Le groupe Medaxo AG, qui exploite une clinique privée à Thoune, a soumis une offre pour l'exploitation de l'hôpital de Zweisimmen, situé dans le canton de Berne. Cette infrastructure a jusqu'ici été gérée par le groupe Spital Simmental-Thun-Saanenland (STS) AG. Celui-ci fournit également des soins médicaux dans l'Oberland bernois avec une clinique située aussi à Thoune.
Le gouvernement bernois a fait savoir qu'il préférait le projet de Medaxo à celui de la STS. Et ce n'est pas tout: le département bernois de la santé, dirigée par le conseiller d'Etat Pierre Alain Schnegg (UDC), veut également mettre à disposition de Medaxo une aide financière considérable de la caisse cantonale pour la reprise de l'hôpital de Zweisimmen.
Blick a pu consulter le document. Il montre qu'à partir de 2025, Medaxo devrait recevoir jusqu'à 3 millions de francs par an pour couvrir son déficit, ainsi qu'un prêt cantonal de 10,5 millions pour assurer ses liquidités et un cautionnement de 20 millions pour un nouveau bâtiment prévu.
Demandes de financement infructueuses
Si l'on en croit le gouvernement bernois, l'exploitant actuel, la STS, devra supporter cinq millions de frais d'exploitation durant la phase de transition. Dans l'entourage de la STS, on fait état de la colère suscitée par ces plans. La société aurait «pelleté» entre deux et cinq millions de francs par an à Zweisimmen pour couvrir les déficits – les demandes de financement auprès du canton seraient restées sans succès.
La STS n'a jamais eu l'occasion de gérer l'hôpital de Zweisimmen dans les conditions offertes aujourd'hui à l'entreprise concurrente. Le canton ne s'est jamais montré aussi généreux que maintenant envers Medaxo. Aujourd'hui, en raison du manque de personnel qualifié et des recettes limitées, il n'est pas envisageable pour le groupe STS de maintenir plus d'un centre ambulatoire.
La question de savoir si la STS se pliera de son plein gré à cette exigence et cédera l'hôpital de Zweisimmen à Medaxo reste ouverte. Le conseil d'administration analysera l'intention du gouvernement bernois lors de sa réunion de la semaine prochaine et discutera de la marche à suivre, explique la porte-parole de la STS, Mirjam Huber.
Mais comment en est-on arrivé là? En novembre 2023, l'une des six communes de la région a refusé de participer aux coûts du réseau de santé afin de proposer des améliorations au sein de l'hôpital existant. C'est cet élément qui aurait déclenché la réorganisation de l'hôpital de Zweisimmen.
C'est donc la société privée Medaxo qui s'est proposée de prendre le relais. Le groupe gère déjà une clinique privée à quelques kilomètres de là, à Thoune, en concurrence directe avec l'hôpital public. Gundekar Giebel, porte-parole de Pierre Alain Schnegg, affirme qu'ils ont été contactés par Medaxo qui proposait un projet réalisable selon eux. Il est prévu que la société privée soit soutenue par le canton à hauteur de plusieurs millions. Medaxo serait habilitée, comme les autres prestataires, à demander des prestations.
La clinique privée reste muette sur les fonds publics
Le directeur de Medaxo, Thomas Mattmann, fait remarquer que sa société voit dans la reprise de l'hôpital de Zweisimmen une certaine synergie avec la clinique privée existante à Thoune. Thomas Mattmann ne souhaite pas commenter le fait que le canton laisse entrevoir à Medaxo des millions de soutien pour l'exploitation, les prêts et le cautionnement d'un nouveau bâtiment. «Nous ne nous prononçons pas sur les chiffres.»
Il est de la compétence du Conseil d'Etat, propriétaire et actionnaire unique des hôpitaux de Thoune et de Zweisimmen, de décider si le canton imposera à la STS le transfert à son concurrent Medaxo. Le Grand Conseil n'a pas son mot à dire dans cette affaire.
Alors que le groupe Insel a dû fermer deux hôpitaux à Berne et à Münsingen, le canton investit maintenant des sommes importantes à Zweisimmen. Le responsable du département de la santé bernois, Pierre Alain Schnegg, avait encore déclaré en 2019 qu'il n'appartenait pas au canton de soutenir les hôpitaux en difficulté financière. Pourtant, le gouvernement met désormais à disposition jusqu'en 2028 un maximum de 100 millions de francs pour préserver les hôpitaux et les cliniques psychiatriques en crise... Une situation paradoxale pour le groupe STS.