«On a frôlé la catastrophe»
Un responsable de la sécurité du WEF accuse les organisateurs de négligence

Après que la militante des droits humains Masih Alinejad a été victime d'un malaise à Davos, une source interne au World Economic Forum fait des révélations: aucun responsable de la sécurité n'était présent dans le hall du congrès au moment de l'incident.
Publié: 21.01.2023 à 19:08 heures
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Dernière mise à jour: 21.01.2023 à 19:24 heures
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Jeudi, la militante irano-américaine des droits humains Masih Alinejad a prononcé un discours enflammé au WEF.
Photo: keystone-sda.ch
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Danny Schlumpf

Soudain, l'éminente oratrice bascule de sa chaise et s'effondre. Le public du World Economic Forum (WEF) assiste, impuissant, à la scène jusqu'à ce qu'un homme saute des gradins – un médecin, présent par hasard – pour secourir Masih Alinejad. Puis le rideau tombe. En coulisses, c'est l'agitation jusqu'à ce que la militante irano-américaine des droits humains soit enfin évacuée.

Cet incident, survenu jeudi après-midi, a fait grand bruit et soulève des questions autour de la sécurité du WEF de Davos.

Aucun agent de sécurité sur place

Où étaient les personnes en charge de la sécurité? Que se serait-il passé si le médecin avait assisté à une autre manifestation cet après-midi-là? Et si un événement plus important, comme un attentat, s'était produit et qu'une évacuation rapide du palais des congrès avait été nécessaire?

Un responsable de la sécurité du WEF a révélé les détails de l'incident. «Lorsque Masih Alinejad s'est effondrée, aucun d'entre nous n'était dans le hall des congrès», a expliqué l'agent à Blick. Il fait partie d'une équipe de 18 personnes chargée de la surveillance interne au WEF. Les professionnels en costume noir se tiennent aux entrées du forum et dans les salles de réunion. Leur tâche principale: alerter la centrale en cas de situation critique.

«C'est ce qui aurait dû se passer jeudi», explique le responsable, qui souhaite rester anonyme. «Mais aucun d'entre nous n'était là. Il n'y a pas eu de message à la centrale, qui aurait immédiatement fait appel à une ambulance. Et le chef de la sécurité n'était pas joignable.»

Personnel de sécurité réduit d'un tiers

Aucun agent de sécurité interne dans le hall du congrès, était-ce un oubli? Le responsable fait signe que non. «Nous n'avons de loin pas pu couvrir toutes les manifestations.» Pendant la pandémie, l'effectif de son équipe aurait été réduit d'un tiers. «Il n'a pas été reconstitué. Au WEF de cette année, nous avions donc beaucoup moins de personnel qu'avant la crise sanitaire, mais nettement plus de chefs de gouvernement présents.»

A cela s'ajoute un autre problème: «Notre équipe était composée de collaborateurs de longue date. Mais cette année, beaucoup d'entre eux n'ont pas été rappelés. A la place, des jeunes sans expérience ont été engagés.»

Lors du WEF, ils ont réalisé des tours de service quotidien qui ont duré jusqu'à 15 heures, explique le responsable. «La charge de travail est énorme. La fatigue augmente, la concentration diminue.» L'ambiance au sein de l'équipe aurait déjà souffert avant le début du WEF: «Dimanche dernier, les deux responsables de la centrale de sécurité ont démissionné avec fracas.»

«Plus de peur que de mal»

Pour le responsable, il est clair que «la sécurité du WEF n'était pas garantie. Cela aurait pu tourner à la catastrophe.» Selon lui, le Forum doit d'urgence renforcer son personnel de sécurité et revoir les procédures. «On a eu plus de peur que de mal jeudi. La prochaine fois, on aura peut-être moins de chance.»

Le WEF tente de rassurer. «La sécurité de tous nos participants, collaborateurs et contractants à la rencontre annuelle est notre priorité», a déclaré un porte-parole à Blick. «Comme chaque année, nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales, le gouvernement suisse et la police afin de garantir les plus hauts standards de sécurité pour tous les participants.» Cela comprend également les premiers secours et l'assistance médicale pendant la manifestation.

Le WEF refuse d'entrer dans les détails: «En principe, nous ne communiquons pas de données confidentielles telles que des informations sur les urgences médicales ou des indications sur les concepts de sécurité.»

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