Les insurgés «ont tout pris», a indiqué à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité sur place, précisant que les forces afghanes avaient battu en retraite «pour empêcher plus de dommages dans la ville» et se retiraient vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.
Les talibans avaient hissé leur drapeau au-dessus du siège de la police de Hérat en fin de journée, a rapporté un correspondant de l'AFP, précisant que les rebelles n'avaient rencontré aucune résistance.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, a indiqué sur Twitter que «l'ennemi a fui... Des dizaines de véhicules militaires, armes et munitions sont tombés dans les mains» des talibans.
Kaboul n'est plus très loin...
Hérat, située à 150 km de la frontière iranienne et capitale de la province du même nom, était déjà assiégée, avec de violents combats à ses abords.
Les insurgés ont pris le contrôle ces dernières semaines de la quasi-totalité du reste de la province, dont Islam Qala, le poste-frontière avec l'Iran, le plus important d'Afghanistan.
A lire aussi
Plus tôt dans la journée, le gouvernement a reconnu que Ghazni était tombée, mais assuré que des combats y étaient toujours en cours. «L'ennemi a pris le contrôle de Ghazni (...). Il y a des combats et de la résistance (de la part des forces de sécurité)», a affirmé Mirwais Stanikzai, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, dans un message WhatsApp aux médias.
Stanikzai a ensuite annoncé que le gouverneur de la province avait été arrêté par les forces de sécurité, après qu'une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, mais dont l'authenticité n'a pu être immédiatement vérifiée, l'a montré quittant Ghazni avec la bénédiction des talibans.
Ghazni est la capitale provinciale la plus proche de Kaboul conquise par les insurgés depuis qu'ils ont lancé leur offensive en mai, à la faveur du début du retrait des forces étrangères, qui doit être achevé d'ici la fin août.
Le gouvernement prêt à partager le pouvoir
Face à la dégradation de la situation militaire, Kaboul a proposé «aux talibans de partager le pouvoir en échange d'un arrêt de la violence dans le pays», a déclaré, sous couvert d'anonymat, un négociateur du gouvernement aux pourparlers de paix à Doha.
Le président afghan, Ashraf Ghani, avait toujours rejeté jusqu'ici les appels à la formation d'un gouvernement intérimaire non élu comprenant les talibans. Mais son revirement risque d'être bien tardif, les insurgés n'ayant montré aucun signe, depuis l'ouverture des négociations de paix en septembre 2020, qu'ils étaient prêts à un compromis.
A lire aussi
Ils y seront sans doute encore moins enclins après avoir avancé à un rythme effréné ces derniers jours. En une semaine, ils ont pris le contrôle de 10 des 34 capitales provinciales afghanes. Ils se rapprochent de la capitale à la fois par le nord et par le sud.
Ghazni est la plus importante prise des talibans jusqu'ici avec Kunduz, carrefour stratégique du nord-est, entre Kaboul et le Tadjikistan.
Cette ville est aussi un verrou important sur l'axe majeur reliant Kaboul à Kandahar, la deuxième plus grande ville afghane, au sud. Sa prise permet aux insurgés de couper les lignes de ravitaillement terrestres de l'armée vers le sud, et va encore accentuer la pression sur l'armée de l'Air afghane.
Crise humanitaire à Kaboul
Kandahar, capitale de la province du même nom, et Lashkar Gah, capitale du Helmand voisin, sont assiégées depuis des mois par les talibans. Mercredi, les talibans ont annoncé sur Twitter avoir pris la prison de Kandahar pour en libérer «des centaines de prisonniers».
Les combats dans tout le pays ont un fort impact sur la population civile. Au moins 183 civils ont été tués, dont des enfants, en un mois à Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz.
Nombre de civils ont afflué ces derniers jours à Kaboul, où une grave crise humanitaire menace. Ils tentent désormais de survivre dans des parcs ou sur des terrains vagues de la capitale, dans le dénuement le plus complet.
A lire aussi
(ATS)