L'élu socialiste Louis Dana dénonce
«Les cellules de l’Hôtel de police de Lausanne sont ignobles»

Des députés demandent au Conseil d'État de mettre fin aux conditions de détention illégales dans le canton de Vaud. Louis Dana, élu socialiste lausannois, s'en réjouit. Il martèle depuis plusieurs années que les cellules de l'Hôtel de police de la ville sont une honte.
Publié: 16.02.2022 à 16:53 heures
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Dernière mise à jour: 16.02.2022 à 21:32 heures
Le conseiller communal socialiste Louis Dana dépeignait déjà un triste tableau en 2019.
Photo: Keystone/D.R.
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Certaines personnes détenues dans le canton de Vaud peuvent uniquement se promener dans un espace de quelques mètres carrés, sous une sombre chape de béton. Elles ne voient pas la lumière du jour et sont enfermées dans des minuscules cellules rongées par l’humidité.

Un tableau inhumain que dépeignait il y a plusieurs années déjà Louis Dana, président de la commission de gestion du Conseil communal de Lausanne (législatif). Et c’est peu dire que le dernier rebondissement dans cette affaire, qui s’apparente à un véritable serpent de mer, le réjouit enfin.

Louis Dana, président de la commission de gestion du Conseil communal (législtatif) de Lausanne.
Photo: D.R.

Dans son dernier rapport, la Commission des visiteurs du Grand Conseil vaudois (CVGC) — qui a comme principal but de s’assurer que les conditions de détention soient conformes aux lois suisses et aux engagements internationaux — est revenue à la charge contre les conditions de détention illégales dans le canton. Une motion allant dans ce sens, signée par des députés de tous les partis, a même été déposée ce mardi.

Un traitement dégradant

«Les choses vont peut-être enfin bouger», lance à Blick l’élu socialiste lausannois, qui avait lui aussi dénoncé les cellules de la honte au sein de l’organe délibérant de la capitale vaudoise, en 2019. Et pour cause: les locaux jugés particulièrement problématiques sont ceux de la police cantonale à la Blécherette et ceux de la police municipale de la capitale vaudoise.

La situation peut paraître complètement surréaliste, elle est toutefois bien réelle. Depuis dix ans, des députés montent au front pour tenter de faire bouger les lignes. Sans véritable succès. Le problème qui persiste? Des détenus sont incarcérés dans des conditions déplorables. Tout le monde le sait, mais beaucoup semblent faire avec.

Voilà à quoi ressemble une de ces fameuses «zones carcérales» pointées du doigt, soit une cellule de fortune logée dans des locaux de police, destinée à la base aux détentions n’excédant pas 48 heures. «Moins de dix mètres carrés, aucune fenêtre ni air extérieur, des latrines et un mince matelas», décrit «24 heures».

En réalité, des personnes sont souvent détenues dans ces clapiers bien au-delà des deux jours prévus par la loi. Dans les locaux de la police cantonale à la Blécherette ainsi qu’à l’Hôtel de police de Lausanne, la durée médiane de détention s’étend jusqu’à dix jours, avec des séjours pouvant durer jusqu’à 29 jours dans les cas les plus graves, dénonce la CVGC.

Des «oubliettes» au cœur de Lausanne

Les conséquences sont terribles, selon Louis Dana. «Il faut véritablement se rendre compte que les boxes à détenus de l’Hôtel de police de Lausanne sont ignobles et inadaptables, tonne-t-il. Je les ai visités deux fois et j’ai été choqué par l’odeur de cave humide qui y règne, la vétusté générale des lieux et les conditions délétères de détention mais aussi de travail pour les policiers et autres intervenants que tout cela engendre.»

Il reprend: «Si on résume, les cellules de l’Hôtel de police sont comparables à des oubliettes. Et le Tribunal fédéral l’a dit: ces conditions de détention sont un traitement dégradant qui ne respecte pas la Convention européenne des droits de l’homme.»

Toujours d’après le socialiste, les motionnaires, qui demandent en substance au Conseil d’État d’agir au plus vite et sans attendre la construction de l’établissement pénitentiaire des Grands-Marais, ont totalement raison: «Il y a un problème de surpopulation carcérale dans le canton, c’est un fait. Mais on ne peut pas attendre qu’une nouvelle prison sorte de terre à Orbe, en 2026. Quatre ans, c’est beaucoup trop long.»

«Il faut tout essayer»

Louis Dana estime que la chaîne pénale — tout comme le politique — doit maintenant sérieusement empoigner le dossier: «Le Ministère public doit tenir compte de cette situation et trouver des solutions, comme proposer davantage d’aménagements de peine, pour moins enfermer.»

Est-ce vraiment aussi simple que cela? «Il faut tout essayer», rétorque l’élu du parti à la rose. Il enchaîne: «Certains minimiseront toujours, en disant que trente jours dans ces conditions, ce n’est pas si terrible que cela. Mais nous sommes quand même un des pays les plus riches du monde et les prisons sont un marqueur fondamental de l’avancée des droits humains dans les pays. Alors, humainement, quel traitement acceptons-nous d’infliger aux personnes détenues? Et quelle image acceptons-nous de donner?»

Le gouvernement assure qu'il agit

Dans sa réponse au rapport de la commission des visiteurs de prison du Grand Conseil, le Conseil d'Etat vaudois assure qu’il tente de remédier à la situation en améliorant les conditions de détention en zone carcérale (apport d’eau, promenade à l’air libre), détaille «24 heures».

Toujours selon nos confrères, le gouvernement affirme aussi chercher à limiter la pression sur les établissements pénitentiaires, «avec d’une part la construction de la prison des Grands Marais – horizon 2026 – et d’autre part le recours croissant aux sanctions alternatives, comme les travaux d’intérêt général ou la surveillance électronique».

Dans sa réponse au rapport de la commission des visiteurs de prison du Grand Conseil, le Conseil d'Etat vaudois assure qu’il tente de remédier à la situation en améliorant les conditions de détention en zone carcérale (apport d’eau, promenade à l’air libre), détaille «24 heures».

Toujours selon nos confrères, le gouvernement affirme aussi chercher à limiter la pression sur les établissements pénitentiaires, «avec d’une part la construction de la prison des Grands Marais – horizon 2026 – et d’autre part le recours croissant aux sanctions alternatives, comme les travaux d’intérêt général ou la surveillance électronique».

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