«Des rues de Bethléem à la plus haute instance du football à Zurich.» Le parcours de Honey Thaljieh force le respect. Mardi dernier, dans la banlieue zurichoise, l’ancienne internationale a partagé son histoire avec une vingtaine d’étudiants en journalisme venus à sa rencontre.
La Palestinienne raconte: «Toute ma vie, j’ai voulu jouer au football. J’ai dû défier la société, car seuls les garçons étaient autorisés à y jouer.» La trentenaire a grandi dans une zone de guerre, avec deux frères et deux sœurs. Seuls les premiers pouvaient se rendre sur le terrain et taper dans le ballon. La place des femmes est à la maison, lui disait-on alors.
Parcours emblématique
Un conservatisme dont elle ne s’est jamais souciée. «Je n’ai jamais arrêté de croire en moi, même quand je me disputais avec mon père», ajoute-t-elle. Au début des années 2000, elle cofonde son équipe nationale et en devient la première capitaine. Le championnat féminin voit le jour en 2011. «La Palestine existe en tant que nation du football», dit-elle fièrement. Aujourd’hui, des centaines de jeunes filles suivent ses traces et goûtent aux joies de son sport.
Honey Thaljieh, elle, a remisé ses crampons au placard. Les blessures ont eu raison de sa carrière professionnelle. Mais l’ancienne attaquante est restée dans le milieu. Depuis presque une décennie, au sein de l’équipe de communication de la FIFA, elle continue à promouvoir le football féminin. Mais pour l’ambassadrice, cela va au-delà du sport. «J’ai pris le football comme un outil, pour changer les perceptions, explique-t-elle. Je me vois comme la porteuse d’un message. Je défends des valeurs de diversité, d’équité et de lutte pour le droit des femmes, qui sont aussi très importantes pour la FIFA.»
Voilà pour la belle histoire, que l’ancienne dribbleuse raconte à merveille. On comprend l’intérêt de la FIFA à s’attacher les services d’une oratrice visiblement à l’aise dans cet exercice maintes fois répété.
Entre sport, politique et promotion
Mais quand viennent les questions plus critiques, son message se détourne et flirte avec la publicité. Des affaires qui ternissent l’image du football, comme la Coupe du monde masculine au Qatar? Elle répond que la préparation de l’événement «a servi de catalyseur à un changement social positif plus large dans le pays». Les hautes sphères du ballon rond sont opaques? Pas selon Honey Thaljieh. À l’entendre, la FIFA est devenue «transparente». La preuve: le vote de chaque fédération pour l’attribution des compétitions n’est plus tenu secret…
Alors, tour de passe-passe, elle remet son auditoire sur le droit chemin: «On a besoin des jeunes journalistes comme vous pour relater des histoires inspirantes et positives.» Comme la sienne, qui force l’admiration.
«Le changement prend du temps»
Mais l’injonction provoque un malaise. L’instance reine du football doit-elle désormais mettre en avant ses beaux récits pour cacher ses faux-pas? La question mérite d’être posée, mais ne trouvera pas de réponse dans le discours calculé et maîtrisé de cette représentante de la FIFA. L’ex-footballeuse reconnaît néanmoins que tout n’est pas parfait: «Le changement prend du temps, mais il est en marche. En Palestine ou ailleurs, il reste encore beaucoup à faire.»
Des problèmes qui pourraient bien passer au second plan prochainement avec les échéances de deux compétitions internationales pour le football féminin: l’Euro 2022 et la Coupe du Monde 2023. Des événements qui sont toujours l’occasion de raconter de jolies histoires, mais surtout de parler de sport et de beau jeu.
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
Les productions des étudiants de l'AJM avant la «finale» contre l'Italie:
- Une qualification pour le Mondial féminin couvre à peine les frais
- Pourquoi la Nati chasse-t-elle le (gazon) naturel?
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- Les Suissesses se font une place dans la cour des grandes
- La Suisse compte sur ses revenantes contre l'Italie
- La double vie des footballeuses de l'équipe de Suisse
- Nati féminine: en vingt ans, peu de changement
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
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