Ca n'est «pas passé si loin», Young Boys est tombé «avec les honneurs» face à Manchester City, le «deuxième miracle de Berne n'a pas eu lieu». Ce matin, mes confrères ont dû puiser dans un vocabulaire que ceux qui suivent le football suisse ont appris à détester.
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Bien sûr, personne ou presque ne demandait au champion de Suisse de battre la machine à gagner bâtie par la fortune du Cheikh Mansour, dirigée par le génie tactique de Guardiola et alignant Erling Haaland, le meilleur attaquant de pointe du monde. City, auteur du triplé Premier League-Champions League-FA Cup la saison dernière, joue dans une autre galaxie, et son vaisseau spatial n'était que de passage dans le ciel suisse. Et même s'il a connu quelques turbulences, il est reparti en ayant accompli la mission.
Après avoir perdu ses deux premiers matches à domicile, il apparaît quasi-certain qu'YB, grand dominateur de notre football depuis six ans, n'atteindra une nouvelle fois pas les huitièmes de finale de la Champions League. Le FC Bâle, dans ses années de règne, l'avait lui réussi trois fois dans le même laps de temps. Ses victimes au Parc Saint-Jacques: Manchester United en 2011 et 2017, Liverpool en 2014. Ces soirs-là, les Bâlois avaient gagné les cœurs des fans suisses de foot. Pas en frôlant l'exploit, mais en le réalisant.
Tout le monde s'accorde à saluer la gestion exemplaire du club bernois et le virage pris depuis que Christoph Spycher en avait pris la direction sportive en 2016. Depuis 2018, YB gagne, fournit des internationaux à l'équipe de Suisse, scoute, forme, vend comme doit le faire un club de pointe dans le petit championnat qui est le nôtre. Le tout avec à la barre des hommes qui savent ce que le mot héritage veut dire: Castella, Chapuisat, Von Bergen, Wicky. C'est pour cela qu'il se doit d'être une locomotive. Et aller, en Europe, plus loin que les autres.
Oui, YB a battu Manchester United en phase de groupes il y a deux ans, mais ça ne l'avait pas empêché de terminer dernier de son groupe. Le seul résultat probant réussi en Europe par les Bernois ces dernières années: éliminer, en 2021, le Bayer Leverkusen en seizièmes de finale de l'Europa League, lorsque les stades étaient vides et les émotions sous l'éteignoir... Loin des 60'000 spectateurs qui virent, au Wankdorf, leur club défier le Stade de Reims de Just Fontaine en demi-finales de la Coupe des Champions. En 1959.
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Depuis, Zurich, Grasshopper et Bâle ont atteint le dernier carré européen et presque fait oublier qu'YB a été le pionnier suisse sur la scène continentale. Demander au club bernois de renouer avec ce passé-là peut paraître exigeant, mais c'est ce type d'épopée que l'on doit viser lorsque l'on incarne le football suisse à l'étranger. Bâle en a été plus que digne ces dix dernières années. Au point que ça lui en est monté à la tête.
Souhaitons au club bernois de passer, ces prochaines années, par cette ivresse des sommets, qui amène certes son lot de dangers, mais fait aussi naître des vocations, des mentalités de vainqueur. S'il n'y parvient pas, YB court le risque d'incarner, pour la génération actuelle, ce football suisse qui «y était presque», mais qui finit par échouer.