«Hyper important!»: le nouveau slogan d’Emmanuel Macron est presque trouvé. Il l’a en tout cas asséné au moins une dizaine de fois ce lundi 4 septembre, lors de son entretien de près de deux heures avec le youtubeur Hugo Travers, alias Hugo Décrypte.
Logique de voir ce président français de 45 ans s’exprimer sur la chaîne «Hugo Décrypte», forte de plus de deux millions d’abonnés. Lorsqu’il s’agit (d’essayer) de parler aux jeunes, le locataire de l’Élysée ne lésine sur aucun canal. On se souvient, en mai 2021, de son concours d’anecdotes en direct du palais présidentiel avec Mc Fly et Carlito.
L’intérêt de sa prestation, en cette journée de rentrée scolaire – avec 45 minutes de retard tout de même - était de savoir comment Emmanuel Macron s’expliquerait face à un interlocuteur supposé être le porte-parole d’une jeunesse inquiète, paupérisée et souvent en colère contre les bévues écologiques, économiques et sociales des générations précédentes. Ce président fort en thème, archétype du premier de la classe et du surdoué, saurait-il faire preuve d’empathie au-delà des chiffres et des statistiques supposées démontrer le bien-fondé de l’action de son gouvernement?
Or la réponse est non. Pas parce que ce président qui maîtrise parfaitement ses dossiers ignore les réalités. Il les connaît au contraire très bien, listant avec précision les données sur le nombre de psychologues, de psychiatres à l’écoute des étudiants, ou donnant le chiffre précis de candidats pas encore acceptés par des universités à quelques semaines de la rentrée dans l’enseignement supérieur.
Emmanuel Macron n’y peut rien: il parle aux jeunes comme aux autres. Il n’est pas fait pour dialoguer, mais pour être écouté. Et même Hugo Travers, logiquement impressionné, est tombé dans le piège élyséen: pas de questions provocantes, pas d’expression de colère ou d’énervement, malgré les épisodes de ces dernières semaines telles que les émeutes de banlieue, et malgré les problèmes sociaux inquiétants qui affectent la jeunesse française en 2023.
Comme un sésame
«Hyper important!». Avec ces deux mots sans cesse répétés, comme s’ils étaient un sésame» pour se faire comprendre des moins de trente ans, Emmanuel Macron a bien résumé sa posture: celle d’un professeur en charge d’une classe nommée France, dont il connaît l’indiscipline, mais qu’il croit (encore) pouvoir convaincre.
En bras de chemise, veste posée sur le dos de sa chaise, le Chef de l’État français a même promis le dialogue sur l’abaya, ce vêtement islamique porté par certaines jeunes femmes musulmanes, qu’il veut interdire à l’école, sur lequel le Conseil d’État doit statuer ce mardi 5 septembre. Dialoguer, alors que tout est déjà décidé, pensé, assumé.
Le professeur Emmanuel Macron ne veut, surtout pas, laisser la place au doute. Il connaît le pays. Il connaît les problèmes de la jeunesse. Il travaille à y répondre. Tout est pris en compte. Il donnait l’impression, lors de cet entretien, de se retrouver face à son meilleur élève nommé Hugo Travers. Les deux étaient parfaitement préparés au «grand oral». Pas de vagues. Pas de surprise. Normal. Ce qu’ils avaient à dire est «hyper important»!