Interrogé à la télévision
Migrants, écologie, pouvoir d'achat: Macron, plus volontariste que jamais

Le président français était interviewé dimanche 24 septembre à la télévision, dans la foulée des visites du Roi Charles III et du pape Francois. Au menu: un volontarisme sur tous les sujets, des migrants au pouvoir d'achat et aux voitures électriques
Publié: 24.09.2023 à 21:34 heures
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Dernière mise à jour: 25.09.2023 à 10:10 heures
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A Marseille, Emmanuel Macron a passé sa journée de samedi avec le Pape François. Il a meme assisté à la messe au Stade Vélodrome.
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il tient bon. Il ne lâche rien. Sauf sur le continent africain, où les généraux putschistes du Niger ont finalement obtenu du président français le rappel à Paris de son ambassadeur, et des troupes stationnées à Niamey. Leur retour interviendra, pour le diplomate cloitré dans son ambassade depuis le coup d'État, dans les prochaines heures. Et pour le millier de soldats déployés dans la capitale nigérienne, d'ici la fin de l'année.

Plus volontariste que jamais

C’est un Emmanuel Macron plus volontariste que jamais qui est intervenu dimanche 24 septembre à la télévision, dans la foulée des visites très suivies du roi Charles III et du pape François. Un mot, pour commencer, pour « féliciter les Français» et promettre que la réussite de ces deux visites augure bien des Jeux Olympiques d’Été 2024, dans trois cent jours. «On sera au rendez-vous de la bataille pour l’écologie, de la géopolitique, du rôle qui est le sien, de la réindustrialisation et du pouvoir d’achat» a conclu le Chef de l’Etat, sitôt après avoir reçu à Paris le monarque britannique et assisté à la messe à Marseille avec le Pape.

Volontarisme? Pas une fois durant cette vingtaine de minutes d’entretien télévisé, Emmanuel Macron n’a semblé douter de la pérennité de son mandat, promettant d’être l’ennemi de «toutes les violences, verbales ou dans la rue». La veille, samedi 23 septembre, les images d’une voiture de police pourchassée en plein Paris par des manifestants ont fait le tour du monde. Le locataire de l’Élysée ne les a pas commentées. Seule référence: la reconnaissance envers les 166 unités de police mobile déployées dans le pays durant le week-end, coupe du monde de rugby inclus. Le président n’est pas non plus revenu sur l’émotion suscitée par les affaires de harcèlement scolaire à répétition. C’est autour de trois sujets qu’il a choisi, ce dimanche, de dérouler son inventaire: migrants, pouvoir d’achat, écologie. Avant de confirmer que la France, en Afrique, poursuivra son engagement contre les djihadistes mais ne mènera pas d’opérations militaires et ne maintiendra pas de troupes dans les pays qui ne le souhaitent pas. Mali, Niger, Burkina Faso: après avoir redit le succès de l'opération Barkhane déclenchée il y a dix ans pour empécher la chute de Bamako, Emmanuel Macron a donc décidé de fermer la porte, en demeurant ouvert à des coopérations dans d’autres pays de la région.

Migrants, pouvoir d'achat

Sur les migrants? Le prochain projet de loi sur l’immigration est confirmé. Il devrait contenir la mesure de régularisation des clandestins actuellement employés dans les «métiers en tension», au risque d’une colère à droite. C’est toutefois sous l’angle européen que l’intervention présidentielle est la plus intéressante, après l’afflux de migrants à Lampedusa. Emmanuel Macron propose que des équipes européennes soient envoyées dans les pays de transit, comme la Tunisie, pour aider au contrôle des frontières. Il recommande aussi la révision à la baisse et le conditionnement des programmes de coopération et d’aide humanitaire avec les pays d’origine qui ne jouent pas le jeu des contrôles migratoires. Rendez-vous est pris pour le prochain sommet européen à Bruxelles à la fin du mois d’octobre.



Sur le pouvoir d’achat? La recette est là toujours la même. Le gouvernement continuera d’accompagner par des aides les plus bas revenus. Et pour le carburant, le mot d’ordre est celui du contrôle. Pas de revente à prix cassés exigée, puisque cela ne marche pas, mais prix coutant. Des contrôles des prix à la pompe et des marges réalisées par les raffineries seront mise en oeuvre. Pas question en revanche de baisser les taxes qui représentent environ 50% du prix d’un litre d’essence. Logique: le modèle social français ne peut pas se permettre une baisse de recettes.

Sur l’écologie? Le pari est industriel. Un million de véhicules électriques produits en France par an d’ici 2030. Quatre usines de batteries électriques en train d’être ouvertes dans le nord du pays. Un terme est né ce soir devant les caméras: «l’écologie à la française», capable de réconcilier les objectifs climatiques et la nécessité de sauvegarder les emplois et d’en créer de nouveaux.

Un Macron combatif

Sur tous ces thèmes, le président français s’est montré combatif. Idem sur l'Arménie à laquelle il a répété son soutien face à l'Azerbaïdjan, en se disant inquiet pour la souveraineté de ce pays menacé par son puissant voisin Azeri.

Retour à la case départ: le locataire de l'Élysée est, plus que jamais, le pilote dans l’avion France soumis à de fortes turbulences politiques liées à l’absence de majorité absolue au parlement, et à la montée des extrêmes. A moins d’un an des élections européennes de juin 2024 et de l’ouverture des Jeux Olympiques d’été, Emmanuel Macron s’est présenté devant les Français en patron. Rien de nouveau. Mais une façon de signifier à tous ses opposants, et à ceux qui rêvent dans son camp de le remplacer, qu’il tient bon la barre. Y compris lorsqu'il doit reculer devant les réalités, comme en Afrique. 

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