Le Covid-19 nous a surpris plus d’une fois. Avec l’approche de l’hiver, Lukas Engelberger estime que la Suisse est bien préparée. Le conseiller d’État bâlois et président de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) est confiant «dans le fait que nous maîtriserons encore mieux la situation».
La vague estivale de Covid-19 semble pour l’instant dépassée. Comment vous projetez-vous pour cet hiver?
Je suis heureux que nous ayons eu quelques mois sans mesures fortes au quotidien. Même si cela implique aussi le risque que la pandémie soit déjà loin pour beaucoup. Nous avons encore un nombre élevé de cas – heureusement sans évolution grave la plupart du temps. Mais les hôpitaux continuent de ressentir une charge supplémentaire. Et nous devons nous attendre à ce que le nombre de cas augmente à nouveau avec l’arrivée de la saison froide.
Craignez-vous une vague aussi forte que lors des précédents hivers depuis l’apparition du Covid?
Je suis modérément optimiste. Le nombre de cas devrait certes encore augmenter sensiblement. Mais l’immunité de base en Suisse est aujourd’hui plus forte: la plupart d’entre nous ont acquis des défenses immunitaires grâce à plusieurs vaccinations ou contaminations. Cela laisse augurer que nous n’aurons pas un hiver aussi turbulent qui nous attend. Je pense que nous maîtriserons encore mieux la situation – et que nous devrons ainsi prendre moins de mesures.
Nous ne devons donc pas nous attendre à ce que les écoles ou les restaurants ferment?
D’un côté je suis optimiste et pense que nous pourrons éviter un nouveau semi-confinement avec des fermetures d’entreprises ou des interdictions de manifestations. D’un autre côté, je pense qu’il est probable que nous devions à nouveau porter davantage de masques. Il faudra à nouveau un certain niveau de protection. Mais je pars du principe qu’il n’y aura par exemple plus de traçage des contacts et que les quarantaines seront seulement recommandées, mais pas obligatoires.
Jusqu’à présent, la Confédération et les cantons se renvoyaient la balle quant à la future direction de la lutte contre les pandémies. Est-il possible d’éviter un patchwork de mesures différentes si la responsabilité incombe aux cantons?
Actuellement, les cantons sont responsables de la plupart des domaines. Nous l’acceptons. Mais nous ne pouvons pas garantir que des mesures uniformes seront prises dans les cantons. Ceux qui le souhaitent doivent s’adresser à la Confédération.
Pourrait-on alors à nouveau observer des cas de figure complètement différents, entre un canton où les restaurants sont fermés et un autre où ce sont les écoles qui le sont?
Si la situation s’aggrave à grande échelle, la CDS formulera des recommandations pour des mesures cantonales. Mais tant que la responsabilité incombe aux cantons, nous ne pouvons pas exclure qu’ils l’assument différemment. Cela peut être justifié si les situation liées au Covid divergent. Dans ce cas, il peut être judicieux que la Confédération reprenne la main.
Les cantons sont-ils suffisamment préparés à la menace d’une nouvelle vague? Les centres de vaccination peuvent-ils être rapidement mis en service si nécessaire?
Je pense que nous sommes prêts à augmenter massivement les offres de test et de vaccination si la situation l’exige. C’est le but.
Jusqu’à présent, le deuxième rappel n’est recommandé qu’aux personnes de plus de 80 ans, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. N’avons-nous pas déjà pris du retard vis-à-vis de cela?
Nous nous appuyons sur la Commission fédérale pour les vaccinations. Celle-ci a fait du bon travail jusqu’à présent. Je n’ai en tout cas pas l’impression que la Suisse ait connu des évolutions massivement plus mauvaises en raison de recommandations de vaccination trop tardives. Tant qu’il n’y a pas d’urgence immédiate, il n’est de toute façon pas facile de motiver la population à se faire vacciner davantage. Mais nous devons être préparés à l’éventualité d’un soudain besoin d’agir rapidement.