Lorsqu'il était gamin, Dereck Kutesa appréciait un joueur de l'équipe de Suisse en particulier: Xherdan Shaqiri. «Je n'ai jamais joué contre lui. C'est la première fois que je le rencontre, ici à La Manga...», sourit le Genevois de 26 ans, lequel a disputé son tout premier entraînement avec le maillot de l'équipe de Suisse A ce mardi matin. «En tant que joueur offensif, je m'identifiais beaucoup à lui, je l'observais de près devant ma télévision. Donc c'est clair que c'est un peu spécial de me retrouver à côté de lui à l'entraînement aujourd'hui, ça fait un peu bizarre!»
Pour autant, Dereck Kutesa le sait bien: il ne se trouve pas en stage d'observation à La Manga, mais est là pour gagner sa place à l'Euro. Comment se comporter, dès lors, pour lui qui découvre cette équipe? Doit-il être à l'entraînement comme il est avec Servette: provocateur, dribbleur, insolent? Ou y a-t-il un certain code à respecter et du respect à montrer? «Bon, je connais déjà plusieurs joueurs, avec lesquels j'ai joué en club ou dans les sélections de jeunes. Monsieur Tami et le sélectionneur m'ont mis à l'aise, ils m'ont fait me sentir bien d'entrée», répond l'ailier, lequel entend bien mettre de la joie dans tout ce qu'il fait, sur et en dehors du terrain.
«J'aime mettre de la joie dans ma façon de jouer»
«C'est vrai que si vous demandez aux autres, ils vous diront que j'aime bien rigoler, sourire. Mais en vrai, je suis aussi un peu timide... Après, c'est sûr que comme Noah Okafor ou Ruben Vargas, pour ne citer que ces deux-là, j'aime mettre de la joie dans ma façon de jouer.» Cette même joie qui a cassé les reins des latéraux suisse et européens ces derniers mois, et qui a convaincu Murat Yakin de miser sur lui à trois mois de l'Euro.
«Cette sélection, c'est une récompense pour Servette, mais aussi pour moi, c'est vrai. J'ai envie de dire qu'elle fait du bien à tout le monde. Encore plus parce que je suis Genevois et que joue encore au club, ça rend les supporters encore plus fiers!», assure Dereck Kutesa, pour lequel cette sélection représente «vraiment, vraiment beaucoup».
International juniors sans interruption des M15 aux M21, il n'avait en effet jamais été appelé en A. La dernière marche est toujours la plus dure et elle a semblé trop haute pendant bien longtemps. «Je suis passé par différentes étapes... Quand j'étais gamin, je rêvais de l'équipe de Suisse. Puis, au fil des années et des sélections juniors, tu vois ce rêve s'approcher et tu te dis que c'est jouable, que tu peux en faire un objectif. Et puis, tu le vois s'éloigner au fil de ta carrière, puis se rapprocher, puis s'éloigner à nouveau...»
Revenir à Servette, le choix juste
Le choix de revenir à Servette, son club formateur, voilà deux ans, a donc été le meilleur qu'il ait effectué de toute sa vie puisque ce sont les Grenat qui, aujourd'hui, lui ouvrent les portes de l'équipe nationale. «Oui, on peut le dire comme ça. Quand on voit aujourd'hui comment ça se passe, ce qu'on vit depuis deux saisons, on peut dire que j'ai bien fait de revenir», confirme-t-il. Après sa formation au SFC, sa carrière l'a emmené à Bâle, Lucerne, Saint-Gall, Zulte-Waregem et Reims.
Le fait de jouer des matches européens de haut niveau a sans doute fini de convaincre Murat Yakin de lui donner sa chance en équipe de Suisse. «Oui, c'est probable. J'ai pu montrer que j'étais capable d'évaluer à un autre niveau que le championnat de Suisse.» A lui désormais de profiter de ces deux matches au Danemark samedi et en Irlande mardi, mais aussi et surtout au quotidien durant ce stage à La Manga, pour démontrer à tout le monde qu'il est prêt à aller arracher sa sélection pour l'Euro.