Giorgio Contini s'attendait au pire: devoir monter sur une table et chanter face au groupe, mais, pour l'heure, il n'a pas eu droit à ce bizutage à La Manga, le lieu de rassemblement ensoleillé (mais un peu venteux) de l'équipe de Suisse. «C'est vrai, il n'y a rien eu pour l'instant. Mais je me méfie, je pense que ça peut encore venir... Je n'ai même pas encore payé une tournée. Là aussi, je pense que je vais devoir passer à la caisse bientôt!», sourit le nouvel entraîneur assistant de l'équipe de Suisse, lequel éprouve une réelle fierté d'arborer le survêtement orné de ce drapeau rouge à croix blanche, ce qui lui a fait accepter le poste, d'ailleurs.
N'y a-t-il donc pas de protocole, comme en équipe de France où chaque nouveau sélectionné, quel que soit son âge et son statut doit (tenter de) chanter devant ses coéquipiers, lesquels en profitent pour filmer le malheureux et se moquer de sa prestation sur les réseaux sociaux? Giorgio Contini ne l'a donc pas encore expérimenté, mais il a déjà eu droit, comme les autres, à une présentation en règle du fonctionnement de la Nati.
Une présentation de chaque département
«Lorsque que quelqu'un de nouveau arrive, chaque département l'accueille, que ce soit pour lui expliquer le fonctionnement avec les médias ou en ce qui concerne la logistique. Et, bien sûr, il y le moment inoubliable pour un joueur, celui où il touche le maillot de l'équipe de Suisse», détaille Adrian Arnold, chef de la communication.
Dereck Kutesa et Vincent Sierro, qui avaient déjà joué en équipe de Suisse en juniors, mais jamais en A, ont donc eu droit à ce moment d'émotion lundi, avant leur premier entraînement à La Manga. Tout est fait pour que la légère incertitude qui entoure tout changement se dissipe rapidement avec une seule constante: que le joueur puisse donner la pleine mesure de ses qualités sur le terrain et évacuer le reste.
Chaque joueur doit pouvoir exprimer ses qualités
L'objectif: que chacun exprime ses qualités, celles pour lesquelles Murat Yakin l'a sélectionné. Dereck Kutesa est un joueur d'impact, qui aime provoquer balle au pied, tandis que Vincent Sierro aime donner le tempo et construire le jeu, avec sa grande capacité d'analyse et de lecture des situations: ils doivent avoir l'esprit libre, ne pas être timides, et jouer en sélection comme ils le font en club. Sinon, leur venue n'aura servi à rien.
«Bien sûr que j'arrive avec un grand respect pour ces joueurs qui ont écrit l'histoire du football suisse. J'ai beaucoup à apprendre d'un Granit Xhaka ou d'un Xherdan Shaqiri», explique ainsi Vincent Sierro, lequel a déjà montré beaucoup d'assurance lors des premiers entraînements à La Manga, signe qu'il n'a pas envie de se cacher ou d'attendre que les choses se fassent. C'est exactement cet esprit que demande le staff, afin que l'équipe de Suisse aille de l'avant.
Pierluigi Tami est l'un des garants de cette assimilation réussie, mais il assure que celle-ci se fait très naturellement. De par leur parcours en club ou en sélections juniors, les nouveaux venus connaissent d'ailleurs très bien plusieurs de leurs nouveaux coéquipiers.
Un groupe uni, qui se cultive
«Intégrer l'équipe de Suisse, c'est très facile. C'est même plus simple que ce que l'on pense. Vous savez, avant d'être des joueurs professionnels, ces joueurs forment un groupe uni. On y tient, on le cultive», explique le directeur des équipes nationales. Lundi soir a eu lieu le premier moment de partage en dehors du football. Dereck Kutesa et Vincent Sierro ont été officiellement présentés, tout comme Giorgio Contini et Petra Platteau-Waldmeier, nouvelle physiothérapeute de la Nati.
Petra Platteau-Waldmeier, une femme avec la Nati
«Nous l'avons choisie entre différents candidats et elle s'est démarquée par ses compétences. Je me réjouis d'accueillir Petra au sein de notre staff, qui était exclusivement masculin. Elle intègre notre équipe de physiothérapeutes ici à La Manga pour la première fois», explique Pierluigi Tami.
Reste une constante historique, à l'armée comme en équipe de Suisse: les tables par région linguistique au repas et ce quelles que soient les générations. Les francophones aiment se retrouver ensemble pour manger, même si quasiment tous les joueurs maîtrisent deux ou trois langues nationales, puisque tous les Romands, sans exceptions, ont joué dans un club alémanique au moins durant leur carrière. Mais à l'heure du repas, comme l'explique Pierluigi Tami, subsiste encore la «table des Welsches».
Oui, Genève fait partie de la Suisse!
Et avec ses six sélectionnés (Denis Zakaria, Becir Omeragic, Ulisses Garcia, Kevin Mbabu, Zeki Amdouni et Dereck Kutesa), le canton de Genève pourrait même faire table à part, mais Becir Omeragic assure que ce n'est pas le cas. «Non, non. On est une équipe, l'équipe de Suisse. On est fiers de représenter Genève, mais on ne raisonne pas ainsi», sourit le défenseur central de Montpellier.