Trente-six heures: jamais la carrière d'une candidate au Conseil fédéral n'aura été aussi courte. Un jour et demi après avoir officiellement annoncé briguer la succession d'Ueli Maurer, Michèle Blöchliger n'a plus aucune chance d'accéder au gouvernement.
La raison? La Nidwaldienne s'est fait l'autrice d'un mensonge embarrassant concernant sa double nationalité. Jusqu'à ces derniers mois, la directrice cantonale des Finances évoquait sa nationalité britannique sur son site internet. Soudain, la mention a disparu, parce que des voix influentes ne voient pas d'un bon oeil l'élection d'un conseiller fédéral représentant un autre pays.
Le président de l'UDC, Marco Chiesa, avait lui-même déposé une intervention parlementaire pour interdire aux doubles nationaux toute candidature au gouvernement. Si l'objet a échoué au Conseil national, il donne une idée de la position du parti à ce sujet.
Une conseillère fédérale qui ment? Impossible
Cette idée est complètement dépassée au XXIe siècle, même dans la très conservatrice Suisse centrale, que l'on appelle volontiers «primitive». Car une grande partie de la population a des racines étrangères, et que les Suisses ne verraient sans doute aucun problème à ce qu'une conseillère fédérale ait un passeport britannique.
En réalité, ce n'est pas ce document aux armoiries royales, qui plus est échu, qui rend Michèle Blöchliger inéligible, mais bien le mensonge de celle qui aspire à devenir la première conseillère fédérale de l'UDC. Ou plutôt aspirait — car celle qui ne rechigne pas à mentir sur la nationalité de sa mère et qui ne reconnaît le mensonge seulement une fois celui-ci découvert n'a rien à faire au Conseil fédéral.
Peu importe si elle se retrouve sur le ticket de l'UDC, il y a fort à parier que l'Assemblée fédérale ne lui donnera aucune chance.