Après un oui à la loi sur le climat
Les agriculteurs craignent la vengeance de l'UDC

La loi sur la protection du climat divise les agriculteurs. L'Union des paysans a décidé de dire oui et s'oppose ainsi à l'UDC. Cela met les deux parties en difficulté et risque d'impacter les subventions des agriculteurs.
Publié: 25.04.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 25.04.2023 à 17:00 heures
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Martin Haab est conseiller national UDC et président de l'Union des paysans zurichois. Il s'engage pour un non à la loi sur la protection du climat.
Photo: Andrea Brunner
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Lea Hartmann

L'UDC ne pourra pas compter sur les paysans le 18 juin. La semaine dernière, l'Union suisse des paysans a décidé de dire oui à la loi sur la protection du climat. En raison de «l'importance de l'impact du changement climatique sur l'agriculture», elle soutient le projet, a-t-elle indiqué.

Pour le plus grand parti du pays, la décision reste en travers de la gorge. Les agriculteurs et l'UDC votent normalement de concert. Mais la protection du climat divise ces organismes inséparables. Il y a deux ans, l'Union suisse des paysans s'était déjà opposée à l'UDC lors de la loi sur le CO2 et avait alors recommandé son adoption. Et voilà que cela recommence.

«Nous devons gérer nos ressources différemment»

«Notre profession est totalement divisée», déclare Alois Huber. L'Argovien est agriculteur et conseiller national UDC - et sait donc exactement de quoi il parle. Lui-même, comme tous les membres de l'UDC, rejette la loi, mais il reconnaît: «Nous, les agriculteurs, ressentons déjà beaucoup plus le réchauffement climatique que beaucoup d'autres. Moi aussi, je suis conscient que nous devons gérer nos ressources différemment.»

Sa collègue du Conseil national Priska Wismer-Felder est en partie responsable du basculement des paysans vers le oui. Cette politicienne lucernoise du Centre a défendu la loi sur la protection du climat devant la Chambre d'agriculture, le «parlement» de l'Union des paysans. «Du point de vue paysan, on ne peut pas rejeter la loi», estime-t-elle.

Les paysans se tiennent à l'écart de la campagne de votation

Les représentants romands et les femmes dans la salle ont convaincu. C'est grâce à eux et elles que l'Union suisse des paysans a finalement décidé de voter oui – et non pas de laisser la liberté de vote. La section lucernoise de Priska Wismer-Felder a également voté oui: son canton n'est pourtant pas vraiment connu pour son progressisme.

Le président de l'Union des paysans, Markus Ritter, aurait préféré la liberté de vote. S'il y a une chose que l'agriculteur en chef ne veut pas, c'est une paysannerie divisée. Il a donc obtenu que son organisation se tienne à l'écart de la campagne de votation. «Six mois avant les élections fédérales, je ne veux pas que les paysans se déchirent entre eux», justifie-t-il. Priska Wismer-Felder le regrette. «C'est une occasion manquée», estime-t-elle.

Peur du retour de bâton

Une des raisons de cet immobilisme est aussi l'UDC. L'Union suisse des paysans craint que les représentants du parti ne se vengent auprès des agriculteurs de leur manque de soutien dans cette campagne de votation. Cette crainte n'est pas infondée, estime le conseiller national UDC Martin Haab, président de l'Union des paysans zurichois, qui a décidé de dire non: «Il y a beaucoup de gens qui vont penser ainsi.»

Le Parlement votera bientôt sur la proposition du Conseil fédéral de réduire le budget de l'agriculture pour des raisons d'économies. L'année prochaine, les agriculteurs devraient recevoir 2% de paiements directs en moins – ce qui représenterait un manque à gagner de 75 millions. «Jusqu'à présent, l'UDC s'est toujours rangée derrière les agriculteurs. Au vu de la dernière décision, je ne suis plus si sûr que cela restera ainsi», craint Martin Haab.

L'UDC, l'amie des paysans, vraiment?

Son collègue de parti et de profession argovien Alois Huber pense lui aussi qu'un retour de bâton est possible: «Il y aura peut-être plus d'abstentions.» Cela pourrait être fatal aux agriculteurs. Une crainte que Markus Ritter ne partage toutefois pas.

À l'inverse, sans le soutien de la puissante Union des paysans, l'UDC peut craindre non seulement une défaite en votation, mais aussi pour sa réputation de parti proche des paysans. Même si le président de l'UDC, Marco Chiesa, souligne que c'est toujours le cas, la question du climat montre que ce n'est que partiellement vrai.

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