Thomas Aeschi ne sera pas candidat au Conseil fédéral. Sept ans après avoir échoué face à Guy Parmelin, au grand dam de la direction de l'UDC, le Zougois a fait savoir mercredi qu'il ne briguerait pas le siège laissé vacant par le ministre des Finances, Ueli Maurer.
Le chef du groupe parlementaire UDC se sent bien à son poste. Il fait d'ailleurs partie de la commission du parti qui doit évaluer les candidatures en vue du 7 décembre. Alors que la section zurichoise vient de lancer Hans-Ueli Vogt dans la course, c'est l'occasion de lui poser quelques questions.
Thomas Aeschi, êtes-vous tombé des nues mercredi matin? Avec Hans-Ueli Vogt, voilà que l'UDC Zurich a tout d'un coup trouvé un candidat tout à fait valable pour le Conseil fédéral...
Il était important que Zurich, le plus grand canton du pays, présente un candidat. Cela nous permet d'être très bien dotés. Nous avons quatre candidats et une candidate issus de quatre sections cantonales au total. Tous disposent d'un solide bagage et d'une expérience des responsabilités.
Selon certains bruits, la candidature de Hans-Ueli Vogt a été annoncée par les Zurichois afin d'empêcher Albert Rösti de décrocher le siège. Est-ce vrai?
Je ne suis pas Zurichois, mais je n'accorde pas beaucoup de crédit à de telles rumeurs. L'UDC zurichoise a tout simplement présenté le meilleur candidat qui était disponible. On a bien vu, avec des refus comme ceux de la conseillère nationale Magdalena Martullo-Blocher ou de la conseillère d'Etat Natalie Rickli, qu'il ne faut pas seulement une volonté initiale, mais aussi un certain timing. Hans-Ueli Vogt est parfaitement qualifié. Au final, c'est le groupe parlementaire UDC qui décidera du ticket.
Justement: on entend dire dans les rangs de l'UDC que Hans-Ueli Vogt n'y jouit pas d'une très grande popularité. A-t-il vraiment une chance d'être sur le ticket?
Je ne peux rien dire à ce sujet, parce que je suis membre de la commission de sélection. Nous menons en ce moment des entretiens avec les cinq candidats. Le but est de vérifier qu'ils n'ont pas des «cadavres dans le placard». Mais, si vous voulez mon point de vue, tous les cinq ont de bonnes chances de figurer sur le ticket officiel.
Même Michèle Blöchliger, qui a menti sur sa double nationalité?
Encore une fois: la commission de sélection s'entretiendra avec chacun d'entre eux au cours des trois prochaines semaines. Nous examinerons cela aussi. Pour tout vous dire, je n'ai suivi cet épisode que de loin. Peut-être s'agissait-il simplement d'une déclaration maladroite devant les médias.
Mais, Monsieur Aeschi, du point de vue de l'UDC, une deuxième nationalité est de toute façon problématique, non?
Madame Blöchliger a annoncé qu'elle renonçait formellement à sa deuxième nationalité. Je m'en réjouis, car je pense qu'en tant que conseiller fédéral, on ne devrait avoir que la nationalité suisse. Dans le cas contraire, des questions se poseraient inévitablement sur le pays que l'on sert vraiment.
Si Michèle Blöchliger venait à ne pas passer l'examen de la commission de sélection, faudrait-il alors une autre femme sur le ticket?
La commission de sélection ne s'appelle pas commission de validation. Si nous devions arriver à la conclusion que nous ne sommes pas en mesure de faire une proposition équilibrée et convaincante au groupe, il serait de notre devoir d'approcher d'autres personnes. Mais pour l'instant, je n'en vois pas la nécessité.
La candidature de Hans-Ueli Vogt a-t-elle bouclé la boucle? Vous ne vous étiez pas exprimé jusqu'à présent sur votre propre candidature éventuelle...
Soyons clairs sur mon cas personnel: depuis 2017, j'ai le privilège de diriger le groupe UDC et, après deux réélections à l'unanimité, je me sens porté dans cette fonction. C'est une tâche importante, que je veux continuer à assumer. Cela signifie que je ne suis pas à disposition. Pour le cas général, maintenant, le délai d'inscription pour les sections court jusqu'à vendredi. Mais je serais surpris que d'autres candidats soient encore annoncés.
Que vise l'UDC: un ticket à deux ou à trois?
C'est le groupe parlementaire qui en décidera le 18 novembre. Le ticket à trois lors de la dernière vacance de l'UDC était particulier, car nous voulions présenter au Parlement des représentants des trois régions du pays. Cela n'arrivera pas cette fois-ci — il s'agit d'un siège alémanique. Mais nous discuterons certainement de la manière dont l'équilibre régional et les genres doivent se retrouver sur le ticket.
Qui est votre favori? En tant que Zougois, ce doit forcément être Heinz Tännler...
Bien sûr, je souhaiterais que la Suisse centrale soit — enfin! — à nouveau représentée au Conseil fédéral. D'autant plus que cette région entre dans la course avec deux directeurs des Finances et que des temps difficiles s'annoncent pour la Suisse avec les milliards de déficit prévus. Je salue donc les candidatures de Heinz Tännler et de Michèle Blöchliger.
Les Verts renoncent à une candidature, ne serait-ce que pour marquer le terrain. Cela vous surprend-il?
Non, c'est le contraire qui aurait été une grande surprise! Pour l'UDC, les choses sont claires: nous respectons la formule magique qui veut que deux sièges reviennent aux trois plus grands partis. Dont l'UDC. La décision des Verts, en ce sens, n'est que logique. Et juste.
Vous évoquez votre définition de la formule magique. Si l'on vous comprend bien, cela veut dire qu'en 2023, l'UDC privilégiera un 7e siège pour les Verts au détriment du Centre si les écologistes venaient à dépasser ce parti?
Nous nous en tiendrons à cette formule magique. Si le Centre continue de perdre des plumes et que les Verts progressent encore, nous examinerons cette question. Mais peut-être que le PS tombera lui aussi derrière le Centre... Attendons les élections!