Dimanche les supporters de Servette ont endommagé l’un des sept cars postaux qui les emmenaient au stade de la Tuilière pour suivre la rencontre de leur équipe contre le Lausanne-Sport. La solution de déplacer les supporters de cette manière, Louis Dana l’avait proposée il y a deux ans aux autorités lausannoises: «Ça fonctionnait bien à Zurich.» Après avoir vu le résultat, le conseiller communal socialiste fait machine arrière.
Il remet tout d’abord en question le rôle des forces de l’ordre: «Les polices lausannoises et cantonales sont un peu coupables, même si elles ne sont pas aidées par l’immobilisme fédéral.» Ce qui étonne le plus Louis Dana, c’est l’inaction des policiers. «Pourquoi n’y a-t-il pas d’interpellation? Lorsque les manifestations concernent Extinction Rébellion ou la grève du climat, tout le monde est contrôlé. Ce qui entraîne souvent des arrestations et des jugements. Il y a un poids deux mesures et cette impunité chez les supporters est hallucinante.»
Deux visites à Zurich
Louis Dana connaît bien ce monde. Lui-même suiveur du Lausanne-Sport depuis plus de 20 ans, le conseiller communal lausannois avait lancé un postulat en 2018 afin d’interdire les cortèges de supporters entre la gare et la Pontaise, l’enceinte du LS à l’époque.
A l’époque, le socialiste voulait prendre exemple sur Zurich, où il avait assisté à deux matches. «Une fois avec la police zurichoise et l’autre avec les transports publics», précise-t-il au bout du fil. Dans la plus grande ville de Suisse, les supporters visiteurs arrivent par train spécial à Altstetten (une gare excentrée) avant de se rendre au stade en… bus. Une solution qui n’a pourtant pas l’air de fonctionner à Lausanne.
«Les trains pourraient déposer les supporters à Bussigny ou Prilly-Malley, pour éviter de bloquer la gare de Lausanne». Une solution imaginée avant les incidents de dimanche. Depuis, cela ne semble plus suffisant pour Louis Dana.
«Je trouverais cela injuste»
Fini de chercher un compromis: «Dans l’immédiat, la seule solution est l’interdiction des supporters visiteurs dans les stades», martèle-t-il. Une fin qui pourrait pourtant avoir un impact négatif sur les rencontres. «Bien sûr que ce serait triste car l’ambiance dans les stades fait partie du sport, même si le langage est parfois grossier et un peu bête.»
Louis Dana, qui compte rédiger une question écrite avec sa camarade Thanh-My Tran-Nhu au conseil communal concernant les événements de dimanche, en a ras-le-bol de ces incidents. «À un moment donné, ce n’est pas au Lausanne-Sport ou aux contribuables de payer. Je rappelle que les frais de sécurité sont en partie pris en charge par les pouvoirs publics.»
Au risque de pénaliser l’ensemble des fans à cause de quelques individus? «Je compte aller au match à Sion, prévoit l’élu socialiste. Si je devais être interdit de déplacement à cause d’une poignée de supporters, je trouverais cela dommage. Mais s’il faut en arriver là…»