«Menace pour la démocratie»
Quel est cet effrayant «Project 2025», prévu autour de Donald Trump?

Supprimer le FBI, démanteler l'appareil gouvernemental – en bref: mettre à genoux la démocratie américaine. Ce qui semble aujourd'hui dystopique deviendrait une réalité de l'Amérique avec «Project 2025».
Publié: 25.01.2024 à 13:27 heures
1/2
Donald Trump est actuellement le grand favori des républicains en ce qui concerne les prochaines élections présidentielles.
Photo: AFP
Chiara Schlenz

En 2016, l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a été célébrée dans les milieux conservateurs et d'extrême droite américains. Enfin, pensait-on, un président américain qui correspond aux goûts ultraconservateurs. Il est cependant vite apparu que Donald Trump avait certes les bonnes idées – pour ses partisans – mais que lui et son gouvernement étaient sans cesse freinés par leurs propres services administratifs.

Ses partisans sont unanimes: cela ne doit plus jamais se reproduire. Sans plus attendre, le «Project 2025» a donc été lancé en 2022, sous la direction de Paul Dans, qui a géré les questions de personnel à la Maison-Blanche pour Trump pendant son mandat. Sous sa direction, un document d'environ 900 pages a vu le jour. Il y est décrit dans les moindres détails à quoi pourrait ressembler un deuxième mandat de l'ancien PDG. Blick a analysé ce fameux «Project 2025».

Quel est le but du projet?

Le plus grand objectif des initiateurs: préparer Trump le mieux possible à un second mandat. Selon Dans et ses coauteurs, cela signifie que tous les postes du gouvernement et des autorités devront être occupés à l'avenir par de vrais partisans de Trump. Une telle domination doit garantir que plus rien ne s'oppose aux idées de l'ancien magnat de l'immobilier.

Et s'il est effectivement élu en novembre et devient président des Etats-Unis en janvier 2025, il procédera directement à quelques changements: réduire les moyens du ministère américain de la Justice, dissoudre le FBI et la Sécurité intérieure et supprimer les ministères de l'Education et du Commerce.

Sur le site web de «Project 2025», les initiateurs soulignent: «Il ne suffit pas que les conservateurs gagnent les élections. Si nous voulons libérer le pays de l'emprise de la gauche radicale, il nous faut à la fois un nouveau programme de gouvernement et les bonnes personnes.»

Les initiateurs sont-ils des fous isolés?

Non, au contraire. Le think tank américain Heritage Foundation, qui est à l'origine du projet, existe depuis 1973 déjà et s'engage depuis toujours pour la réalisation des intérêts conservateurs dans la politique américaine. Le «Project 2025» est également soutenu par une multitude d'autres organisations, de politiciens américains et d'activistes d'extrême droite – certes moins sérieux, mais d'autant plus influents.

Parmi les initiateurs du projet, on retrouve notamment de l'ancien chef de cabinet de Trump, Mark Meadows, de l'ancien plus haut conseiller de Trump, Stephen Miller, et de l'influent activiste d'extrême droite Charlie Kirk, pour n'en citer que quelques-uns.

Trump est-il partie intégrante du projet?

On peut le supposer. Certes, les initiateurs ne cessent de souligner que ce n'est pas l'ancien homme d'affaires en soi qui les intéresse, mais le prochain président républicain en général. Mais Donald Trump, avec son flair pour le populisme, constitue une rampe de lancement parfaite pour les objectifs du projet. Et il ne s'opposera guère à des soutiens influents.

En outre, l'ancien président américain a déjà mis en œuvre certaines des mesures proposées par Heritage Foundation. Il s'agit entre autres du retrait de l'accord de Paris sur le climat et de l'introduction d'un budget militaire plus élevé. Une chose est donc claire: si Trump est réélu président des Etats-Unis en novembre 2024, il mettra en œuvre d'autres mesures proposées par le «Project 2025».

Le «Project 2025» est-il dangereux pour les Etats-Unis?

L'Heritage Foundation et son «Project 2025» veulent imposer leurs objectifs avec Trump. «Le coup d'État silencieux du projet constitue une menace dangereuse pour notre démocratie et propose une insurrection idéologique», estiment les analystes de l'université de Berkeley dans un rapport. Le projet est décrit comme autoritaire et antidémocratique.

L'historien américain Richard C. Hall analyse dans «The Oklahoman»: «Chapitre après chapitre, le projet offre un mode d'emploi pour la transformation de notre démocratie en une forme de gouvernement autoritaire. La meilleure façon de le décrire est de dire que c'est une insurrection de l'intérieur.»

Il reste toutefois à voir si l'Heritage Foundation et Trump parviendront à mettre leurs projets à exécution comme ils le prévoient.

Que signifie ce projet pour l'Europe?

Dans une interview récemment publiée par le «New York Times», le fondateur de Heritage Foundation, Kevin D. Roberts: «Nous pensons que la manière dont les paquets d'aide à l'Ukraine ont été ficelés est en fait une violation du principe de 'la paix par la force'». Cela signifie donc que si Trump est élu président et qu'il se consacre à l'exécution du «Project 2025», l'Ukraine peut dire adieu à toute aide militaire supplémentaire de la part des Etats-Unis.

Néanmoins, l'Heritage Foundation et son «Project 2025» trouvent également grâce aux yeux de certains chefs d'État européens. Ainsi, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a récemment participé à un événement organisé par Heritage. Autre exemple, la première ministre italienne Giorgia Meloni a déclaré: «Les États-Unis sont évidemment un point de référence pour nos alliances. Nos think tanks travaillent avec l'International Republican Institute et avec la Heritage Foundation – nous faisons des échanges culturels.»

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la