Le premier débat républicain de la présidentielle américaine de 2024 a débuté mercredi à Milwaukee en l'absence du favori Donald Trump. Les quatre inculpations du milliardaire ont donné lieu aux échanges les plus acrimonieux, mais aussi à une séquence des plus étranges.
A la question de savoir si Donald Trump devrait se voir confier les clés de la Maison-Blanche, même s'il était condamné pénalement en justice, tous les candidats, sauf deux, ont levé la main, de façon plutôt hésitante. Même Ron DeSantis a manifesté son approbation, alors qu'il est le principal rival de l'ancien président. «Il est grand temps d'arrêter de normaliser son comportement», a au contraire déclaré Chris Christie, un des candidats les plus critiques de Donald Trump, mais qui a été vivement hué par le public.
«Chasse aux sorcières»
Le principal intéressé, Donald Trump, avait choisi de snober ce rendez-vous, organisé à Milwaukee dans le Wisconsin, en raison, selon lui, de sa très large avance dans les enquêtes d'opinion républicaines. Inculpé au pénal quatre fois en moins de six mois, l'ex-dirigeant écrase pour l'instant toute la concurrence dans la course à l'investiture républicaine.
Chaque rebondissement dans sa longue saga judiciaire lui rapporte des millions de dollars en dons, versés par des trumpistes convaincus que le septuagénaire est victime d'une «chasse aux sorcières».
Pour les rivaux de l'ex-magnat de l'immobilier, qui peinent à exister dans un univers politique et médiatique complètement centré autour des déboires judiciaires de l'ancien président, cette soirée était la chance de se distinguer à ne pas rater.
Certaines des piques les plus vives ont fusé quand la question de l'avortement a été abordée, un sujet politiquement miné pour les républicains, qui ont récemment enchaîné les revers sur cette question dans les urnes, notamment entre Nikki Haley, la seule femme à prétendre à l'investiture républicaine, et l'ancien vice-président Mike Pence, qui a «consacré sa vie à Jésus-Christ».
Donald Trump éclipse le débat avec sa propre interview
Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, ce sexagénaire a changé de ton à la suite de l'assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, un autre sujet vivement commenté à Milwaukee mercredi. Le réchauffement climatique, l'immigration et la guerre en Ukraine ont été brièvement évoqués, dans une ambiance parfois confuse.
Soucieux de rattraper l'ancien président dans les sondages, d'autres candidats relativement inconnus du grand public et prétendants possibles à un poste de vice-président ont cherché à avoir leur moment de gloire. «Laissez-moi répondre à la question que tout le monde se pose à la maison ce soir: qui est ce type maigre avec un drôle de nom de famille?», a lancé Vivek Ramaswamy, un entrepreneur qui a fait fortune dans les biotechnologies, suscitant des rires dans l'assemblée.
Mais l'équation était d'autant plus périlleuse que Donald Trump lui-même avait décidé d'assurer la contre-programmation. L'ancien président a donné une interview à Tucker Carlson, un ex-animateur-vedette de Fox News, diffusée sur le réseau social X (ex-Twitter) volontairement à la même heure que le débat.
Durant un échange d'environ 45 minutes, Donald Trump a couvert des sujets très variés et parfois inattendus, comme le décès en prison du financier déchu Jeffrey Epstein ou sa relation avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
L'ancien président américain en état d'arrestation jeudi
Le républicain a assuré que sa priorité, s'il revenait à la Maison-Blanche, serait de «fermer la frontière» avec le Mexique pour réduire l'immigration. Il a également multiplié les attaques contre l'actuel chef d'Etat Joe Biden, qualifié de «pire président de l'histoire de notre pays».
Illustration de la drôle de campagne dans laquelle l'ancienne star de la téléréalité est lancée, Donald Trump se rendra dès ce jeudi à Atlanta pour se présenter aux autorités de l'Etat américain de Géorgie, où il est accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020.
En pratique, Donald Trump sera placé formellement en état d'arrestation. Les autorités de cet Etat du sud-est du pays devraient ensuite prendre sa photographie d'identité judiciaire. Il ressortira ensuite libre, ayant versé une caution de 200'000 dollars.