Donald Trump a déjà gagné son ticket pour la présidentielle 2024. Vous en doutez? Alors, prenez la peine de regarder quelques moments clefs du premier débat organisé mercredi 23 août à Milwaukee (Wisconsin) entre les huit candidats qui rêvent de le détrôner.
Et arrêtez-vous surtout sur ce moment clef qui dit tout: lorsque l’animateur de cette soirée télévisée très attendue demande s’ils soutiendront quand même Donald Trump au cas où celui-ci serait condamné par la justice, si les électeurs du «Grand Old Party» le désignent, tous lèvent la main. Sauf un et demi.
Retrouvez les extraits du débat de Milwaukee
Oui, un et demi! Le seul à ne rien faire est le gouverneur de l’Arkansas Asa Hutchinson. Et à ses côtés, l’ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie lève… le doigt pour éviter d’être trop visible. Tous les autres font acte d’allégeance. Même s’il devait être reconnu coupable par un tribunal, dans les quatre affaires qui lui valent d’être inculpé, Donald Trump sera leur chef dans la course à la Maison-Blanche.
Cette quasi-unanimité des mains levées s’est bien sûr accompagnée de visages défaits. Personne, parmi les candidats, n’a sauté de joie en criant son soutien à l’ancien président qui doit encore apparaître ce jeudi devant un tribunal d’Atlanta en Géorgie, où il est accusé d’avoir interféré dans le processus électoral lors de la présidentielle 2020. Les huit candidats à la primaire du parti Républicain rêvent tous d’une Amérique sans Donald Trump.
Mike Pence, l’ancien vice-président désormais détesté par son ex-patron qui le considère comme un traître, est sans doute celui que la mort politique de Trump arrangerait le plus. Seulement voilà: Trump est debout. Et rendu plus combatif que jamais par cette bataille politique.
Mercredi soir, son interview avec l’animateur Tucker Carlson, l’un de ses soutiens médiatiques indéfectibles, a réussi à faire oublier son absence à ce débat dont la principale victime apparaît être Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, de moins en moins considéré comme une possible alternative.
Trump sait qu’il a gagné
Donald Trump a déjà gagné. Il le sait. Et ses adversaires le savent. Son soutien électoral dans le pays est sans commune mesure avec le leur. Sa notoriété est mondiale. Son nom résonne comme une marque. Son énergie combative renvoie à chaque fois comme un miroir l’image des faiblesses physiques de l’actuel président Joe Biden.
Alors, pourquoi faire semblant? La réponse est simple. Trump fait peur aujourd’hui. Mais la roue peut encore tourner. L’homme, acculé le dos au mur par la justice, peut encore être trahi par les siens, en échange d’une immunité. Le fait que son ex-avocat Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York, se soit rendu à la justice de Géorgie pour être inculpé (avant d'être libéré) est peut-être le début d’un règlement de comptes.
Trump peut aussi rater son entrée en campagne, provoquer un scandale de trop, se mettre à dos une partie de l’électorat. Ce premier débat des primaires du parti Républicain n’était qu’une salle d’attente. Chacun sait que le patient Trump a la priorité. Problème: il est aussi le médecin et le pharmacien. Il a les arguments et les slogans. Il incarne, pour ses partisans, le remède anti-Biden.
Trump est donc omniprésent. Mais il est terriblement seul. Plus que jamais à la merci de son pire ennemi politique : lui-même.