Qui pense encore aux Jeux olympiques qui s’ouvriront à Paris, le 26 juillet, par une cérémonie sur la Seine supposée grandiose? Pas grand monde, à part sans doute le comité d’organisation, le CIO, les athlètes et les forces de l’ordre. La France qui s’apprête à voter ce dimanche pour le second tour des élections législatives a en effet réussi la prouesse de nous faire presque oublier l’événement majeur de cette année 2024 dans l’hexagone. Normal: le sport national tricolore n’est-il pas la politique?
Va, donc, pour ce moment d’amnésie sportive malgré les milliers de barricades métalliques dans Paris, et les échafaudages installés partout de la Place de la Concorde au Trocadéro. Mais un élément vaut dans les bureaux de vote comme dans les stades, si l’on veut que nos démocraties fonctionnent: le fair-play. Se résigner à voir les extrêmes monter en puissance, sans redire l’importance du respect, du débat et de la capacité à forger des compromis politiques dans l’intérêt général du pays, est la pire des attitudes.
Elle est celle que les puissances étrangères comme la Russie, résolue à déstabiliser nos libertés, souhaitent nous voir adopter. Car ne nous y trompons pas: plus les fractures se creusent dans nos parlements, et plus les invectives deviennent la règle, plus les électeurs sont renvoyés à leurs tristes passions.
La France est une cible parfaite
Les ingérences étrangères les plus fréquentes consistent à disloquer nos opinions publiques, à ridiculiser telle ou telle personnalité politique, à favoriser les dirigeants peu portés sur la résistance à l’autoritarisme. La France, par son histoire, son tempérament révolutionnaire et les convulsions qui l’agitent ces temps-ci, est une cible parfaite. Ce qui rend encore plus important le fait de garder son calme, et de ne pas jouer un troisième tour dans la rue, à coups de protestations voire d’émeutes, une fois que les urnes auront parlé.
La France politique est, depuis le 9 juin et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, lancée dans un sprint qui épuise tout le monde: la population à l’orée des vacances estivales, les médias, les candidats, le système et ses partenaires européens, très inquiets de voir le pays happé par une crise sans issue. Alors que Paris et plusieurs grandes villes sont parées des couleurs des JO et des anneaux symbolisant les valeurs sportives les plus vertueuses, la course légitime au pouvoir doit impérativement s’accompagner d’un fair-play olympique dès la sortie des isoloirs.