La lumière pourra enfin être faite sur cette affaire de mœurs. Le Ministère public genevois a indiqué lundi avoir ouvert une procédure pénale après la diffusion, dimanche, d'un reportage de la RTS donnant la parole à une travailleuse du sexe. Celle-ci s'exprimait pour la première fois sur cette histoire révélée par le service public à la mi-août.
Pour mémoire, la prostituée accuse un policier genevois en congé de l'avoir séquestrée et agressée sexuellement dans sa voiture, dans la nuit du 2 au 3 avril 2018, dans le quartier de Champel. «Cet homme m'a violée et m'a gardée dans sa voiture. Si je ne m'étais pas enfuie, il aurait mis fin à ma vie.» L'affaire aurait été réglée en catimini, souligne le pôle enquête de la RTS.
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Le déroulement des faits décrit par la prostituée est sordide. «Dès qu'il a garé la voiture, il a bloqué ma porte, il a sorti son badge et m'a dit qu'il était policier. Je devais désormais, selon lui, faire ce qu'il voulait, sinon il me renverrait dans mon pays. J'ai commencé à pleurer, à crier. Je lui ai demandé pourquoi il faisait cela. Pour moi, c'était une question de vie ou de mort à ce moment-là.»
Elle parle de coups et sévices
La police genevoise soutient, elle, que «le client potentiel n'a absolument pas fait état de sa profession lors de ses échanges avec la travailleuse du sexe». Résultat: ce serait une affaire privée.
La victime présumée parle de coups et de sévices. Mais aussi d'un client «sadomasochiste» sentant l'alcool, qui aurait tenté de retirer le préservatif. Puis, l'agent en congé lui aurait saisi le cou «comme pour me tuer». Elle l'aurait ensuite frappé au niveau des testicules et se serait enfuie.
Mais ce n'est pas tout. Après l'intervention d'une patrouille, un commissaire aurait pris les rênes et un agent de la police des polices se serait rendu sur place. Et l'homme qu'elle accuse, présumé innocent, également.
«Ils ont tenté d'acheter mon silence»
Et là, on lui aurait proposé un arrangement financier. «Ils ont tenté d'acheter mon silence, affirmait la prostituée au 19h30. Mais pour moi, ce n'était pas important ces 200 ou 500 francs. Je m'en fichais de l'argent. Pour moi, c'est la douleur que j'ai ressentie avec cet homme qui comptait. Ce soir-là, je me suis vue mourir dans cette voiture.»
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A l'époque et à ce jour, aucune plainte n'a jamais été déposée. Et aucune enquête, même interne, n'a été ouverte, «malgré l'intervention cette nuit-là d'un commissaire et d'un agent de la police des polices», appuie la RTS.
Enquête sur les deux volets de l'affaire
L'enquête du Parquet genevois portera «tant sur l’agression à caractère sexuel» évoquée par la travailleuse du sexe que «sur la manière dont les faits, à l’époque, ont été appréhendés par la police», selon les autorités.
C'est le procureur général Olivier Jornot qui se chargera du dossier. «D’entente avec la commandante de la police genevoise, les investigations policières confiées à trois policiers de l’inspection générale des services (IGS), tous issus de la police judiciaire et ayant rejoint l’IGS bien après les faits».