Pierluigi Tami a effectué un constat terrifiant: de toutes les nations qualifiées à l'Euro 2024, en attendant les trois dernières issues des barrages (Ukraine-Islande, Géorgie-Grèce et Galles-Pologne), la Suisse est celle qui a la moins bonne efficacité offensive et défensive. En clair, elle ne marque pas assez de buts par rapport au nombre d'occasions qu'elle se procure. Et elle en encaisse trop par rapport à ce même ratio.
«Nous ne pourrons pas tout changer en dix jours, à La Manga et lors des deux matches de préparation au Danemark et en Irlande, mais nous pouvons progresser. Nous avons besoin de trop d'occasions pour marquer, c'est un fait», détaille le directeur des équipes nationales, lequel sait bien, en outre, que la Nati aura moins de chances de se retrouver devant le but adverse en juin face à l'Allemagne, la Hongrie et l'Ecosse que lors de la campagne de qualifications.
Haris Seferovic n'a pas été remplacé
Cet été à l'Euro, il faudra être froid et clinique devant le but, ce que n'ont de lion pas été les Suisses ces derniers mois, bien au contraire. Même s'il a été (beaucoup trop) critiqué lorsqu'il portait le maillot rouge à croix blanche, Haris Seferovic n'a pas du tout été remplacé et la Suisse cherche la bonne formule en attaque, où Xherdan Shaqiri est objectivement sur la pente descendante (ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas capable d'actions d'éclat) et où Breel Embolo est convalescent. Derrière? De jeunes talents pleins de promesses et de potentiel, mais pas encore des cadors à très haut niveau: Zeki Amdouni, Noah Okafor, Dan Ndoye, Ruben Vargas... Autant de bons joueurs, mais qui ne soutiennent pas la comparaison avec les attaquants d'autres équipes nationales de niveau et de standing similaires comme la Norvège, la Suède ou le Danemark, pour ne citer que ces trois pays.
«Nous pouvons compter sur des jeunes joueurs très intéressants, mais nous avons montré que nous n’étions pas encore assez efficaces. Il y a eu un renouvellement en attaque, ce qui est normal, et nous allons faire des progrès. Nous sommes en processus d’apprentissage, nous devons avoir de la patience avec cette équipe», assure Pierluigi Tami, lequel est tout heureux, dans ce cadre, de voir arriver Giorgio Contini dans le staff de l'équipe de Suisse.
Comment améliorer concrètement l'efficacité offensive?
Celui-ci l'a affirmé cette semaine à La Manga: en plus de son rôle d'assistant, son mandat comprend également le développement des capacités de cette jeune attaque helvète. «Les jeunes attaquants, je les aurai dans le viseur», promet l'ancien bomber du FC Saint-Gall. Comment va-t-il faire, en deux rassemblements de dix jours pour améliorer leur adresse devant le but? «En leur montrant des images, en leur donnant de la confiance via des exercices simples. Il n'y a pas de recette magique. Même en club, ce n'est pas parce que tu travailles devant le but que tes attaquants vont automatiquement marquer... Regardez Zeki. A Bâle, il marquait un but toutes les deux occasions qu'il se procurait. C'est à lui de retrouver le flow. Nous, on ne peut que le soutenir, lui donner des impulsions, lui parler, l'aider. Il fait les courses qu'il doit faire, le reste viendra tout seul.»
Le constat est clair, pour Giorgio Contini comme pour tous les observateurs: la Suisse a du talent en attaque, de la capacité à attaquer la profondeur, de la vitesse, mais il manque «le buteur», ce «Knipser» capable de gagner un match à lui tout seul.
Murat Yakin, lui, assume complètement ce changement de génération. «Les jeunes ont leur chance, à eux de la saisir. D'expérience, je sais que les progrès se voient surtout après la deuxième année. Au début, il y a l'euphorie d'arriver dans l'équipe, la joie de jouer, l'enthousiasme de la découverte. Ensuite, ils doivent franchir un palier, assimiler les exigences du haut niveau et c'est là où nous en sommes. Je suis confiant», assure le sélectionneur, qui voit ces jeunes arriver à maturité.
Giorgio Contini est là pour ça, aussi
Et les joueurs eux-mêmes, qu'en pensent-ils? Si Haris Seferovic a dit à Blick qu'il était prêt à revenir donner un coup de main depuis Dubaï, son retour n'est pas d'actualité. Le présent et l'avenir appartiennent aux jeunes et ils savent qu'ils doivent se montrer plus efficaces. Dan Ndoye le confirme et voit d'un bon oeil l'arrivée de Giorgio Contini, sous les ordres duquel il a déjà travaillé au Lausanne-Sport. «J'ai déjà vu le changement ici à La Manga. Il communique beaucoup, il essaie de transmettre énormément. Pas seulement aux attaquants, d'ailleurs, mais à tout le groupe. On a envie d'apprendre et son arrivée est bénéfique pour l'équipe.»
Noah Okafor: «Bien sûr qu'on veut marquer plus»
Noah Okafor, qui a le potentiel pour être l'avant-centre du futur, mais n'a aujourd'hui clairement pas les épaules pour évoluer seul en pointe, est conscient d'avoir encore une marge de progression sur le plan personnel. «Devant, nous avons de la qualité et nous voulons nous améliorer encore. Nous sommes conscients de notre responsabilité et de notre rôle dans l'équipe. Et comme tous les attaquants, nous sommes dépendants aussi des ballons que nous recevons.» Est-il d'accord avec le constat concernant le manque d'efficacité de la Nati devant le but? «Oui. Bien sûr qu'on veut marquer plus. Et ce dès ce samedi au Danemark.»
La jeune attaque de l'équipe de Suisse a donc des buts, et des points, à marquer en vue de l'Euro. Par contre, si les prestations offensives sont indigentes tant à Copenhague qu'à Dublin, le grand gagnant de ce rassemblement printanier sera... un absent, à savoir Breel Embolo.