Là où il y a grabuge, il y a souvent les États-Unis. Mercredi, la Corée du Nord a tiré des missiles en Mer Jaune, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un répondant ainsi aux manœuvres en cours des forces navales de sud-coréennes, américaines et japonaises. Il a également rompu tout dialogue avec la Corée du Sud.
Kim Jong Un a qualifié son voisin du sud d'«ennemi numéro un» et a menacé de faire exploser une bombe nucléaire sous-marine afin d'inonder la péninsule du sud d'un tsunami radioactif. Ce n'est que la dernière escalade en date qui implique indirectement les États-Unis. L'oncle Sam pourrait bientôt être dépassé par les conflits de ses alliés.
Depuis les années 50, la situation entre les deux Corées n'a jamais été aussi explosive qu'aujourd'hui, affirment l'ex-analyste de la CIA Robert Carlin et le scientifique nucléaire américain Siegfried Hecker dans les médias américains. Les deux experts de la Corée du Nord en sont convaincus: Kim Jong Un prépare une guerre contre son voisin.
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D'un conflit à l'autre
Il s'agirait là d'une nouvelle guerre qui impliquerait les États-Unis en raison de leur soutien à leurs alliés. En l'occurrence, la Corée du Sud. Après la guerre en Ukraine qui dure déjà depuis deux ans et dans laquelle le gouvernement de Biden a injecté des milliards de dollars américains d'aide à l'armement, les bombardements sur Gaza ont suivi. Les Etats-Unis soutiennent Israël, mais craignent une escalade avec l'Iran.
Car la vague de colère grandit en mer Rouge. Dans le golfe d'Aden, les Houthis attaquent des cargos internationaux et réclament un cessez-le-feu à Gaza. Des actions qui suscitent une fois de plus une intervention des États-Unis. Aidés par les Britanniques, ils bombardent depuis plus d'une semaine les positions militaires des milices au Yémen.
Tout a changé depuis Trump
Et à Taiwan aussi, la nervosité est palpable. Le tout-puissant président chinois Xi Jinping flirte avec l'invasion de l'État insulaire. Taïwan vient d'élire à la présidence Lai Ching-te, du Parti démocrate-progressiste, un opposant déclaré à la Chine. Voilà qui pourrait provoquer Pékin. Une attaque de la Chine ferait également intervenir des soldats américains. Joe Biden a toujours souligné son soutien à Taïwan.
Mais le président américain peut-il tenir ses promesses? Dans quelle mesure les nombreux fronts affaiblissent-ils la stabilité des États-Unis? Pour l'expert en sécurité David Sirakov, le danger réside en premier lieu dans la polarisation de la politique intérieure. «Historiquement, depuis la guerre mondiale, il y avait un consensus entre les Républicains et les Démocrates en matière de politique étrangère. Ce consensus a connu une profonde déchirure avec l'élection de Donald Trump», explique le directeur de l'Académie atlantique de Kaiserslautern dans un entretien avec Blick.
Des accords multilatéraux en vigueur depuis des années ont été rompus d'un coup, des alliances militaires comme l'OTAN et leur financement ont été remis en question. L'attitude de Trump est désormais aussi celle du parti républicain.
Trump s'est rapproché de Poutine et Kim Jong Un, il a rendu l'impérialisme à nouveau présentable. Cela a entraîné une perte de confiance internationale et encouragé la Russie à attaquer l'Ukraine, explique David Sirakov. Joe Biden a certes un peu regagné la confiance des Américains, mais la perspective que Donald Trump soit réélu à la présidence des États-Unis crée une grande incertitude et une certaine perplexité.
«Les États-Unis ne peuvent pas plaire à tout le monde»
Les États-Unis ont 50 alliés dans le monde entier, avec lesquels des accords de sécurité ont également été conclus. Les Américains disposent d'environ 800 bases militaires en Europe, en Asie, en Afrique et en Océanie. Les coûts s'élèvent à plus de 150 milliards de dollars américains par an. Un argument des nationalistes trumpistes contre le rôle de gendarme mondial des États-Unis.
L'ancien directeur de l'International Institute for Strategic Studies-Asia, James Crabtree, compare la responsabilité mondiale des États-Unis à celle d'une grande banque. «Il va de soi que les États-Unis ne peuvent pas satisfaire tous leurs alliés en même temps», écrit l'expert dans le magazine «Foreign Policy». À l'instar d'une banque qui ne peut pas rembourser tous les dépôts en une seule fois. Il s'agit alors de garantir une certaine confiance afin d'éviter une tempête géopolitique.
Les États-Unis demandent à leurs alliés comme l'Europe, l'Australie et le Japon de faire davantage d'efforts pour contribuer à la dissuasion et à la sécurité collectives, poursuit James Crabtree. Ainsi, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, parle du développement d'une «grille de coopération qui se renforce d'elle-même». Le nouveau message des États-Unis: l'union fait la force – et dissuade ainsi ses adversaires.