme l’assure l’OFSP.
Le certificat n’a presque aucune importance
Après une vaccination de rappel, le certificat Covid est valable au moins 270 jours. Son expiration n’a pas de valeur en Suisse, du moins tant qu’une obligation n’est pas réintroduite. Point important si vous voyagez: ce ne sont pas les règles de validité suisses qui s’appliquent alors, mais celles du pays de destination.
Pour les moins de 18 ans, les certificats Covid sont valables sans limite dans les pays de l’Union européenne après la vaccination de base. Certains pays acceptent également un certificat suisse arrivé à expiration. Grâce à la nouvelle fonction de l’application Covid Certificate, chacun peut vérifier si son certificat est valable au moment de l’entrée dans le pays de destination.
Il est désormais à nouveau possible d’entrer dans presque tous les pays européens sans certificat de vaccination ou test. Il en va de même pour la Turquie, l’Égypte, l’Afrique du Sud et l’Australie. La Thaïlande, la Tunisie, le Canada, la Chine ou le Japon exigent encore un test ou une vaccination. Les États-Unis, Singapour et Hong Kong restent accessibles uniquement aux personnes vaccinées.