Des hauteurs de neige avec «des bas niveaux encore jamais observés», «le deuxième plus fort recul jamais enregistré» pour des glaciers, un enneigement «jamais aussi faible». Les superlatifs — vers le bas — sont nombreux dans l'annuaire hydrologique de la Suisse 2023. Un état des lieux sur le thème de l'eau en Suisse, édité par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
La situation concernant la neige et les glaciers est particulièrement préoccupante. La faute a un hiver 2022/2023 pauvre en neige, et, aussi, élevé en température.
«Faible enneigement»
Les offices fédéraux ne sont pas reconnus pour communiquer à l'aide d'analogies. Une fois n'est pas coutume, l'OFEV a comparé dans son annuaire hydrologique 2023 la situation des pistes de ski en station à «des serpentins de neige artificielle dans un paysage de montagne verdoyant».
La saison hivernale 2022/2023 a été marquée par un faible enneigement et des températures très douces. L'OFEV évoque des mesures «exceptionnelles». Les records depuis le traditionnel début des mesures sont presque tous battus: «Au-dessus de 1000 m, la hauteur moyenne de neige entre novembre et avril (ndlr: période hivernale) n’a jamais été aussi faible.»
Exemple concret: la commune d'Andermatt dans le canton d'Uri. De novembre à mai, sa station de mesure — située à 1440m d'altitude — a enregistré 281 centimètres de neige. Une année dite «normale», le village de montagne aurait dû en recevoir presque six mètres.
Les glaciers (re)tirent leur langue
Un manque d'enneigement et des températures en dessus de la norme. Pour les glaciers, une addition salée: «En 2023, les glaciers ont perdu 4 % de leur volume, soit le deuxième plus fort recul jamais enregistré, détaille l'OFEV. Au total, la Suisse a perdu 10% de son volume de glace en seulement deux années.»
Concrètement, le glacier de Gries dans le Valais ou celui du Basòdino — le plus grand du Tessin — ont perdu jusqu'à 3 mètres d'épaisseur. C'est encore plus que lors de la canicule de 2003.
Un constat dramatique, mais pas nouveau
«Les glaciers suisses fondent de plus en plus vite. L’accélération est dramatique, peut-on lire dans le bilan hydrologique. La Suisse a perdu autant de glace en deux ans qu’entre 1960 et 1990. Ces deux années extrêmes consécutives provoquent la désintégration des langues glaciaires et la disparition de nombreux petits glaciers.»
En 2022, l'annuaire hydrologique évoquait déjà «une année catastrophique pour les glaciers». Des glaciers qui fondent — une dramatique impression de rien de nouveau sous le soleil. 2025 pourrait bien être une étape charnière: Les Nations unies l'ont déclaré comme «Année internationale de la préservation des glaciers».