Les ennemis et opposants politiques de Donald Trump ne souhaitent qu'une chose: voir l'ancien président des États-Unis derrière les barreaux. Mais encore plus, ils espèrent que son inéligibilité à la présidence sera prononcée. Mardi 23 janvier, la plus haute cour des États-Unis a décidé que les autorités texanes devaient démolir une clôture de barbelés de 40 kilomètres de long à la frontière avec le Mexique. Elles renversent ainsi une décision prise par le gouvernement républicain de l'État fédéral. La Cour suprême offre une victoire notable au président américain Joe Biden.
Cette décision qui pourrait paraître anodine, met toutefois en lumière une vérité inaudible jusqu'ici pour Donald Trump. Les neuf juges suprêmes devraient commencer à lui causer des soucis. Le fait que les barbelés doivent être retirés ne devrait pas trop déranger Trump. Au contraire: moins de clôture à la frontière signifie plus de migration. Et plus de migrants donne au candidat républicain plus d'arguments dans sa lutte contre le gouvernement jugé trop laxiste de Biden.
La menace cachée de Trump
Ce qui doit inquiéter Trump, c'est qu'une majorité de la Cour, pourtant conservatrice, a voté contre les barbelés et donc contre la préoccupation centrale des Républicains. Cela prouve que six juges sur neuf républicains ne suivent pas la ligne du parti, mais prennent leurs décisions en toute indépendance. Parmi les cinq juges qui ont voté contre les barbelés, il y avait également Amy Coney Barrett, l'une des trois personnes que Trump avait personnellement nommées à la Cour suprême pendant son mandat.
Ce même tribunal, dont la majorité conservatrice a jusqu'à présent considéré Trump comme une sorte d'assurance juridique personnelle, doit décider dans les semaines à venir si Trump est éligible à la présidence de cette année. Un tribunal du Colorado avait décidé que l'ancien président avait violé la Constitution en raison de son rôle dans la prise du Capitole le 6 janvier 2021 et qu'il ne pouvait donc plus exercer de fonction publique.
Trump a porté le jugement devant la Cour suprême avec le commentaire suivant: «Je me suis vraiment battu pour faire entrer trois personnes très, très bonnes. J'espère qu'ils seront justes.»
La Cour demande des comptes
Les opposants peuvent se réjouir du fait que d'anciens protégés de Trump rompent ouvertement avec la ligne républicaine. L'autorité suprême, étant indépendante, ne doit, en théorie, aucunement se laisser intimider ou impressionner. Les membres de la Cour l'ont déjà montré récemment en n'acceptant pas aux demandes spéciales de Trump dans le cadre de ses diverses accusations. Ainsi, il a dû divulguer sa déclaration d'impôts au Parlement et remettre des documents datant de son mandat à un comité parlementaire.
Pour Trump, cette situation est synonyme d'ennuis potentiels. La décision du tribunal devrait intervenir entre le 8 février, date à laquelle les deux parties présenteront leurs arguments devant les neuf juges, et le 5 mars, date à laquelle 15 États américains organiseront leurs élections primaires.
Plus personne ne peut l'arrêter?
Sur le plan politique, plus rien ni personne ne semble pouvoir arrêter Trump. Il devrait gagner facilement les élections primaires de cette semaine dans le New Hampshire. Mais la décision du tribunal pourrait le stopper brutalement dans son ascension.
Cela faisait longtemps que la Cour suprême n'avait pas joué un rôle aussi crucial dans la politique américaine. La dernière fois que les juges ont dû intervenir, c'était en 2000, lorsqu'ils ont tranché en faveur de George Bush, et non d'Al Gore, lors d'élections présidentielles extrêmement serrées. Si les neuf juges confirment la position du Colorado, Trump sera normalement interdit de candidature. Une telle décision pourrait augmenter massivement le risque de débordements.