«Il est considéré qu’un joueur a artificiellement augmenté la surface couverte par son corps lorsque la position de son bras ou de sa main n’est pas une conséquence du mouvement de son corps dans cette situation spécifique ou n’est pas justifiable par un tel mouvement. En ayant son bras ou sa main dans une telle position, le joueur prend le risque de toucher le ballon avec ces parties du corps et ainsi d’être sanctionné.»
Les chroniques de David Lemos
Parfois je me prends à imaginer des arbitres préposés à la VAR réciter à voix haute cette phrase dans leur box (non, ils ne sont pas dans un camion) lorsqu'un joueur frôle le ballon de la main dans sa surface et que, sur le terrain, leur collègue n'a pas bronché. Elle est si alambiquée que je la visualise placardée devant eux, ou griffonnée sur un «pougnon». Si subtile qu'il faut la plupart du temps trois angles de vue et cinq ralentis pour en arriver à une sentence qui, elle, ne connaît pas la nuance: penalty.
Combien de fois notre expérience d'amoureux de football a-t-elle déjà été gâchée par ce simulacre de justice «du terrain»? Les plus jeunes de nos directeurs de jeu ont déjà intégré que leurs compétences, leurs jugements d'une action en direct, ne pèsent rien face à la dextérité d'un monteur qui, quelques secondes plus tard, l'a recalibrée. En d'autres termes: tout mouvement de main touchant un ballon, lorsqu'il est rejoué dix fois de suite sous forme de gif peut, si on le décide, paraître artificiel.
Je ne suis pas naïf
L'effet déformant de la vidéo, j'en ai déjà parlé, et je le ferai à nouveau, mais il n'est nulle part aussi flagrant que sur ce type de situations. Je salue les arbitres et leurs collègues à la VAR qui ont le courage de laisser le jeu se poursuivre lorsque le contact main-ballon est clairement fortuit et surtout sans conséquence majeure sur une action, mais ils sont aujourd'hui trop nombreux à céder à la facilité : sanctionner. Si les défenseurs font tout pour éviter de toucher le ballon, ils ne peuvent pas s'attacher les mains derrière le dos. Les directeurs de jeu, eux, ont les leurs liées par le règlement et la technologie.
Je ne suis pas naïf. On ne reviendra pas en arrière sur l'utilisation de la vidéo, et encore moins sur ce genre de situations. En revanche, agir sur le règlement permettrait d'atténuer leur impact, aujourd'hui démesuré, sur le résultat d'un match. Pour cela, deux outils existent déjà dans le règlement de l'IFAB.
- les coups francs indirects
- la notion d'"occasion de but manifeste»
Il est temps d'y avoir recours pour aider les arbitres dans leur tâche. Oui, les défenseurs continueront de toucher le ballon de la main involontairement, puis seront victimes du ralenti. Pour cette raison, il est selon moi nécessaire, dans un deuxième temps, de juger de la dangerosité de l'action, comme on le fait déjà sur d'autres séquences, et d'accorder, dans certains cas, non pas un penalty, mais un coup franc indirect.
Si la règle sur les mains a si souvent évolué ces dernières années, c'est qu'elle ne donne pas satisfaction et qu'elle est considérée comme fondamentalement injuste, notamment dans la surface de réparation. Ajouter à la fois un deuxième critère et de jugement, et donc de sanction, permettrait de protéger non seulement les arbitres, mais aussi les joueurs et notre plaisir de regarder ce sport.