Ils sont six à La Manga cette semaine (Ulisses Garcia, Kevin Mbabu, Becir Omeragic, Zeki Amdouni, Dereck Kutesa, Denis Zakaria), plus deux de piquet (Anthony Racioppi et Alexis Antunes)! C'est donc peu dire que Genève est bien représentée en équipe de Suisse pour ce stage, lequel sera ponctué de deux matches au Danemark samedi et en Irlande mardi.
«Nous avons tous des parcours différents, mais nous nous retrouvons ici en équipe de Suisse. C'est une immense fierté», souligne Dereck Kutesa, lequel a bien raison de dire que l'ascension de tous ces joueurs a été loin d'être linéaire. Denis Zakaria a toujours regardé vers le haut, par exemple, tandis qu'Ulisses Garcia et Kevin Mbabu ont connu des similitudes dans leur parcours, avec un départ très tôt à l'étranger, suivi d'un retour en Suisse pour rebondir et mieux repartir. Zeki Amdouni, lui, a été renvoyé dans les ligues amateurs, d'où il a gravi les échelons patiemment, de la 1re ligue à la Premier League.
Genève loin devant les autres cantons
Comment se portent les autres cantons? Vaud a un sélectionné (Dan Ndoye) et un joueur de piquet (Andi Zeqiri). Même configuration pour le Valais (Vincent Sierro et Steve Rouiller), tandis que Fribourg compte deux joueurs à La Manga (Yvon Mvogo et Michel Aebischer). Rien de comparable avec Genève, donc. Comment l'expliquer? Becir Omeragic se lance.
«Ce n'est pas nouveau que Servette possède une bonne formation. Alors oui, chacun a eu son parcours, ça fait partie d'une carrière. Je pense qu'une piste à creuser pour expliquer pourquoi nous sommes aussi nombreux, c'est que la formation à Genève est bonne depuis tout petit, pas seulement à l'adolescence», explique le défenseur central de Montpellier.
Tous ces Genevois ont un point commun: après avoir débuté dans leur canton, ils sont allés se perfectionner et grandir en Suisse alémanique, sans aucune exception. Un phénomène auquel on peut ajouter Kastriot Imeri, voire même Jérémy Guillemenot, même si son parcours, à lui aussi, n'a pas été linéaire. Cela s'explique bien sûr par la chute de Servette au coeur des années 2010, lorsque ces gamins faisaient décoller leur carrière, mais aussi par une certaine volonté d'aller connaître d'autres réalités afin d'être mieux armés. Mais aujourd'hui, potentiellement, un joueur de Servette peut réussir dans son club formateur, y jouer l'Europe et partir ensuite. Alexis Antunes, par exemple, pourrait bien connaître l'équipe de Suisse, puis s'en aller à l'étranger, le tout avant d'avoir signé à Young Boys ou Bâle, ce qui est nouveau.
«J'espère qu'il y en aura plein d'autres»
La sélection de Dereck Kutesa, en tout cas, est une excellente nouvelle pour le SFC et le football suisse: elle prouve qu'en jouant en grenat, il est possible d'être sélectionné en A, ce qui n'était pas du tout une évidence il y a encore douze mois. «Maintenant, j'espère qu'il y aura plein d'autres Genevois qui nous rejoindront», lance Becir Omeragic, appuyé par Dereck Kutesa lui-même. «Ma sélection, c'est une récompense pour moi, mais aussi pour Servette. Cela prouve qu'on peut y arriver et cela peut donner de la confiance à tout le monde.»
Au niveau de l'équipe nationale, si Genève arrive en force, la formation du FC Bâle reste toutefois à l'heure actuelle la référence. Outre Breel Embolo, blessé, le FCB a apporté à la Nati des joueurs comme Yann Sommer, Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri, Noah Okafor, Eray Cömert, voire même Fabian Schär, arrivé en 2021. La marge de progression des Genevois, et le prochain palier à franchir, est donc là: faire de ces promesses et de ces talents des titulaires et des cadres de la Nati. Seul Denis Zakaria et Zeki Amdouni sont aujourd'hui proches de ce statut. Il y a donc encore la possibilité de regarder vers le haut et, avec la mentalité et la confiance qui sont les leurs, il est clair qu'aucun de ces Genevois ne se sent arrivé et installé: ils en veulent plus.