Depuis un peu plus de 100 jours, Regula Rytz est présidente d'Helvetas, la plus grande organisation privée de développement de Suisse. L'ancienne conseillère nationale et présidente du parti des Verts lance maintenant un appel au public: la Suisse doit débloquer 100 millions de francs pour lutter contre la faim dans le monde - cela doublerait le budget actuel.
La situation mondiale se dégrade. Ce n'est pas une conversation de comptoir qui se termine ainsi, mais l'indice de développement humain de l'ONU. Selon ce rapport, la prospérité diminue dans neuf pays sur dix. En comparaison internationale, la Suisse fait excellente figure. Elle se classe en tête de l'indice de l'ONU et doit en conséquence assumer davantage de responsabilités dans le monde.
Quelque 800 millions de personnes ont faim
«800 millions de personnes souffrent chroniquement de la faim. Le Programme alimentaire mondial de l'ONU a besoin de toujours plus de moyens - en raison de la hausse des prix et des coûts de transport», explique Regula Rytz dans un entretien avec Blick. L'appel a été lancé lundi. Helvetas veut ainsi convaincre les gens en Suisse de s'engager en faveur du développement durable et de la justice globale en cette période de crise difficile - et de sensibiliser les milieux politiques et économiques à ces questions.
Déjà pendant la pandémie de Covid-19, la pauvreté et les inégalités ont augmenté dans le monde entier. En raison de la crise climatique, les sécheresses ou les inondations sont plus fréquentes; l'exemple le plus récent est celui des inondations au Pakistan, qui ont coûté la vie à plus de 1400 personnes. A cela s'ajoute la guerre en Ukraine.
Une crise mondiale
«Les conséquences se font sentir dans le monde entier, explique Regula Rytz. Les denrées alimentaires, les matières premières et l'énergie deviennent plus chères et aggravent encore les crises d'approvisionnement existantes. Les pays d'Afrique orientale et du Proche-Orient, qui dépendent du blé ukrainien, ont été littéralement pris de court par la hausse des prix.»
Toujours est-il que la présidente d'Helvetas ne s'attend pas à une diminution des dons privés. Selon elle, ce soutien aux plus pauvres de ce monde est fortement ancré dans la population suisse. Mais pour lutter résolument contre la faim, il faut davantage de fonds publics pour l'aide d'urgence et la coopération au développement, affirme Regula Rytz. «La Suisse peut faire beaucoup en promouvant l'agriculture adaptée au climat et la formation professionnelle», assure la Verte, convaincue. C'est le Parlement qui décidera si l'on en arrivera là. Il débattra en décembre du budget de la coopération au développement.