C'est l'un de mes week-ends préférés de la saison. Dès ce soir et jusqu'à dimanche, c'est 32èmes de finale de la Coupe DE Suisse. Une parenthèse qui verra nos joueurs pro prendre les routes de campagne pour aller s'asseoir, bien serrés, dans des vestiaires de 1re, 2e, parfois 3e ligue, préparer un sac des valeurs, et sortir batailler contre des amateurs qui, ce jour-là, vivront leur meilleure vie. Il y aura quelques scores de tennis, 6-0, 6-1, ou même un 15-0 comme Saint-Gall l'année passée lors de son test à Rorschach-Goldach, quelques prolongations, des tirs aux buts et même, qui sait, une ou deux surprises.
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Aucune d'entre elles, c'est sûr, ne sera plus irrationnelle que ce qui se joue en ce moment sur la planète football, et qu'on peine à vraiment saisir. Benzema, Mané, Mahrez, Firmino, Henderson, Neymar: partis en Arabie Saoudite, des salaires en dizaines de millions de dollars, des primes correspondant aux nôtres de salaire (sur plusieurs années) pour chaque photo avec le bon hashtag.
Davantage de Gunzwil
Il a beau être difficile de réconcilier «notre» football avec ces informations, voilà que nos cerveaux intègrent petit à petit cette nouvelle réalité. On rationalise. «Si on te décuplait ton salaire, bien sûr que t'irais aussi.» Nos chaînes privées achètent les droits de la Saudi Pro League, elles suivent l'exemple du Portugal qui depuis le transfert de Cristiano Ronaldo en traitent l'actualité le plus normalement du monde. Les premières rumeurs arrivent de demandes de wild-cards pour les clubs saoudiens en Champions League.
Alors ce week-end, un peu moins de Al-Hilal, un peu plus de Gunzwil et de Haute-Gruyère, s'il vous plaît. Deux bénévoles qui gèrent la petite caisse en métal à l'entrée, le bon pour la saucisse à d'abord acheter au bar s'il vous plaît, ceux qui préfèrent regarder le match à l'ombre sous le toit de la buvette, l'odeur du perskindol, mon ancien pote d'école et ses jambes de poulet sur le terrain, trois douches dont deux qui fonctionnent dans le vestiaire visiteur, ça m'ira parfaitement.