Si tout se passe normalement, il ne reste plus que trois matches à l'équipe de Suisse pour se qualifier pour l'EURO. Deux qualifiés par groupe, le calendrier, un règlement qui favorise les confrontations directes en cas d'égalité: tout pointe vers un déplacement à Tel Aviv décisif dans à peine plus d'un mois. Trois victoires dont une en Israël et la Suisse serait déjà assurée d'aller en Allemagne, le soir même où Granit Xhaka égalera le record de sélections d'Alain Geiger qui plus est.
Mais si tout se passait toujours normalement, cette équipe n'aurait pas concédé deux buts en fin de match face à une Roumanie qu'elle avait jusque-là maîtrisée. Murat Yakin aurait renoncé à faire entrer Fabian Schär juste après le 2-1. Un déplacement à Pristina n'aurait de quoi inquiéter ni le sélectionneur, ni son expérimenté capitaine.
Un match spécial contre le Kosovo
Or samedi, l'équipe de Suisse affrontera une équipe qui jouera sa dernière carte dans la course à la qualification. Le Kosovo vaut beaucoup mieux que ce qu'il a montré jusqu'à maintenant. Alain Giresse est parti et le nouveau sélectionneur Primoz Gliha ne pouvait rêver mieux que cette affiche pour relancer son équipe. Je n'ai pas besoin de rappeler ici son caractère symbolique. Même amical, le Suisse - Kosovo de l'année passée nous avait montré que Xhaka et Shaqiri peuvent, pour des raisons largement compréhensibles, être déstabilisés.
Le Granit Xhaka d'aujourd'hui a certes parcouru du chemin depuis mars 2022. Il vient de disputer la meilleure saison de sa carrière à Arsenal et est d'ores et déjà, à Leverkusen, le premier nom que Xabi Alonso couche sur sa composition d'équipe. Quant à Xherdan Shaqiri, depuis qu'il joue en MLS, un point d'interrogation précède chacune de ses venues en équipe nationale. En juin face à la Roumanie, il a certes galvaudé un ballon de 3-0, mais il a aussi touché au génie avec une passe décisive pour Amdouni qu'il est encore, avec Xhaka, le seul Suisse à pouvoir réaliser.
L'animation offensive est le secteur qui m'interpelle le plus avant les deux matches de cette semaine, et plus généralement à moyen terme. Zeki Amdouni et ses débuts électrisants sont bien sûr une grande source d'optimisme, mais il faut désormais qu'il puisse s'imposer à Burnley, une équipe qui va lutter contre la relégation en Premier League. Un test qui définira sa carrière et sur lequel Andi Zeqiri avait buté.
Les Suisses devront s'imposer
Qui d'autre que lui pour faire encore grandir cette équipe à laquelle il est réclamé un nouveau quart de finale, voire mieux? Embolo, à nouveau blessé, n'a plus rejoué en rouge et blanc depuis la Coupe du Monde. Il était pour Yakin l'attaquant de pointe numéro 1 avant l'avènement d'Amdouni. Avec Itten et Okafor, il y a embouteillage pour une seule place sur le terrain. Comme en équipe nationale, le nouveau joueur de Milan a deux joueurs devant lui, Giroud et Jovic. Je crains pour ses minutes de jeu.
Il faut souhaiter que Dan Ndoye, passé lui à Bologne cet été, vienne animer la concurrence sur les ailes, où il faudra bien un jour tourner la page Steffen (quand je dis ça, il inscrit un triplé dans la foulée en général) et où Vargas bénéficie trop facilement d'un statut de titulaire. A 25 ans, et pour sa cinquième saison à Augsburg, peut-il encore franchir un palier ? Cette année est sans doute celle qui nous amènera une réponse. Quant à Fabian Rieder, pas convoqué cette fois-ci, on suivra avec beaucoup d'attention son développement à Rennes.
Aucune de ces questions n'est aujourd'hui urgente. L'équipe de Suisse évolue sur une colonne vertébrale trop solide pour qu'on s'inquiète pour elle en cette fin d'année. Marquer à nouveau des buts face à Andorre, Israël et la Biélorussie ne sera pas un problème. Et avant cela, tout devrait bien se passer au Kosovo. Normalement.